Nouveau film de Danielle Arbid Peur de rien, Une jeunesse prête à tout bousculer

Le mois de février 2016, un peu triste, connaît avec la sortie du film de Danielle Arbid Peur de rien, comme un regain de chaleur, de bien-être et de réjouissante humanité. Une Libanaise à Paris…

 

Hymne à la jeunesse et à son inébranlable confiance dans ses propres possibilités, le film de Danielle Arbid Peur de rien met en scène l’arrivée à Paris d’une jeune Libanaise, tout aussi désireuse d’étudier que d’expérimenter tout ce qu’offre la Ville lumière. Synonyme de liberté, elle est également synonyme de risques inconnus. Que sait-on de Paris quand on a 17 ans et que l’on vient d’un pays où certes la culture française est appréciée, mais où les pesanteurs d’autres cultures sont bien présentes ?

Cela commence très fort film peur de rienpour Lina, interprétée par la débutante Manal Issa. Logée chez son oncle et sa tante, elle subit les avances libidineuses de celui-ci et fuit rapidement cette atmosphère délétère. À partir de cet instant, livrée à elle même, elle va savourer tous les aspects de la liberté et découvrir que tout n’est pas rose dans la France des années 90, lorsqu’on n’a pas le nom qu’il faut. Inévitable parenthèse, sommes-nous si sûrs que les choses aient vraiment changé ? C’est parfois douloureux, mais bien réel.

Que penser lorsque l’on est un étranger arrivant en France plein d’espoir de l’attitude terrible de certains fonctionnaires de l’immigration ? Il n’y a pas de mots pour exprimer la gêne que nous ressentons. Pas question de French bashing, mais quand même ! Quelle nécessité y a-t-il à être odieux avec des gens qui dominent mal le français et quelle joie peut-on ressentir à écarter leur angoisse et leur incompréhension par un simple « au suivant » notre héroïne semble pourtant recevoir les coups sans en tirer trop d’amertume. Tout au long du film elle subit des épreuves, mais ne semble pas vouloir s’attacher à cela. Son premier amant, un jeune trader lui montre un Paris luxueux et lui met des étoiles dans les yeux, cela ne l’empêchera pas de la « jeter » sans aucune douceur pour retrouver sa jeune et jolie femme. Le second, un brave type garçon de café rocker disparaît aux États-Unis, le troisième, interprété par un Vincent Lacoste égal à lui-même et sans grande surprise est quand même un peu plus sympathique.

peur de rienSympathique ! Oui, c’est le mot qui résume l’impression générale que produit ce film. La bande musicale d’une excellente qualité y est pour quelque chose, on fredonne aussi bien Étienne Daho que Charles Trenet, mais on est sérieusement rappelé à l’ordre par les vociférations musclées de Franck Blak, ex-leader des Pixies.

Même plaisir lorsqu’il s’agit de retrouver la voix rauque de la Rennaise Muriel Moreno chanteuse charismatique de Niagara. C’est un film largement autobiographique, même si Danielle Arbid s’en défend, c’est un peu son histoire que celle de Lina. Manal Issa est largement soutenue par toute une pléiade de jeunes comédiens enthousiastes, Paul Hamy, Clara Ponsot, Damien Chapelle, India Hair, Bastien Bouillon, le chanteur Orelsan, qui participent beaucoup à la fraîcheur de ce film…

Il serait pourtant injuste d’oublier un ovni de génie en la personne de Dominique Blanc, juste miraculeuse et qui nous donne envie de nous lancer dans d’interminables études universitaires, juste pour le plaisir de l’avoir comme professeure … Celui qui enseigne la littérature, en l’occurrence l’acteur Alain Libolt est digne des mêmes louanges : on est purement et simplement accrochés à leurs lèvres et à leur délicieux détachement.

Heureusement, le trajet de Lina connaîtra aussi de beaux moments, de belles amitiés, d’authentiques générosités, même les plus inattendues lorsqu’elle est aidée par un groupe de royalistes comptant des skinheads en son sein. Au fond, cette magnifique jeune fille a décidé de chanter son amour pour la France et rien ne pourra la rebuter. C’est peut-être pour cela que malgré une relative longueur (deux heures), ce film est plaisant et laisse une impression d’irrépressible optimisme.

