Le Nageur de Pierre Assouline, ou la vie retrouvée au bout de la nuit concentrationnaire

Biographe d’une dizaine de personnages qui ont fait l’Histoire de France, industrielle, artistique ou littéraire d’une large part du XXe siècle, Pierre Assouline ne pouvait ignorer la vie singulière d’Alfred Nakache, nageur hors norme qui devint tour à tour champion de France et d’Europe, recordman du monde de natation dans les années 30, puis résistant à l’envahisseur nazi. Notre prolixe biographe nous livre la vie de ce « Nageur », héros singulier à la vie faite d’exploits et de tragédies, acteur exceptionnel d’une France sportive et triomphante, rebelle et combattante.

« Si je le revois, je le tue ». Le récit s’ouvre par ces mots vengeurs d’Alfred Nakache à l’encontre de Jacques Cartonnet. Tous les deux seront des rivaux sportifs dans l’eau des bassins et des adversaires sur le terrain politique. L’un, Cartonnet, grandi à Boulogne-sur-Mer, là-haut tout au nord, sera très vite jaloux de ce tout jeune compétiteur, de quatre ans son cadet, Nakache, Juif de Constantine, qui va lui ravir peu à peu la vedette dans les meetings de natation nationaux et internationaux.

Constantine, vieille cité d’Algérie où vivent, dans l’entre-deux guerres, dix mille Juifs, les premiers à avoir investi la ville avec les Berbères, eux-mêmes « judaïsés », suivis des Arabo-Musulmans. Une population sémite qui ne se mélange guère, même si les Juifs y parlent volontiers arabe, et Alfred Nakache est de ceux-là. Avec le décret Crémieux de 1870, le puzzle des populations se fera moins catégorique et tranché, les israélites d’Algérie devenant citoyens français.

Il n’y a pas que le clivage ethnique qui marque cette ville : les vertigineuses gorges de la rivière Rhummel fracturent l’endroit en une spectaculaire topographie où fleurissent ponts, viaducs et franchissements en tout genre. La mer est loin et plonger à la rivière au fond du ravin n’est pas sans danger. Constantine, heureusement, offre une piscine à sa population depuis 1872. Le jeune Alfred, guère attiré par la baignade dans son plus jeune âge – rivière hors d’atteinte et mer hors de vue -, finira par se jeter à l’eau, plus par défi face aux copains qui le blaguent que par goût, sans se poser de questions, et barbotera plus qu’il ne nagera. Bien vite, un entraîneur local, Gabriel Menut, remarquera pourtant les dispositions du gamin à se bouger dans l’élément liquide, même si sa « nage foutraque » ne fait guère augurer d’exploits futurs.

Et puis les performances des champions du coin commencent à être connues et commentées avec fierté par les Constantinois : le marathonien Boughéra El Ouafi, médaille d’or aux J.O. d’Amsterdam de 1928, est natif d’Ould-Djeb, à deux pas. Aux J.O. d’Athènes de 1896, les nageurs juifs ont brillé, relevant l’orgueil d’une population depuis longtemps persécutée et humiliée. Le rapport à l’eau du jeune Alfred, surnommé par les journalistes « Artem », d’un vieux mot hébreu, s’en trouve alors transformé.

« Pour l’heure il nage faux dans tous les sens, sans ligne de conduite. Forcément quand on le fait à l’instinct. Il prend goût à la force de réveil de la fraîcheur de l’eau. Il ignore encore que dans les rêves des nageurs, l’eau devient l’héroïne de la douceur et de la pureté. Lui reste à découvrir une technique, une discipline, un effort sur soi. »

En 1932, aux J.O. de Los Angeles, Johnny Weissmuller brille mais Jacques Cartonnet nage vite, lui aussi. Cartonnet, longiligne, blond, hautain et noceur, « une gravure de mode aux muscles déliés », est un nageur au style élégant et coulé. Nakache en est l’exact contraire, petit, râblé, rigoureux et vigoureux, un nageur rageur mais toujours souriant à la sortie des bassins. Bref, ils sont le jour et la nuit et « Artem » imagine que Cartonnet sera désormais son plus rude adversaire dans l’eau. Il ignore encore qu’il sera aussi son pire ennemi dans la vie.

Parti à Paris pour y disputer les championnats de France en 1936, le petit Fred quitte la famille et Paule, sa tendre amie d’enfance qu’il épousera quelques années plus tard. Le titre en poche, Fred, gloire nationale désormais dont Paris-Match fera sa couverture en 1936, n’en subira pas moins des compatriotes de son nouveau club du Racing les remarques et critiques antisémites de l’époque : « Quand un athlète juif gagne, il se murmure qu’il a triché. » L’ostracisme ambiant et généralisé conduira la communauté juive à créer les premières « Maccabiades » en Palestine, hommage à la figure du révolté Judas Maccabée, avec l’idée sous-jacente et éminemment politique d’un futur Etat juif. Alfred, acquis à cette idée, participera aux deuxièmes Maccabiades de Tel-Aviv en 1935 en tant qu’athlète français.

