À Noël, la façade de la mairie de Rennes est illuminée de mille feux. Le spectacle est devenu un rituel. Alors que les illuminations de la société Spectaculaires présidée par Benoit Quéro sont toujours d’une excellente qualité technique, narrative et chromatique, cette année, elles en ont refroidi plus d’un… et pas seulement pour une question météo. Hélas, quand le politique s’en mêle… l’artistique trinque !
Samedi soir, du monde et encore du monde devant la mairie de Rennes pour le spectacle de sons et lumières. Il fallait être là pour assister à la nouvelle version du conte du Petit géant. Sous la pluie diluvienne, ce fut la douche froide pour beaucoup, que dis-je le bain…honni. Preuve en est, le peu d’empressement des Rennais à applaudir la prestation scénique.
Pourtant, rien à dire techniquement… Il y avait bien quelques effets spéciaux déjà vus : l’habillage coloré des colonnes de la mairie et la pendule tournant à la vitesse grand V. Mais pour le reste, les spectateurs ont trouvé tout simplement « extras » le tourbillon lumineux, les explosions de lettres et tutti quanti… Du grand Benoit Quéro, du grand Spectaculaires.
En revanche, que dire du conte en lui-même ? Navrant, tout simplement navrant. Il est difficilement compréhensible qu’en ces temps de Noël les concepteurs aient tenté de coller à l’actualité économique aussi triste soit-elle… Que diable, il faut un peu de joie, de bonheur pour nos chères têtes blondes. Mais voilà, le politique, autrement dit la municipalité rennaise qui est commanditaire, s’en est mêlée. Bien sûr, le client est roi… Alors le client dit ce qu’il veut dire et ce qu’il veut que les autres entendent. Et l’artiste se soumet, car il faut bien qu’il mange. On aurait toutefois aimé un peu plus de finesse dans les suggestions idéologiques suscitées par cette période préélectorale. Car quand on passe un message, on évite de l’inscrire en grosses lettres, même avec un triple A. On le fait de manière moins pataude, moins lourdaude. Et puis quoi, c’est Noël, c’est la trêve des confiseurs !
Nous ne sommes pas des chantres du Sarkozysme et de l’UMP, loin de là. Mais donnez aux personnages de ce conte les prénoms de Prince Jean (cf. Jean Sarkozy) et de Bernadette, c’est faire preuve d’un snobisme bien facile… et prendre les spectateurs et administrés de la Ville de Rennes pour des nigauds. La crise mérite un traitement beaucoup plus sérieux que des blagues vaguement potaches. C’est dommage. La commande de la mairie de Rennes aura complètement raté le Noël 2011 des Rennais… Alors qu’on espérait de la joie dans un concert de sons et de lumières, la municipalité vient de nous donner un triste exemple de communication politique d’Ancien Régime.
Jean-Christophe Collet et Nicolas Roberti