RENNES. « PAS TOUS ÉGAUX FACE AU CONFINEMENT » SELON LA PRÉFÈTE MICHÈLE KIRRY

« Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement », a répété la préfète de Bretagne Michèle Kirry, lors d’un contrôle d’attestations de sorties, vendredi 10 avril 2020 sur la dalle Kennedy à Rennes. Retour en images.

Kennedy - intervention controle

La dalle Kennedy, du quartier de Villejean au nord-ouest de Rennes, est connue pour ses multiples recoins.

Il est 16h15 quand les CRS arrivent afin de démarrer une intervention de contrôle. Au centre, près de la station de métro, les habitants du quartier font tranquillement la queue devant les divers commerces de proximité. Les contrôles des attestations de déplacements et des documents d’identité se font calmement, à l’exception d’un ou deux. C’est souvent le jeu du chat et de la souris, ici. Quelques curieux profitent du spectacle de leur balcon ou de leurs fenêtres.

« Mais monsieur, ce n’est quand même pas compliqué ce que l’on vous demande, on ne fait que de le répéter : la moindre sortie nécessite une attestation ! Comment ça, vous l’avez oublié ?! » Ces personnes sans attestations font la moue ; leur réponse, le plus souvent, se limite à un silence.

Kennedy - intervention controle

Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, explique : « Nous n’avons verbalisé que 3500 personnes environ depuis le début du confinement. Seulement neuf personnes ont été sanctionnées à la suite de récidives. Il est possible de faire appel jusqu’à 45 jours après la verbalisation » à condition que la contravention ne soit pas déjà payée. Si toutefois l’amende plafonnée à 135 € n’est pas payée dans les 45 jours, celle-ci est majorée et passe à 375 euros. Le préfet d’Ille-et-Vilaine rappelle d’ailleurs « qu’en cas de récidive de la violation (pour 2 violations en 15 jours) l’amende est de 200 € (et peut être majorée à 450 €) puis devient un délit puni de 6 mois d’emprisonnement et de 3750 € d’amende, en cas de récidive de plus de 3 fois, dans un délai de 30 jours. » « Mes trois mots d’ordre sont : contrôle, fermeté et pédagogie. Ce n’est pas la même chose de rester enfermé en appartement ou avec un jardin. Il faut être cohérent. C’est ce que je dis à mes équipes ».

Et Philippe Astruc d’ajouter : « Le confinement est plutôt bien respecté à Rennes ». « Je suis contente que l’on ait pas eu à mettre en place de couvre-feu ici. On en est loin, contrairement à certaines villes. » ajoute la préfète Michèle Kirry en ajustant ses lunettes de soleil. Il fait beau en ce vendredi d’avril. C’est difficile pour tout le monde de rester enfermé. Rennes a des airs de vacances d’été. Place de la mairie, pendant ce temps, un homme bronze, le ventre à l’air, sur un banc. À Sainte-Anne, deux filles font une maraude et veillent sur ceux qui n’ont même pas de toit pour se confiner.

Kennedy - intervention controle
De gauche à droite : Vincent Leborgne, Michèle Kirry, Philippe Astruc.

« Les policiers sont aussi là pour dissuader de sortir, pour montrer qu’ils sont bel et bien présents. Dans certaines villes, des gardiens de la paix regardaient dans les caddies des gens pour voir si l’achat était de nécessité ou non. C’est quelque chose que je proscris fermement. À partir du moment où le commerce est ouvert, c’est un achat de nécessité. Le corps de police n’a pas a savoir ce que vous avez acheté » précise Michèle Kirry.

Kennedy - intervention controle

Concernant l’utilisation des drones, afin de veiller au respect du confinement, Michèle Kirry explique que ceux-ci ont surtout été déployés pour surveiller le bord de mer et dissuader, encore, les gens de se regrouper. Vincent Leborgne, directeur départemental de la sécurité publique et commissaire général adjoint d’Ille-et-Vilaine, ajoute : « Dans un endroit concentré comme Rennes, l’utilisation des drones n’est pas nécessaire si ce n’est pour dissuader. Au contraire, pour des espaces étendus, comme le contrôle du chemin de halage, par exemple, l’utilisation du drone est justifiée. » Effectivement, selon un arrêté préfectoral, les plages, digues, chemins du littoral, chemins de halage, etc. sont interdits depuis le 20 mars 2020 8h jusqu’au 15 avril 2020 inclus. Si cet arrêté n’est pas reconduit. Si le drone repère des promeneurs sur le halage par exemple, les forces de l’ordre peuvent directement communiquer avec la personne interpellée, ou faire appel à l’équipe d’intervention la plus proche. « Il s’agit plutôt de dissuader, que de jouer les BigBrother » précise Vincent Leborgne.

Vers 17h30, les gens se dispersent, et le calme revient sur la dalle.

Confinée depuis mars, une passante soupire : « Ça ne fait pas sens de rester chez soi par crainte de la police. On devrait se confiner parce que l’on veut se protéger et protéger les autres du virus. La pédagogie devrait être davantage axée autour des risques de la maladie, elle-même. »

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Photographies : Laurie Musset

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