En cette période, l’expansionnisme guerrier d’Hitler en Europe est sans limites depuis sa prise de pouvoir en 1933. Et les nageurs allemands, vainqueurs en relais des championnats d’Europe à Wembley en 1939, feront le salut nazi sur le podium à l’entame du Deutschland über Alles. Nakache, arrivé deuxième avec l’équipe de France, ostensiblement baissera la tête pendant que ses camarades se contenteront de rester droits comme des i.

Trois ans auparavant, les J.O. de Berlin ont été la vitrine du national-socialisme et la démonstration voulue par Hitler de la supériorité de la race aryenne. Avery Brundage, Président du CIO, tombera dans le panneau, « embobiné » par le dictateur. Carl Diem, responsable allemand de l’organisation olympique était, lui, un nazi convaincu. Le Français Pierre de Coubertin ne sera pas en reste, qui applaudira. Dans la sphère politique française, seule une voix au Parlement aura voté contre les crédits alloués à la participation nationale, celle de Pierre Mendès-France.

Assouline Le nageur Alfred Nakache

Avis très contrastés chez les athlètes juifs, tentés chez nombre d’entre eux, de boycotter le grand « barnum » hitlérien. Beaucoup d’athlètes s’y rendront malgré tout, ne voulant pas mêler politique et sport, et ce sera le cas d’Alfred Nakache. Les athlètes défileront donc dans le stade, parfaitement alignés, faisant « l’ambigu salut olympique le bras tendu » vers Hitler, dans la tribune d’honneur. Une médaille d’or est hors de portée des nageurs français qui n’arriveront qu’en quatrième position du 4×200 mètres. Un échec ? Pas vraiment, les nageurs allemands sont derrière eux et ça, c’est une forme de victoire ! Plus tard, les Allemands s’en souviendront…

Dans le camp tricolore, la combativité de Cartonnet s’émousse quelque peu. Le champion désespère son entraîneur qui lui reproche son manque d’esprit de compétition, à l’inverse de Nakache qui gagne dans les bassins français désormais toutes les épreuves de sprint, en individuel et relais. Pire, Cartonnet se laisse gagner par le démon de la politique sous l’influence de Jacques Doriot qui l’enrôle pour organiser la propagande fasciste dans les milieux sportifs, à un moment crucial, la déclaration de guerre. Et voilà son rival Nakache écarté de toute vie professionnelle. Son statut certifié de professeur d’éducation physique lui est retiré, décret Crémieux désormais abrogé par Vichy et lois antisémites en vigueur écartant les Juifs de la Fonction publique.

Le refuge qui le sauvera est toulousain, le club des « Dauphins du Toulouse olympique employés club », le TOEC. Attiré là par un nouvel entraîneur qui sera pour lui comme un père de substitution, Alban Minville, Alfred, accompagné de Paule, son amie d’enfance désormais épouse et maman de leur petite Annie, retrouve une paix relative dans cette ville de la zone libre. Il reprend l’entraînement et s’empare de la brasse papillon qui convient à merveille à sa puissante musculature. Minville l’a bien vu et l’en a convaincu. Un style qui était la chasse gardée de…Cartonnet, lui aussi arrivé à Toulouse, devenue capitale de la natation française des années 30 et 40.

Assouline Le nageur Alfred Nakache
Alfred Nakache en 1941 lors des championnats de France à Toulouse

Titres et records s’enchaînent à nouveau pour Nakache et la presse spécialisée s’enflamme une fois encore pour ce champion qui place son nouveau club au plus haut niveau de la notoriété nationale. La situation ne laisse pas d’être paradoxale : un Juif, héraut du sport français, soutenu par une sommité de Vichy, son ministre des sports, un certain Jean Borotra. Les journaux collaborationnistes, eux, commencent à grincer des dents, irrités par une tournée de rencontres sportives en Algérie en 1942 qui se passe mal auprès d’un public et de nageurs de Métropole gagnés par l’antisémitisme. Nakache, prudent, renonce à y participer, déchaînant les foudres du président de la Fédération française de natation.

