À partir de janvier 2026, le visage de l’usine Stellantis de Rennes–La Janais sera celui de Guillaume Olivari.
Ingénieur, quadragénaire, passé par Sochaux, Poissy et Detroit, ce spécialiste des opérations industrielles incarne une nouvelle génération de dirigeants d’usine : obsédés par la qualité, nourris aux méthodes Lean, habitués aux environnements complexes et multiculturels… et très attentifs aux relations sociales.
Un ingénieur formé au terrain plus qu’aux salons
Avant d’être nommé à la tête du premier employeur privé de la métropole rennaise, Guillaume Olivari a construit, patiemment, un parcours de « factory man ». Après un début de carrière chez Novares, équipementier automobile où il est responsable assurance qualité projet, il rejoint le groupe PSA (devenu Stellantis) en 2011. Très vite, il plonge au cœur de ce qui fait l’ADN du constructeur : les lignes de montage.
À Sochaux, berceau historique de Peugeot, il enchaîne les postes à responsabilité : animateur du système qualité (audits, ISO 9001, définition des processus), responsable d’unité de production, puis manager de production en charge de plus de 150 opérateurs et agents de maîtrise. C’est là qu’il forge un premier socle : discipline opérationnelle, culture de la performance et connaissance très fine des flux industriels.
DS5, 3008, Grandland X, Poissy : un parcours par les modèles
Guillaume Olivari devient ensuite Production general manager de la DS5, sur une ligne d’assemblage optimisée, dimensionnée pour une soixantaine de véhicules par jour et soumise à des exigences de qualité très élevées. Une école idéale pour quelqu’un qui revendique, dans ses prises de parole professionnelles, l’obsession des « résultats de classe mondiale ».
Il prend ensuite la responsabilité de la fabrication des SUV Peugeot 3008 et Opel Grandland X. Deux modèles stratégiques, à forte valeur ajoutée, qui font partie des piliers du groupe sur le segment des SUV familiaux. À ce poste, il pilote des effectifs importants, des cadences élevées et des exigences accrues en matière de qualité perçue, de délai et de coûts. Un terrain d’apprentissage parfait pour qui devra, demain, orchestrer l’ensemble d’un site comme La Janais.
En 2021, il change d’usine, mais pas de métier ; direction Poissy, en région parisienne, où il devient General Assembly Shop Director. Là encore, il pilote l’atelier d’assemblage général, ce cœur battant où se concrétise tout l’amont industriel (emboutissage, peinture, logistique, supply chain).
Detroit, Warren Truck et la culture nord-américaine de la performance
En 2024, Guillaume Olivari franchit l’Atlantique. Stellantis lui confie la direction de l’atelier d’assemblage général du Warren Truck Assembly Plant, dans la région de Detroit (Michigan), où sont produits notamment le RAM 1500 et le Jeep Wagoneer. Un site emblématique, de taille considérable, au cœur d’un marché ultra-concurrentiel.
Dans ses fonctions, il met en avant plusieurs axes tels que les améliorations des indicateurs de qualité (DRR), progression de l’Overall Performance Efficiency (OPE), renforcement de la discipline de process et montée en puissance de pratiques managériales cohérentes et répétables. Il insiste aussi sur la construction d’une « culture de leadership fondée sur la confiance » et sur la qualité du dialogue avec les syndicats américains.
Cette expérience nord-américaine n’est pas anodine. Alors que Stellantis a changé de gouvernance en 2025, avec l’arrivée d’Antonio Filosa à la direction générale, le groupe promeut des profils capables de conjuguer rigueur industrielle européenne et culture de performance très marquée côté US. Rennes–La Janais s’inscrit désormais dans cette dynamique.
Un « senior operations leader » au profil Lean et data-driven
Sur les réseaux professionnels, Guillaume Olivari se décrit comme un Senior Operations & Manufacturing Leader, rompu à la fois aux méthodes Lean, aux systèmes qualité et au pilotage par les données. Son fil rouge : transformer des environnements de production complexes en s’appuyant sur des indicateurs robustes, des routines managériales claires et un fort travail en transversal.
Son credo tient en quelques mots : discipline opérationnelle, excellence qualité, travail d’équipe. Il insiste sur la capacité des équipes à progresser ensemble, sur la montée en compétence des managers de proximité et sur la nécessité de rendre visibles les progrès en matière de sécurité, de qualité, de livraison et de coûts. Un langage qui parle aussi bien aux ingénieurs qu’aux responsables syndicaux.
Un défi rennais : plus de 2 000 salariés, une usine en mutation
En prenant la tête de Rennes–La Janais, Guillaume Olivari va piloter une usine de plus de 2 000 salariés, site historique de l’automobile en Bretagne et tête de pont d’un vaste écosystème industriel régional. Le site produit notamment le SUV Citroën C5 Aircross et se prépare à accueillir de nouveaux modèles, dans un contexte de transition accélérée vers l’électrification, la réduction des émissions et l’optimisation énergétique des procédés.
Sa nomination intervient alors que l’usine vit une phase de transformation profonde : réorganisation des ateliers, diversification des activités industrielles autour du pôle de La Janais, attente forte des territoires en matière de réindustrialisation décarbonée, mais aussi interrogations sociales liées à certains choix de rationalisation.
Dans ce contexte, le profil d’un directeur qui revendique à la fois la rigueur des standards Lean, l’écoute des équipes et l’habitude de travailler avec des syndicats exigeants sera scruté de près par les salariés, les représentants du personnel, les élus et l’écosystème local.
Un relais entre Detroit, Sochaux, Poissy… et la Bretagne
Avec Guillaume Olivari, Rennes–La Janais accueille un dirigeant qui connaît intimement les usines françaises de Stellantis, mais qui a aussi passé le crash-test d’un grand site nord-américain. Une sorte de relais entre Sochaux, Poissy, Warren Truck et désormais la Bretagne.
À la clé, plusieurs enjeux majeurs : maintenir la compétitivité d’un site historique, sécuriser la qualité et la fiabilité des productions, accompagner les transformations technologiques (électrification, digitalisation des process, automatisation raisonnée) et préserver un climat social à la hauteur des ambitions industrielles affichées.
Pour la métropole rennaise comme pour la filière automobile du Grand Ouest, son arrivée marque un nouveau chapitre. Celui d’un « patron d’usine » qui devra conjuguer tableaux de bord et ancrage territorial, indicateurs de performance et attentes sociales, culture globale Stellantis et spécificités bretonnes. C’est à l’épreuve des prochains mois que se dessinera vraiment sa signature de dirigeant à La Janais.
