Vous connaissez sûrement l’INA, Institut National de l’Audiovisuel, et sa base de données. Mais saviez-vous qu’il existait six autres délégations réparties en France ? L’INA Atlantique est situé à Rennes, près de la Gare où se trouvent aussi les locaux de France 3 Bretagne et France Bleu Armorique. Christelle Molina, directrice de la délégation Atlantique, nous a raconté l’histoire de l’Ina. La rédaction vous a sélectionné quelques vidéos sur Rennes : une visite… ina-ttendue !
Les archives audiovisuelles, ce ne sont pas forcément les voix nasillardes des actualités Gaumont-Pathé. Ou la science capillaire des speakerines. On doit l’avouer, tout de même : comment ne pas être séduit par l’application en ligne sur le site ina.fr, qui permet de retrouver le journal télévisé de son jour de naissance ? Mais l’Institut National de l’Audiovisuel n’est pas non plus le Ministère du Folklore et de la Nostalgie : cet établissement public à caractère industriel et commercial est la mémoire de la télévision et de la radio française !
Quelques dates pour en retracer l’histoire (un, deux, trois, sur le ton d’un présentateur des années 40). 6 janvier 1975, création de l’INA, chargé de la gestion des archives de la radio et de la télévision. Le démantèlement de l’ORTF, l’Office de Radiodiffusion-Télévision Française, en décembre 1974, acte sa naissance et celle de TF1, FR3 ou encore Radio France. 1992, l’État demande à l’INA de collecter tous les fonds privés : à l’heure actuelle, cette collecte concerne 130 chaînes de télévision, 30 stations de radio et près de 13 000 sites web liés aux médias. 2015, lancement d’Ina Premium, à destination du grand public, un service SVOD (vidéo à la demande) : plus de 20 000 programmes en accès illimité pour un abonnement de 2,99 € par mois. De manière générale, le passage à l’internet a transformé les pratiques : le grand public accède à de nombreuses archives ainsi qu’à un contenu éditorialisé en fonction de l’actualité ou encore à des dossiers thématiques.
Si les locaux sont basés en région parisienne, à Bry-sur-Marne (94), il existe à l’heure actuelle 6 délégations régionales. Le mouvement commencé en 1977 par la délégation Nord épouse celui de la décentralisation. On compte aussi les délégations Est, Lyon, Méditerranée, Pyrénées et… Atlantique. Celle-ci, créée en 1997, est en charge de la collecte et de la valorisation des fonds audiovisuels de Bretagne, du Limousin, des Pays de Loire et du Poitou-Charentes. À Rennes, les locaux se tiennent boulevard Magenta, en face des Champs Libres, dans l’arrière-cour du Novotel.
Les missions de l’Ina concernent certes la collecte et l’indexation des archives. « Il y a des gens à l’Ina qui passent leur temps à regarder la télévision ou écouter la radio pour documenter les fonds » nous explique Christelle Molina. Mais l’éducation à l’image reste primordiale : une vidéo, par exemple, doit être datée, située et contextualisée. De même, les fonds doivent être valorisés : non seulement les salariés de l’Ina doivent opérer un tri, mais ils doivent aussi inventorier le fond, le segmenter. Pour un journal télévisé, par exemple : si l’archive recherchée n’apparaît qu’à la treizième minute, il convient de le préciser. Pour ce faire, de nombreux outils sont utilisés. Notamment pour reconnaître telle ou telle personnalité, grâce à une sorte de « shazam de l’image ». La mission, nous dit Christelle Molina, est « d’ordre culturel et pédagogique ». Bien entendu, l’Ina sauvegarde et valorise un patrimoine. Mais il s’occupe également de formations initiales et continues pour les métiers de l’image et du son.
Tout le fonds n’est pas accessible au grand public. Une grande partie s’adresse aux professionnels : chercheurs, étudiants, documentalistes, professeurs, producteurs, etc. L’utilisation implique la commercialisation des archives et la cession de droits d’exploitation. L’Ina est certes un établissement public, mais à caractère industriel et commercial. L’institut intervient auprès des collectivités, par exemple la région Bretagne, mais aussi auprès d’entreprises. D’ailleurs, l’Ina se finance à 70 % par les subventions et à 30 % par les recettes commerciales.
La délégation Atlantique se veut « un relais de croissance ». Elle s’occupe principalement de collecter les fonds de France 3 Régions (8 bureaux dans la zone géographique) et France Bleu (10 bureaux). Elle compte 900 000 documents télé et radio représentant 70 000 heures et 3 000 heures d’émission en langue régionale. Mais son travail ne s’arrête pas là ! Actuellement, la délégation basée à Rennes compte 4 collaborateurs (plus 3 salariés prestataire). Christelle Molina, la coordinatrice, fait le lien avec Paris et développe l’Ina sur le territoire :
C’est un travail de longue haleine, mais extraordinaire : il me permet, moi, d’aller ensuite sur le terrain, d’aller voir une entreprise, d’aller voir Rennes Métropole ou l’Agence d’Urbanisme de Nantes et de leur dire, par exemple : sur les fonds d’aménagement du territoire, d’urbanisme, j’ai tels et tels fonds, j’ai un peu près 11 000 archives qui portent sur ce sujet-là. Soit je vais répondre à un besoin, soit je vais, en proposant des fonds, leur donner envie de les utiliser à des fins de communication, de citoyenneté. C’est la valorisation.
Le responsable technique s’occupe de classer cette collecte dans les quelque 300 m2 d’archives disponibles dans les sous-sols. Comme on l’a vu pour le documentaire réalisé dans le cadre de Gouverner aux Champs Libres, le technicien peut aussi réaliser, par exemple, le montage d’une vidéo. Chacun est polyvalent. Le responsable documentaire gère entre autres la présélection : il combine une grande connaissance du fonds et une maîtrise des outils pour mener une expertise. L’assistante de la délégation assure à la fois une mission d’accueil, administrative et commerciale.
N’oublions pas non plus la passion, la même peut-être que celle d’un archéologue : certaines archives sont tout simplement des pépites ! Pensons à ce reportage de 1996 sur la vie nocturne rennaise. Le site ina.fr réserve de bonnes surprises : des séries cultes, des concerts d’anthologie, des moments de télévision. Et des créations web. De quelle année datent ces vidéos ? Voilà ce que propose par exemple le télé top chrono. Coup de vieux assuré ! L’Ina Atlantique a d’ailleurs mis en ligne une fresque interactive appelée L’ouest en mémoire. Des grands projets verront bientôt le jour : des objets multimédias pour fêter et expliquer les 30 de la région, avec 10 thèmes et 100 vidéos ; une fresque interactive pour faire connaître au grand public l’urbanisme de Nantes et une autre, appelée Regard sur la Vendée, en partenariat avec Olonne-sur-Mer. Au semestre prochain, une convention passée entre cette institution et Rennes 2 devrait permettre « un accès aux ressources, c’est-à-dire environ 12 millions d’heures d’archives », des « formations initiale et continue » et « une valorisation du patrimoine ». Voilà qui promet de belles archives à découvrir sur le passé de notre région et de sa capitale !
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INA ATLANTIQUE