Le château de Vascoeuil, lieu d’art et d’histoire dans le département de l’Eure, met en lumière les soixante ans de peinture de l’artiste figuratif et narratif, Gérard Guyomard. Jusqu’au 27 octobre, une centaine d’œuvres retrace le parcours de ce peintre du plaisir, du rire et de toutes les libertés…
L’œuvre du peintre Gérard Guyomard pourrait se résumer en quelques mots : « beaucoup de couleurs, beaucoup d’impertinence et un soupçon de malice ». En résumé : un langage pictural d’un artiste jovial animé par le plaisir de la vie.
Le Château de Vascœuil invite le public à se forger sa propre opinion lors d’un tête-à-tête délicatement délirant avec Gérard Guyomard, l’un des derniers maîtres de la peinture narrative et avec son univers de couleurs éclatantes et d’audace qui décline du pop art américain. Une centaine de créations exubérantes, d’acryliques sur toile, d’œuvres sur papier et de bois découpés, composent cette exposition. La palette vive et acidulée traverse toute une vie de peinture décomplexée, mêlant d’immenses tableaux à de minutieux découpages.
Gérard Guyomard réalise des estampes à l’aide d’outils numériques, ces nouvelles technologies qui permettent d’aller plus vite, avec une meilleure qualité d’image : en quelques clics, l’artiste a ainsi apporté les dernières retouches pour finaliser une création réalisée au préalable, un rendu qui serait impossible à réaliser au pinceau. Tous les codes de la figuration narrative sont retenus par l’artiste pour donner un ton résolument moderne à ses tableaux. Il agrémente sa toile d’un équilibre subtil où se mêlent les collages et les transpositions d’images à de vives couleurs, l’ensemble étant posé sur un fond particulièrement travaillé, qui donne des allures de peinture abstraite. Ces superpositions qui apportent relief et profondeur qualifient Gérard Guyomard de peintre additif. Ce dernier s’intéresse à toutes sortes de thématiques, car il aime raconter des histoires : la série des vacances ; celle de l’érotisme ; les personnages connus (Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg, David Bowie, etc) ; la série du rock ; de la plage ; des chiens ; la collection de l’autoroute ; le bois d’amour ; le baiser ; le spectacle…
Portrait
Gérard Guyomard est né en 1936 au Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis de parents morbihannais et ouvriers. Enfant, il a deux passions : le vélo et le dessin. Parce que ses parents n’ont pas les moyens de lui offrir une bicyclette, le jeune Gérard se tourne vers le dessin. Il apprend le métier de restaurateur de tableaux, qu’il exerce dès l’âge de 24 ans ; il restaure notamment des peintures de Philippe de Champaigne (1602-1674) et du peintre espagnol Diego Vélasquez (1599-1660). Grâce à cette profession, il découvre les musées, les galeries d’art et la pratique artistique !
Il commence une production personnelle en 1964 et s’inscrit dans le courant de la figuration narrative tout en gardant une certaine indépendance. Son passé de restaurateur lui donne les outils indispensables à la maîtrise de ces techniques particulières. Très vite, les superpositions deviennent son mode d’expression. En parfait autodidacte, il se laisse aller en toute liberté à la sensualité de la matière. Son expérience de dix ans en qualité de restaurateur de tableaux lui fait gagner en maîtrise et dextérité. En parallèle, Gérard Guyomard poursuit ses recherches esthétiques autour d’encres et de toiles au graphisme singulier, en apportant toujours une touche libertine. Les expositions se succèdent dans les années 60 !
Dans les années 70, la photo deviendra partie prenante de ses toiles : un jour en regardant l’entrée d’une bouche de métro à Paris, il est frappé par le passage éphémère des flots de voyageurs. La photo lui permet de capter ce mouvement et d’intégrer ces silhouettes fugitives à ses toiles, en les superposant. Ses toiles deviennent alors des entrelacs où se mêlent des images de la vie quotidienne, des graffitis ironiques et même des fantasmes érotiques : il ose, il essaye et il provoque, mais toujours avec humour !
Gérard Guyomard, avec ses 3 000 dessins et 1 500 tableaux est un homme libre qui refuse de se considérer comme un artiste et qui lui préfère la notion d’artisan pour s’identifier !
Un peu d’Histoire
Le château de Vascoeuil est un haut lieu normand qui remonte à plus de 1000 ans. La seigneurie de Vascoeuil appartenait en l’an 1080 à Gilbert de Vascœuil. A partir de 1842, et pendant plus de 20 ans, l’historien Jules Michelet (1798-1874) a vécu, pensé et écrit à Vascoeuil. Son cabinet de travail, où il a rédigé Histoire de France et Histoire de la Révolution française, a été restauré à l’identique au sommet de la tour.
Le château de Vascœuil abrite de nos jours un centre régional d’art et de culture, qui organise régulièrement des expositions depuis 1970, à l’initiative de son propriétaire de l’époque l’avocat François Papillard. D’importantes expositions temporaires d’artistes contemporains de renommée internationale y sont présentées.
Le parc paysager et le jardin à la française du château accueillent aussi une véritable galerie à ciel ouvert. Il réunit plus de cinquante sculptures de bronze, des marbres, des céramiques et des mosaïques d’artistes du XXe siècle. Certains sont signés Georges Braque (1882-1963) Jean Cocteau 1889-1963), Victor Vasarely (1906-1997) et Salvador Dali (1904-1989)
Jules Michelet disait de Vascoeuil que c’était un lieu unique, où l’art, l’histoire et la nature fusionnaient en parfaite harmonie…
INFOS PRATIQUES
Les oeuvres de Gérard Guyomard sont à découvrir château de Vascoeuil jusqu’au 27 octobre 2024.
8, rue Jules Michelet à Vascœuil (27)