Expo Georges Braque au Grand Palais, réinclusion de l’objet par une mémoire musicale

Les Galeries nationales présentent du 8 septembre 2013 au 6 janvier 2014 la plus grande rétrospective des œuvres de Georges Braque depuis 40 ans en France. Une mise en scène sobre et lumineuse de 200 toiles. Cette expo Georges Braque au Grand Palais met en exergue une dimension particulière du cubisme de Braque : son avant-gardisme cognitif. Plus précisément, sa réinclusion de la naturelle discrétion de l’objet dans une temporalité musicale.

georges braqueInventeur du cubisme et précurseur de l’art moderne, Braque (1882-1963) est toujours resté dans l’ombre de Picasso. L’exposition magistrale que lui consacre le Grand Palais va quelque peu réparer cette injustice. D’emblée, elle souligne l’étonnante modernité de la peinture de Braque. Sans doute le traitement que le peintre confère à la dimension mémorielle dans ses œuvres joue un rôle central. L’investissement phénoménologique qui est demandé au spectateur s’avère un siècle plus tard précurseur des développements cognitifs du XXe et XXIe siècles.

georges braqueDe fait, une émotion douce traverse tous les thèmes abordés par ses peintures, quels qu’en soient les volumes. La singularité du travail de Braque s’ancre dans les limites de l’espace et de ses enchevêtrements. La construction des objets de ses toiles est fragmentée et imbriquée. Les formes éclatent et les objets de désagrèges comme pour former un nouveau tout. Loin d’un mépris, c’est un hommage. Cette combinatoire optique aboutit à une relecture aimante de l’objet dans sa présentation naturelle classique.

georges braqueDès lors, la nature morte se révèle détournée au profit d’une nature mémorielle. Toutes les propositions de Braque – son sens aigu de la composition à travers ses présentations des cheminées, chaises, tables et autres objets de la maison – poursuivent un seul et même objectif : restituer la mémoire musicale de choses en apparence inanimées. Bergson et Husserl ne sont pas loin. Il est patent que la temporalité de l’objet pour Braque n’est jamais mieux restituée que par le recours à sa musicalité. La prédominance des instruments dans ses œuvres manifeste l’indice signifiant de cette perception.

georges braqueAudace, fulgurance, lyrisme sont comme soutenus en creux par une interrogation continue et intime que permet la rupture de la perspective : quelle est le temps de l’objet et quelle en est notre perception en tant que spectateur d’hier, d’aujourd’hui, voire de demain ?

Le résultat pour le spectateur sonne-t-il pour autant d’une manière un peu conceptuelle, désincarnée ? Ce qui expliquerait la relégation en seconde place dont il a souvent fait l’objet. À mon avis, cette peinture de l’inerte animé, de la temporalité musicale de Braque a été supplantée dans la perception des critiques passées par l’immense mélancolie qui baigne le face à face de l’artiste, du spectateur et de l’œuvre. Au final, dans la lignée conjuguée de Vermeer et de Rembrandt, Braque s’inscrit dans le sillage d’une volupté qui se fait de plus en plus rare. Une sublimation de la discrétion, tout simplement.

David Norgeot

georges braque

Georges Braque
18 Septembre 2013 – 06 Janvier 2014

Tous les jours de 10h à 20h, sauf le mardi
Nocturnes jusqu’à 22h du mercredi au samedi
Vacances de la Toussaint du 19 octobre au 2 novembre : Tous les jours de 10h à 22h, sauf le mardi
Vacances de Noël du 21 décembre au 4 janvier : Tous les jours de 9h à 22h, sauf le mardi
L’exposition participe à la Nuit Blanche le 5 octobre 2013 : entrée gratuite de 20h à minuit

Plein tarif : 12 €
Tarif réduit : 8 € (16-25 ans, demandeur d’emploi, famille nombreuse).
Tribu : 32 € (groupe de 4 payants composé d’au moins 2 jeunes de 16 à 25 ans).
Gratuit : Moins de 16 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.

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