L’ombre commence à planer sur l’avenir du champion. D’autant que la Résistance s’organise dans la ville rose et que les maquisards approchent la communauté juive, Nakache inclus qui n’est pas insensible à la cause et s’engage : « il est des situations où il serait indigne pour un homme de demeurer au-dessus de la mêlée – et l’occupation de son pays en est une, indiscutablement. » Jean Borotra, qui couvrait jusqu’alors le champion, sera bientôt privé de son portefeuille, visé par « des ultras de la collaboration qui le jugent trop complaisant avec Alfred Nakache », après qu’il lui a remis une médaille à l’effigie de Pétain, le maréchal qui a chassé les Juifs souillant l’eau des bassins ! Kafka, pas mort…

Quelques prélats de la région, dont Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, auront le courage de défendre le nageur, face au silence de centaines d’autres hommes de l’Église de France. Quelques dizaines de nageurs français boycotteront les championnats de France de 1943. Des championnats disputés sans le champion en titre ont tout d’une farce ! Mais une farce tragique quand la menace se précise d’une Milice et d’une Gestapo toulousaines se préparant à faire une descente au TOEC. C’est l’hallali qui se prépare : Borotra est interné au château-prison d’Itter, l’archevêque de Toulouse est bâillonné. Et Cartonnet « parade en uniforme de milicien à la piscine, porte une arme au ceinturon et un insigne de son organisation sur son slip de bain. » Alfred et sa femme songent sérieusement à fuir vers l’Espagne toute proche. Sur dénonciation, dont on ignorera précisément la source, la Gestapo finit par arrêter le couple, avec leur fille de deux ans et demi. Un enfant de Résistant, on peut l’épargner, mais pas un enfant juif, « point de non-retour ».

Au pied du train en partance pour Drancy, Alois Brunner propose à Nakache de le libérer, mais lui seul, sans femme ni enfant. Cruauté et barbarie absolues de l’abject SS-Hauptsturmfürher. Le 20 janvier 1944, le couple fait partie du convoi numéro 66, « une centaine d’êtres humains à la place de dix-huit chevaux, un lumignon pour s’éclairer d’une lueur blafarde, du pain, trois seaux d’eau, deux baquets pour soulager les besoins de tous. Une souffrance dans laquelle l’offense faite à la pudeur a sa part. […] Le plus jeune né trois mois plus tôt s’appelait Alain Gross, à quatre-vingt-cinq ans Fanny Neumann était la plus âgée. » Destination inconnue : « L’incertitude est l’arme absolue des dictatures. […] Ne pas savoir, c’est pire que tout […] Trois jours et deux nuits de cauchemar. » Tout au bout, Auschwitz. Et deux files de prisonniers à la sortie des wagons. Alfred verra Paule et Annie partir dans la file qui n’est pas la sienne. Il ne les retrouvera plus jamais dans cet « outre-monde, où les arbres ont des allures de potence. » Nakache n’est plus Nakache mais simplement un matricule désormais : « 172763. Rayés, son histoire, ses aïeux. Un numéro n’a pas de passé. Et celui-ci, c’est pour la vie. » Et Nakache, l’homme qui aimait rire et plaisanter, plonge dans le mutisme. De désespoir ? Il garde au moins cette vertu de ne pas y sombrer et entend une injonction de ses gardiens : « Stehen ! » Il la comprend, lui, le germanophone, la retient et s’en fait une règle tant qu’il sera en vie : « tenir, se tenir, résister [et] défier toute résignation au fatalisme. […] Rester vivant » dans cette entreprise nihiliste de dislocation de l’humanité « quand l’Histoire sort de ses gonds. [Et que] la nation la plus civilisée d’Europe a pu inventer et imaginer un lieu où règne une telle hostilité au genre humain. »

À Auschwitz, Nakache se maintient à peu près en forme mais son corps d’athlète va fondre. Ses gardiens, qui l’ont bien reconnu dès son arrivée au camp, l’affectent au service de l’infirmerie aux côtés du Professeur de médecine Robert Élie Waitz, Juif comme lui, rencontré pendant sa carrière sportive. Les prisonniers malades ou diminués, eux, sont expédiés au crématoire, sans délai. Les autres vivront dans la torture, nuit et jour, se battront entre eux pour manger et survivre, dans ce camp, « radeau de la Méduse », où le cannibalisme finit par trotter dans les têtes. Après Auschwitz, les malheureux encore en vie sont transférés. Une centaine d’hommes montent à nouveau dans les wagons, une dizaine arrivera « dans une autre planète du cauchemar concentrationnaire », Buchenwald, un camp destiné aux opposants politiques. Des hommes et femmes que Nakache soignera à l’infirmerie, comme il l’a appris à Auschwitz. L’humanité est ancrée en lui et le sauve de la barbarie et de la folie qui peuvent gangréner même les esprits les plus solides. Nakache interroge les femmes qu’il soigne avec l’espoir d’avoir des bribes de nouvelles de sa femme et de sa fille. En vain.

Le camp est libéré par les troupes américaines en août 44. Tout le monde est persuadé de la disparition de Nakache, « Artem » est toujours dans les têtes. À Constantine, les Nakache fêtent la Pâque juive autour d’une table où trois chaises restent vides… Pour la famille, Alfred, sa femme et sa fille ont été assassinés. Soudain, la mère de Paule appelle du balcon de son immeuble d’en face : « Ils sont vivants, ils l’ont annoncé à la radio ! » L’athlète est méconnaissable, qui a perdu la moitié de son poids, « une carcasse d’homme ». Mais Alfred est resté foncièrement un battant. Il retrouvera peu à peu sa forme physique d’avant avec cette obsession désormais de retrouver femme et enfant. « Elles aussi reviendront, j’en suis sûr. »

La comédie humaine de la politique reprend vite ses droits avec les élections d’immédiate après-guerre. Déjà un peu oubliés, les camps ? « Si les morts sont invisibles, les rescapés sont inaudibles. Il y aura toujours des gens pour faire d’un revenant le coauteur de son malheur. […] La mort. Y penser toujours, en parler jamais. » Alfred, d’ailleurs, ne parlera qu’une seule fois en public de ses mois à Auschwitz et Buchenwald. « Avec des paroles trouées de longs silences ». Avant-guerre, il était déjà un taiseux, alors, à présent…. D’autant qu’il sait maintenant qu’il ne retrouvera plus Paule, vingt-huit ans et Annie, deux ans, assassinées « comme la majorité des déportés du convoi numéro 66. » L’obsession ultime d’Alfred sera de retrouver et nommer publiquement celui qui l’a dénoncé au club de Toulouse auprès de la Gestapo. Roland Gibel ? Pas de preuves pour les juges. Jacques Cartonnet ? Les juges de Toulouse condamnent l’ancien milicien à mort. Par contumace. L’homme a disparu dans la nature. « Si je le revois je le tue. » On sait l’obsession de Nakache depuis le début du récit. Il n’en fera rien bien sûr, même s’il retrouve un jour son nom sur la plaque d’une piscine romaine dont il est devenu le directeur ! Une congrégation religieuse italienne l’aura abrité après la guerre. Et il n’aura pas été le seul ancien collaborateur ainsi réfugié et sauvé…

Comme si le malheur ne l’avait pas encore assez ébranlé, des rumeurs de complicité avec ses geôliers pour lui rendre la vie plus facile dans les camps vont l’accabler. Et malgré les témoignages favorables de ses compagnons prisonniers, de Robert Elie Waitz en particulier, il accuse le coup. Nakache le combattant sera alors au bord du désespoir. Son entourage craindra pour lui des velléités de suicide. Et une foi en son Dieu singulièrement ébranlée.

Mais la vie, sa vie, reprendra le dessus, « le corps du nageur était couturé de ses triomphes ; celui du déporté est scarifié de ses victoires contre la haine faite homme. » Et « Alfred a un besoin viscéral de nager, de concourir et de gagner ». Son entraîneur Minvile l’emmènera aux J.O. de Londres en 1948, seul nageur au monde, ancien déporté, à participer à deux Olympiades avant et après le deuxième conflit mondial !… La volonté native du nageur refait surface : « Nager pour ne pas couler ». Alfred retrouvera une compagne. « Alfred est une figure de Job : comme le Juste souffrant, il perd tout puis récupère tout. Une femme mais une autre que la sienne. Et il n’aura plus d’enfant. »

L’homme mourra dans l’eau d’une crise cardiaque, un matin d’août 1983, au milieu d’une énième longueur de piscine. L’eau ? Un peu comme une drogue, avouait Chantal Thomas, grande nageuse devant l’Éternel, elle aussi, dans son « Journal de nage ». À Sète, sur sa tombe est inscrite en hébreu : « Ici est enterré Fredj Nakache le 25 du mois de Av de l’an 5743. Que son âme soit reliée au faisceau des vivants. Homme de cœur de rayonnement tu restes un Juste pour tous. » Mots auxquels, selon ses vœux, il fut ajouté : « À la mémoire de Paule Nakache née Elbaze 28 ans et sa fille Annie Laurence 2 ans décédée en déportation à Auschwitz victimes de la barbarie allemande », puis pareillement en hébreu.

S’il est un récit de vie à découvrir, pour la beauté de son écriture, pour la leçon qu’il porte et l’émotion intense qu’il transmet, lisez, relisez ce livre inoubliable et magnifique de Pierre Assouline.

Assouline Le nageur Alfred Nakache

Le Nageur de Pierre Assouline, Gallimard, mars 2023, 251 p., 20€. Lire un extrait

À lire aussi : Le Nageur d’Auschwitz de Renaud Leblond, éditions de l’Archipel, 2022, 18€ et Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz de Denis Baud, éditions Loubatières, 2009, 128 pages, 18€.

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