Film de Danielle Arbid Peur de rien, Production Films Pelleas, 2 h

 

Sélection Festivals : Prix CCAS au festival de Bastia, Prix de la presse étrangère (Académie des Lumières) au festival du Film Francophone d’AlbiToronto IFF 2015, Namur FIFF 2015, Arte Mare Bastia 2015, Cinemed Montpellier 2015, Prix des Lumières de la presse étrangère Albi 2015, Dubaï IFF 2015, Festival de Cinéma Européen des Arcs 2015 : Prix d’interprétation féminine Manal Issa, Rendez-vous with French Cinema NY 2016.

Réalisatrice : Danielle Arbid
Scénario et dialogues : Danielle Arbid, en collaboration avec : Julie Peyr
Produit par : David Thion et Philippe Martin
Production exécutive Liban : Sabine Sidawi
Coproduit par : Nabil Akl
Chef Opérateur : Hélène Louvart ( A.F.C.)
Ingénieurs Son : Emmanuel Zouki et Jean Casanova
Ensemblière décoratrice : Charlotte de Cadeville
Chef monteuse : Mathilde Muyard
Directrices de casting : Tatiana Vialle et Aurélie Guichard
Assistante mise en scène : Marie Doller
Chef costumière : Claire Dubien
Directeur de production : Damien Saussol
Chef monteur son : Olivier Touche
Mixeur : Dominique Gaborieau

Lina : Manal Issa
Rafaël : Vincent Lacoste
Jean-Marc : Paul Hamy
Julien : Damien Chapelle
Mme Gagnebin : Dominique Blanc
Antonia : Clara Ponsot
Victoire : India Hair
Arnaud : Bastien Bouillon
M. Lemernier : Alain Libolt
L’oncle : Waleed Zuaiter
Frédérique : Mathilde Bisson
L’ami de Julien : Orelsan
La femme de l’Est : Elina Löwensohn
L’avocat : Philippe Résimont
Mère de Lina : Dima Al Joundi
La tante de Lina : Darina Al Joundi

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Danielle Arbid :

Peur de rien est avant tout un film sur la jeunesse parce que son
héroïne a 18 ans et qu’elle a instinctivement envie d’être libre. Lorsque l’on est jeune,
on est avant tout chamboulé par la découverte de soi. Et je voulais faire le film le plus
sincère possible sur l’immigration. Ce qui donne une jeune immigrée pleine de vie !
En général les films traitant de l’immigration montrent des protagonistes tournés
vers leur passé : Peur de rien regarde l’avenir. Comme cela a été mon cas en
arrivant ici. Ce sont souvent les autres qui ramènent les immigrés à leurs racines
et à leurs communautés… La problématique de Lina est de trouver des gens, une
famille d’adoption à travers des amis, des amants, un monde qui lui ressemble, ou
qui ressemble à un idéal. Alors elle cherche !

Née à Beyrouth le 26 avril 1970, Danielle Arbid s’installe à Paris à l’âge de 17 ans pour étudier la littérature et le journalisme. Elle réalise des films depuis 1997. Ses films courts et longs, fictions, essais vidéo ou documentaires ont été sélectionnés dans les plus grands festivals internationaux (Cannes, Locarno, Toronto, New York, Londres, Pusan …). Elle a été récompensée par le Léopard d’Or et le Léopard d’Argent vidéo au festival de Locarno, par le prix Albert Londres et le prix Europa de la Quinzaine des réalisateurs notamment. Son travail de réalisatrice a fait l’objet de quatre rétrospectives : Paris Cinéma, Bastia, Gijon (Espagne) en 2007 et La Rochelle en 2008. Elle a également joué dans les films de Thierry de Peretti (Les Apaches) et de Katell Quillévéré (Réparer les vivants). Elle expose en ce moment ses photos à la Galerie Cinéma d’Anne-Dominique Toussaint.

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Une production : Les Films Pelléas
En association avec : Quick motion
En coproduction avec : ORJOUANE PRODUCTIONS, JOUROR FILMS
Avec la participation du CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE du FONDS IMAGES DE LA DIVERSITÉ et de CINÉ +
Avec la participation de : LA RÉGION HAUTE-NORMANDIE
En association avec : INDÉFILMS 3, SOFITVCINÉ2
Avec le soutien de : COFINOVA 11 et CINÉMAGE 8 DÉVELOPPEMENT
Distribution France : Ad vitam
Ventes Internationales : Films Boutique

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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