Le mardi 5 mars 2025, des rassemblements de policiers ont eu lieu en France, notamment devant des commissariats de Rennes, Nanterre, Paris, Nice, Nancy, à l’appel des syndicats Alliance Police Nationale et Synergie. Les agents se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement face à la décision du parquet de Nanterre de requérir le renvoi aux assises pour « meurtre » du policier impliqué dans la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans qui conduisait sans permis et avait refusé de s’arrêter, en juin 2023.
La veille, le 4 mars 2025, le parquet de Nanterre a annoncé ses réquisitions : un procès devant la cour d’assises pour l’agent ayant tiré sur Nahel lors d’un contrôle routier. Ce dernier, qui conduisait sans permis, avait refusé d’obtempérer ; ce qui a conduit au tir mortel. L’affaire avait déclenché une vague d’émeutes et de débats enflammés sur les pratiques policières en France.
Cette décision judiciaire a provoqué une vague d’indignation au sein des forces de l’ordre, notamment parmi leurs représentants syndicaux, qui dénoncent une « criminalisation » de l’action policière. Alliance Police Nationale, syndicat majoritaire chez les gradés et gardiens de la paix, a ainsi organisé plusieurs rassemblements de soutien au policier concerné dans plusieurs villes de France, dont Rennes.
Les policiers présents à Rennes ont dénoncé une justice trop sévère à leur encontre. « Nous ne comprenons pas cette décision de renvoi devant les assises. Notre collègue a agi dans l’exercice de ses fonctions et aujourd’hui, il est traité comme un criminel », a déclaré un représentant syndical sur place. Quant à l’avocat Gilles-William Goldnadel, il explique que «c’est une décision juridiquement et moralement aberrante motivée par l’idéologie et la peur. Est-ce que vous pensez que les policiers censés défendre la sécurité publique, voudront à présent aller jusqu’au bout de leur travail?»
Ce sentiment de frustration et de colère se retrouve dans d’autres villes françaises où des manifestations similaires ont eu lieu. Pour Alliance Police Nationale, le message est clair : les policiers se sentent désavoués et stigmatisés par l’institution judiciaire, alors qu’ils estiment avoir agi pour protéger la population.
Cette affaire relance une fois de plus le débat sur l’usage de la force par la police et la responsabilité des agents dans des situations tendues. Les critiques contre la police dénoncent des abus et réclament une plus grande responsabilité des forces de l’ordre. À l’inverse, de nombreux syndicats policiers considèrent que leurs collègues sont insuffisamment soutenus et que les procédures judiciaires à leur encontre sont souvent politiques.
Le gouvernement, pris entre ces tensions, devra répondre à cette grogne croissante au sein de la police, tout en maintenant la confiance de la population dans la justice et les institutions. Pas facile…
1. Les arguments POUR le renvoi du policier aux assises (Justice et responsabilité)
Ceux qui soutiennent cette décision estiment que :
- La justice doit s’appliquer à tous : Le policier est un citoyen comme un autre et doit répondre de ses actes devant la justice lorsqu’il y a suspicion d’un usage disproportionné de la force.
- L’usage des armes doit être encadré : La police doit utiliser la force de manière proportionnée et dans un cadre strict. Or, selon certains, Nahel ne représentait pas une menace mortelle immédiate pour le policier.
- Une décision conforme aux principes démocratiques : Dans un État de droit, les forces de l’ordre doivent rendre des comptes, et c’est au tribunal de déterminer la culpabilité ou non du policier.
- Une nécessité pour éviter l’impunité : L’affaire Nahel s’inscrit dans un contexte plus large de dénonciation de violences policières. Certains estiment que le renvoi en cour d’assises est un signal fort contre les abus.
- Un besoin de transparence pour la société : Cette décision montre que la justice fonctionne indépendamment et qu’elle examine chaque cas de manière rigoureuse, évitant tout « deux poids, deux mesures ».
2. Les arguments CONTRE le renvoi du policier aux assises (Soutien aux forces de l’ordre)
Ceux qui s’opposent à cette décision avancent plusieurs points :
- Le policier a agi dans un contexte de stress intense : Il aurait pris une décision dans l’urgence face à une situation qu’il percevait comme dangereuse.
- Une justice qui ne comprend pas la réalité du terrain : Certains estiment que les policiers sont placés dans des conditions de travail très difficiles, où ils doivent réagir rapidement à des situations complexes.
- Un message démoralisant pour les forces de l’ordre : Certains policiers considèrent qu’ils sont insuffisamment soutenus par leur hiérarchie et la justice, ce qui pourrait les dissuader d’intervenir dans des situations dangereuses à l’avenir.
- Un procès influencé par des pressions médiatiques et politiques : Selon certains syndicats policiers, la médiatisation massive de l’affaire a pu pousser la justice à prendre une décision plus politique que judiciaire.
- Un risque de judiciarisation excessive de l’action policière : Si chaque tir est systématiquement remis en cause, cela pourrait créer un climat d’insécurité juridique pour les forces de l’ordre, freinant leur capacité d’intervention.