Melt yourself down, Inclassable ou ingérable, à vous de choisir

Il y a quelques années de cela, il m’arrivait de parcourir au hasard les rayonnages de mon disquaire préféré. Je picorais dans les bacs, sur les bornes d’écoutes, me laissais aussi tenter sur la foi d’un single et parfois je tombais sur LA pépite. Maintenant, c’est sur les sites d’écoute (streaming) du genre Deezer ou Spotify, que je me laisse aller à ce sport….

Mon dernier souvenir de découverte chanceuse était Dreadzone et son somptueux « Biological Radio » qui confirma tout le bien que les critiques pensaient de son « Second Light ». Cette fois, c’est sur Melt Yourself Down que je suis tombé sur la recommandation d’un robot de chez Deezer. Que s’est-il passé pour que je ne fuie pas devant ce qui paraitra pour beaucoup une bouillie sonore ? Sans doute, le fait de ne pas me contenter, ce jour-là, des simples enceintes de mon modeste ordinateur, mais d’utiliser un bon casque. La musique de ce collectif anglais nécessite une écoute attentive et un investissement personnel en son sein. Mais, d’emblée, je vous entends demander : de quel genre de musique s’agit-il ?

Eh bien, c’est justement le charme de cet album éponyme : il mêle de nombreux styles. Avec comme fil rouge un saxophone endiablé, celui de Pete Wareham*, dont les sonorités m’ont rappelé certains titres de Manu Dibango. Là s’arrêtera le jeu des comparaisons tant le groupe n’est pas adapté à ce sport. Car des influences, il en a des milliers. Chaque morceau est une aventure en soi avec une section rythmique complexe, touffue, brouillonne à l’écoute distraite, pièce d’orfèvrerie à l’oreille attentive. On passe du jazz à la world music (de nombreuses percussions africaines sont présentes). Mais il y a aussi de la musique tsigane…

Le tout s’accompagne d’un enrobage électronique, tantôt discret tantôt affirmé, sans se laisser aller à l’utilisation d’une boite à rythmes basique pour beat façon dance-floor. Si quelques-uns des morceaux passent très bien dans les nuits londoniennes, ce n’est pas pour autant un album technoïde. C’est plus l’aspect festif qui en ressort avec par exemple « We Are Enough » et ses conotations Ska, ou encore le « Fix My Life » dont nous vous offrons l’écoute ici. Je me suis demandé pourquoi je n’ai pas entendu ce son et ce melting-pot foisonnant du côté de notre hexagone alors que l’ensemble me rappelait furieusement une scène alternative des années 90. Est-ce une question de courage de producteur pour que l’on ne sorte pas des Asian Dub Foundation ou des choses aussi inclassables que cela ? Vaste sujet que je ne ferais qu’effleurer. Je vous conseille plutôt de vous pencher très vite sur cet album disponible un peu partout en numérique, mais aussi en vinyl et en CD bien argenté. Posez-vous 45 minutes, fermez les yeux, mettez un bon casque sur les oreilles et partez dans cet univers truculent où les images les plus colorées viendront prendre la place de ces notes de musique.

Le groupe est annoncé aux Transmusicales 2013 à Rennes en décembre. À suivre…

*Pete Wareham et son autre groupe Acoustic Ladyland, a été élu meilleur groupe de Jazz en 2005 avec ses réinterprétations et leur Jazz « rock » de Jimi Hendrix

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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