La remise des prix de la seconde édition de la Dynamo culturelle a eu lieu dans une petite salle du Café des Champs libres, le vendredi 8 juillet à 14h. L’occasion pour quelques acteurs de l’opération de faire le bilan d’un projet qui n’a pas encore totalement porté ses fruits.
L’idée ingénieuse de la Dynamo culturelle, portée par Rennes Métropole et la plateforme de financement participatif en ligne Proarti, est d’amener des porteurs de projets culturels (qui ne correspondent pas aux critères pour obtenir des subventions de la ville) à les présenter sur le site web. Les internautes peuvent par la suite les financer ou les recommander. Trois de ces quatre acteurs étaient présents lors de la remise des prix. La petite cérémonie n’ayant pas été annoncée publiquement, les internautes n’étaient pas présents. Ils sont pourtant les principaux mécènes des porteurs des projets culturels gagnants qui obtenaient ce vendredi un financement complémentaire de Rennes Métropole.
Le bilan de la saison 2016
La Dynamo culturelle s’est déroulée en deux sessions : du 1er février au 15 avril et du 16 avril au 30 juin. C’était la grande nouveauté de cette saison. En tout, treize porteurs de projets culturels ont participé, cinq lors de la première session, huit durant la seconde. Huit porteurs de projets ont atteint leur objectif de collecte. Globalement, 33 779 euros ont été récoltés de la part de 464 donateurs. En moyenne, les internautes ont fait un don de 75 euros et une entreprise a donné 7000 euros au collectif CLAPS. En ce sens, l’opération est un succès.
Rennes métropole a remis des prix en fonction d’un jeu de critères spécifiques. L’association Charivarue et son projet Giboulées ainsi que le collectif CLAPS pour le projet Le Local ont gagné 500 euros pour avoir finalisé les collectes le plus rapidement. Le groupe Monty Picon pour le projet Ze crazy Monty show et l’association Houraillis pour le projet Vacarme ont été récompensés de la somme de 1000 euros pour avoir remporté le plus de recommandations de la part des internautes. Enfin, l’association Les Arts Maniaques pour le projet La Balance a reçu 1000 euros pour avoir capté le plus de dons en provenance des habitants de Rennes Métropole.
Hervé Letort, vice président de Rennes Métropole, en charge de la culture et de la communication, ainsi que le représentant de proarti.fr, présents lors de la remise des prix, ont mis en exergue la diversité et l’innovation des projets proposés ; entre chant, danse, édition, exposition, théâtre et accueil de loisirs culturels, mais aussi la variété des profils des porteurs de projets : étudiants, associations créées pour l’opération ou compagnies professionnelles. De ce fait, Rennes Métropole a réussi son pari.
Une dynamique toujours en construction
Pourtant, tous les objectifs ne sont pas encore atteint. Un des buts visés était de faire participer et de fédérer les habitants de Rennes Métropole autour de projets culturels. Or, seulement 120 donateurs sont des habitants du territoire. La Dynamo culturelle est devenue, en quelque sorte, plus visible à l’extérieur de la collectivité. Par conséquent, un travail doit être fait pour donner plus de visibilité et amplifier la communication autour du projet. Les artistes sont d’accord : la communication autour de leur projet a été difficile auprès des habitants de la ville et ils ont dû utiliser leur propre réseau pour le financer. L’objectif de l’année prochaine sera d’obtenir plus de participations de la part des habitants.
De plus, le fait que cette saison ait été découpée en deux temps s’est fait ressentir dans la qualité de l’accompagnement de Rennes Métropole auprès des porteurs de projet. « On peut faire mieux » déclare Hervé Letort. Ce dernier prévoit l’année prochaine de revenir sur les modalités d’accompagnement du projet sur le modèle 2015 c’est-à-dire avec une seule session. En effet, les porteurs de projet expliquent que le temps de préparation et de promotion de leur projet n’est pas assez long, et qu’un travail doit être réalisé en amont, notamment auprès des entreprises. La Dynamo culturelle sera donc reconduite en 2017. Elle reviendra sûrement avec une sensibilisation aux projets en novembre-décembre et une collecte en mars-avril afin d’avoir six mois de préparation pour présenter les projets. Après seulement deux ans, la Dynamo culturelle est encore dans une phase expérimentale ainsi que de construction.
La plateforme Proarti doit aussi être sujette à quelques améliorations selon les artistes. Ils indiquent que l’ergonomie du site doit être retravaillée afin de simplifier la procédure pour les financements et les recommandations. De plus, l’anonymat des internautes doit être levé afin que les porteurs de projets puissent mieux communiquer et les remercier.
Malgré cela, la Dynamo culturelle donne des résultats probants. Pour certains, elle est enthousiasmante, pour d’autres elle est synonyme du désengagement de la ville dans la vie culturelle. On ne peut cependant nier l’implication et l’accompagnement de Rennes Métropole auprès des porteurs de projet. Le financement participatif sera-t-il une cause ou une conséquence de la baisse du budget à la culture ? Quoi qu’il en soit, si le crowdfunding n’est pas encore totalement rentré dans les mœurs, il semble bien qu’il devienne un mode alternatif, innovant et pragmatique pour la ville. Par ailleurs, Rennes n’est pas la seule à étudier ce mode de fonctionnement, Bordeaux et Proarti viennent de créer l’Amplificateur culturel, directement inspiré du projet de Rennes Métropole.
Pour découvrir les projets : Dynamo culturelle