Les Journées nationales de l’Archéologie ont eu lieu les 17, 18, 19 juin. Le programme comptait plus de 1130 manifestations mobilisant de belles énergies à l’échelle locale en Bretagne comme ailleurs dans l’hexagone et outre-mer. Avec 220 musées partenaires de l’événement et 43 chantiers en cours de fouilles, ouverts pour l’occasion au public, plus de 600 sites au total en accès libre, cette septième édition marque l’impact d’un engouement croissant pour cette science du terrain qui soulève à chaque découverte autant de questions que de réponses.
Invité à partager ces découvertes à travers des ateliers, rencontres, projections, démonstrations ou expérimentations, le public peut toute l’année s’intéresser à certains sites dont la vocation est justement d’assurer un lien permanent entre l’évolution de la recherche, celle des techniques de fouilles, de conservation, la vulgarisation et l’animation. Trente lieux bretons ont contribué ce week-end au succès de l’initiative en relayant l’ambition de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), la structure organisatrice de l’événement : faire découvrir au plus grand nombre les richesses et les coulisses de l’archéologie, promouvoir l’accessibilité pour tous à travers des animations originales, interactives, sensibiliser le public à la diversité du patrimoine archéologique, aux résultats de la recherche et aux différentes disciplines et méthodes.
Parmi cette offre à découvrir en ligne pour organiser vos prochaines archéo-balades, deux coups de cœur pour le travail de deux associations bretonnes : l’ADRAMAR (Association pour le développement de la recherche en archéologie maritime ) à Saint-Malo (35) et Le Centre des Landes à Monteneuf (56). Ces deux associations ont fait de la transmission de leur savoir et savoir-faire une priorité. Ce week-end d’animations a été l’opportunité de mettre en avant l’originalité de cette démarche qui vise à accueillir de façon pérenne les publics sur des sites archéologiques, même sous l’eau.
L’ADRAMAR a en effet dévoilé un nouveau concept de l’archéologie sous-marine : l’accès pour le public à une épave reconstituée visitable en plongée, en apnée ou depuis la surface avec un masque et un tuba. Au pied de la face nord de la Roche de Bizeux (estuaire de la Rance, Ille-et-Vilaine) les archéologues ont reconstitué un site de naufrage du 18e siècle composé de réels artefacts, cinq canons, une ancre à jas et des pierres de lest. Le site mesure 15 mètres de long et repose à une profondeur de 10 m à marée haute et 3 m à marée basse. Les clubs de plongée locaux prennent les inscriptions pour la visite du site, mettent à disposition le matériel de plongée et acheminent les visiteurs en bateau sur l’épave.
La sensibilisation des publics et la valorisation du patrimoine archéologique sous-marin sont une part importante de notre activité, explique Laëtitia Le Ru, chef de projet. Il est essentiel pour nous de partager ces connaissances avec le plus grand nombre et de faciliter l’accès à ce patrimoine peu connu, car il s’agit de permettre à chacun d’accéder à un pan de notre histoire commune, d’en prendre conscience et au final d’encourager et de soutenir une volonté de préservation
En parallèle du site de reconstitution de Bizeux, l’ADRAMAR était aussi présente ce week-end sur le bastion de la Tour Solidor (Saint-Servan, Saint-Malo, Ille-et-Vilaine). Le jeune public a pu s’initier aux techniques de remontage de céramique, de relevé de fouille ainsi qu’à l’étude de monnaies. La présentation de fac-similés des objets archéologiques des épaves de la Natière ainsi qu’un ensemble de visuels offraient au public une plongée dans le monde de l’archéologie maritime malouine.
La Natière ? Une belle histoire de fouille mise à la portée de tous et qui permet aujourd’hui à l’ADRAMAR d’exporter son savoir-faire hors-Bretagne, y compris quand il s’agit de récupérer une grue tombée à l’eau lors d’un chantier n’ayant rien à voir avec le passé de ce littoral breton si fréquenté à toutes les époques.
Mais restons sur cet incroyable livre ouvert en plein air que sont ces fouilles archéologiques. Autre ambiance, autre décor, tout aussi propice à l’enthousiasme et à l’émerveillement, le charme inégalable de Monteneuf avec ses mégalithes redressés ou encore couchés dans les fougères, alors que cette découverte ne date que de 1976, quand un incendie de forêt permet de mesurer l’ampleur d’un site d’alignement de menhirs jusque-là inconnu et aujourd’hui labellisé Espace remarquable de Bretagne. Ces pierres debout sont en schiste, ce qui renforce le caractère inédit du lieu dans une terre armoricaine, elles sont en accès libre contrairement à l’aménagement très contesté du site mondialement connu de Carnac.
Ce qui suscite émotion, respect, interrogation, c’est que nous sommes en présence 7000 ans après l’exploitation du lieu par une population dont on ne trouve pas d’autres traces, d’autres témoignages d’habitats pour l’heure, c’est cette histoire de savoir-faire si bien revisité par le Centre des Landes et la scénographie qui permet à chacun de comprendre, de s’arrêter, d’observer cet environnement pour y voir les hommes et les femmes d’autrefois à la manoeuvre : extraction des roches, déplacement des mégalithes, dressage des pierres. On en dénombre encore plus de 400 sur le site, la majorité étant encore couchée et susceptible d’apporter à la science de nouvelles questions et de nouvelles réponses.
Les Journées nationales de l’Archéologie #7, 17, 18 et 19 juin 2016