Vienna aimerait redevenir une toute petite fille. Juste avant l’été de ses six ans. L’été où elle s’est perdue dans les dunes. Et où un homme l’a finalement ramenée à ses parents. Elle voudrait revenir avant. Avant l’été où les choses se sont gâtées. Et où le monde a changé sa révolution. Trois instants où s’est joué le destin de Vienna.
On apprécie la langueur sensuelle de Ce que je sais de Vera Candida, la lenteur de l’histoire, à l’image de la vie qu’on imagine sous des latitudes où le soleil tape et la chaleur écrase. Véronique Ovaldé sait créer des univers légèrement décalés, empreints d’une poésie subtile et douce. Autant découvre-t-on dans La salle de bain du Titanic un tout autre registre.
Trois nouvelles que le lecteur recolle les unes aux autres, formant une histoire dont on perçoit vaguement le malaise plus qu’on ne le palpe avec certitude. Il manque cependant une rondeur dans ces vies qui s’entremêlent, ce rythme tellement particulier qu’on retrouve dans les très courts romans d’Amélie Nothomb ou dans les nouvelles haletantes de Sylvain Tesson.
Une adolescente se remémore les vacances qui ont bouleversé sa vie, sans dévoiler son secret, laissant le lecteur deviner, sans grande difficulté, l’origine de la blessure qu’elle soigne depuis de nombreuses années. Sa mère se bat contre un cancer qui n’en finit pas de l’emporter, par vagues successives. Souffrance des corps et des âmes s’entrechoquent, la jeune fille faisant taire sa détresse qu’elle imagine minime en comparaison de la bataille que mène sa mère.
La salle de bain du Titanic est un recueil de textes originellement parus dans des magazines, et la compilation des trois récits ne donne rien de plus qu’un assemblage détourné de son contexte. Le style est bon, on se doute qu’on ne posera ce livre qu’après en avoir lu la dernière phrase. Ce roman ne souffre cependant que peu la comparaison avec le très remarqué Ce que je sais de Vera Candida, du même auteur.
A conseiller si…
… les nouvelles vous charment. Des textes courts, rythmés, vifs… mais loin de la verve d’Amélie Nothomb tout de même.
Extraits :
Et ce matin-là, durant l’été des orques, mon père m’a perdue et un type m’a prise pour quelqu’un d’autre.
Hélène
La salle de bain du Titanic, de Véronique Ovaldé, 72 pages, Editions 84 (4 avril 2012), 5€