Dans La vie domestique, Juliette n’était pas sûre de vouloir venir habiter dans cette banlieue résidentielle de la région parisienne. Les femmes ici ont toutes la quarantaine, des enfants à élever, des maisons à entretenir et des maris qui rentrent tard le soir. Elle est maintenant certaine de ne pas vouloir devenir comme elles. Aujourd’hui, Juliette attend une réponse pour un poste important dans une maison d’édition. Un film inspiré par le roman Arlington park de Rachel Cusk. Une réussite douce-amère.
La vie domestique est une balade onirique où le spectateur est bercé par des sentiments riches et variés. On s’amuse, on rit, on pleure. Il faut dire que l’histoire se déroule si naturellement qu’on y adhère spontanément, sans le moindre effort. Chacun pourrait être ces personnages, chacun a vécu ces situations et partagé ces émotions ; surtout, chacun a affronté des difficultés identiques à celles décrites. Isabelle Czajka (« L’année suivante », « D’amour et d’eau fraîche ») atteint dans sa création la justesse de la description du quotidien. Qui plus est, grâce à une mise en scène modeste, fluide et percutante (malgré quelques arythmies poussives), la réalisatrice offre aux spectateurs un contact avec cet environnement onirique qui baigne le réel quand nos yeux se dessillent. Y compris quand l’ambiance des situations se fait oppressante, plongée en enfer. Plongée magnifiquement servie par Emmanuelle Devos, ce qui n’est malheureusement pas le fait de l’ensemble des comédiens. Intelligence du propos, juste désignation du quotidien et dimension onirique du réel, voilà le supplément d’âme de la vie domestique.
La vie domestique
Date de sortie octobre 2013 (1h33min)
Réalisé par Isabelle Czajka
Avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier