Le Club Bretagne des Mécènes du Patrimoine, c’est quoi ? En période de crise financière et de réductions des budgets, il s’agit d’épauler l’effort public de préservation du patrimoine. Il est ainsi nécessaire d’imaginer des structures multipartites afin de relever les défis de la conservation du vaste patrimoine breton.
C’est dans cet esprit que l’antenne bretonne de la Fondation du Patrimoine a lancé en juillet 2016 le club des Mécènes du patrimoine en Bretagne. Présidé par Gérard Brégent, chef d’entreprise à La Mézière, le club regroupe aujourd’hui quinze entreprises. La plupart sont pour l’heure des entreprises du bâtiment, mais l’ambition est bien d’élargir cette base et d’accueillir au sein du club des entreprises issues de tous les secteurs d’activités. Plus les membres seront nombreux plus larges seront les aides attribuées aux projets de conservation ou de réhabilitation puisque ce sont les cotisations annuelles (3000 euros par an) des entreprises qui forment l’enveloppe utilisable.
Créés en 2010, les clubs des mécènes de la Fondation du patrimoine forment aujourd’hui un réseau fort de plus de 200 entreprises mécènes dans toute la France qui œuvrent à la revitalisation de leur territoire et à la transmission des savoirs faire. C’est de cette expérience qu’est né le club breton. Ses membres choisissent plusieurs dossiers parmi les souscriptions lancées par la Fondation puis, en assemblée, une fois par trimestre, déterminent quels projets recevront leur soutien financier. Celui-ci viendra compléter les différentes sources nécessaires à la mise en œuvre de projets nécessitant souvent d’importants budgets. En 2016, le club des Mécènes du patrimoine en Bretagne a soutenu à hauteur de 21 150 euros le projet de restauration du chantier naval Le Cœur de Plobannalec-Lesconil.
Le partenariat entre la Région Bretagne et la Fondation du Patrimoine est ancien et déjà fructueux. Dès 2011 le projet Skoaz ouzh skoaz (épaule contre épaule) était initié afin d’épauler certains des projets de protection et/ou de restauration d’un élément du patrimoine. En outre, par son fonctionnement ce dispositif régional entend récompenser l’élan participatif et collectif. En effet, la prime régionale SOS est réservée aux projets, publics ou associatifs, déjà bénéficiaires d’une subvention régionale pour l’opération qu’ils engagent et pour laquelle ils lancent un appel aux dons avec l’appui de la Fondation du Patrimoine, ou une autre association reconnue d’intérêt public. Si cette souscription populaire atteint 1% du coût de l’investissement global, le projet pourra percevoir la prime (10 000 euros maximum par tranche de travaux).
Aujourd’hui, le club des Mécènes du patrimoine en Bretagne apporte une nouvelle pierre à cet édifice de financement multimodal, véritable ingénierie financière bien nécessaire pour participer au maintien et à la disponibilité d’un patrimoine breton restauré qui est, comme le souligne Anne Gallo (Vice-présidente du Conseil régional au tourisme, patrimoine et voies navigables) : « d’une diversité et d’une richesse remarquables ». Les « vieilles pierres » ne sont en effet pas les seules concernées, des voiliers remarquables peuvent également l’être.
La préservation du patrimoine n’est pas seulement un conservatisme frileux, c’est aussi et avant tout « un formidable levier du développement économique et de l’aménagement du territoire » selon Anne Gallo. Pour Gérard Brégent et Jean-Pierre Ghuysen (délégué régional de la Fondation du Patrimoine) c’est, certes un outil de mémoire, mais avant tout d’une mémoire active et dynamique, portée vers la société, vers la cohésion sociale, l’insertion par le travail, la transmission des métiers.
Enthousiaste et optimiste, Jean-Pierre Ghuysen souligne qu’en Bretagne les ressources publiques allouées au patrimoine restent élevées (le budget des Monuments historiques a été cette année encore préservé). Signe, selon lui de la bonne volonté de la Région et de ses élus conscients que l’élévation qualitative du nombre de biens restaurés, préservés et ouverts au public est un atout majeur, économique et touristique pour le territoire. La population bretonne n’est d’ailleurs pas en reste puisqu’elle est seconde, après celle de l’Île-de-France, en matière de financement participatif du patrimoine. Mémoire et avenir semblent donc bien déterminés à marcher encore longtemps « épaule contre épaule » en Bretagne.