Festival La Tête à l’Est de Rennes, émotion et swing oriental à l’Ouest

Les pieds à l’Ouest, mais la tête irrémédiablement à l’Est !

Alors que Rue des Livres fermait ses portes, La Tête à l’Est ouvrait les siennes en fanfare avec le Beigale Orkestra et la chaleur des rythmes et mélodies klezmer. La tête et surtout le cœur et les oreilles. C’est ce qui définit le mieux l’équipe enthousiaste et passionnée de l’association rennaise La Tête à l’Est, créée en 2009. Son objectif principal : faire connaître et apprécier les musiques de l’Europe de l’Est.

Tout au long de l’année, cet objectif est défendu par l’organisation mensuelle de bœufs vocaux qui se déroulent au bar La Quincaillerie générale (deuxième mercredi du mois) et musicaux au bar La Bascule (premier jeudi de chaque mois). Chacun est appelé à y participer, mais également, au sens propre à « entrer dans la danse ». Il y a aussi Les Dimanches à l’Est une fois par trimestre qui se déroulent à la cafétéria de la Ferme de la Harpe.

bandeau-kesajCette manière de faire est tout emplie de convivialité et permet en outre de renouer avec l’idée de la transmission directe et orale propre aux musiques traditionnelles. Avec, en plus, le joyeux mélange des musiques de pays divers et hauts en couleurs (Bulgarie, Macédoine, Roumanie, Tchéquie, etc.). Cette belle énergie qui se diffuse et se partage a fini par tisser des réseaux et des amitiés. Elle ne pouvait pas manquer de déboucher sur un projet plus vaste pour plus d’échanges, de partages et de participations. Ainsi le festival Tête à l’Est en est à sa troisième édition.

Malgré l’enthousiasme et l’énergie de ses adhérents et bénévoles, l’association a pris la sage décision de proposer cet ensemble de rendez-vous festifs une fois tous les deux ans. Et la sagesse paie puisque le programme de cette nouvelle édition est formidablement riche et dynamique. Elle offre en outre une nouveauté de taille : l’ouverture à des musiciens issus des pays de l’Europe de l’Est; et pas n’importe lesquels.

En effet, l’ensemble Kesaj Tchavé déborde le cadre des fanfares et des groupes musicaux puisque ce projet démarre en 2000 dans les bidonvilles roms de Kezmarok en Slovaquie, à l’initiative d’Ivan Akimov (musicien professionnel, qui sera présent lors de la soirée du 27 mars à la MJC Bréquigny) et d’Helena Akimova (éducatrice de rue). Le collectif créé se veut d’abord une plate-forme qui s’emploie à aider, à travers la musique et la danse, les jeunes Roms en difficulté. Aujourd’hui ce sont des spectacles réjouissants, colorés et magnétiques qui portent le mieux la belle réalité de ce projet. Pas étonnant que les virevoltants organisateurs aient eu à cœur de consacrer aux Kesaj Tchavé une semaine entière et de mettre au centre de leur venue des échanges et des travaux communs avec les enfants d’écoles rennaises ou encore de l’école de musique de Saint-Aubin d’Aubigné.

 Nul doute que vous trouverez de quoi vous réjouir les oreilles et vous réchauffer un peu le cœur et les pieds durant les semaines « à l’est » qui s’annonce. La programmation est riche, aérée et intelligemment construite. Voix basse ou stridente, mélodies crépitantes en cascade et rythmes trépidants à torrent. Un courant d’est arrive à l’Ouest. Il sera chaud et émouvant.  

Festival La Tête à l’Est, du 17 mars au 6 avril 2013 à Rennes

 

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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