Le marathon olympique féminin s’ouvre en 1984, malgré de nombreuses et vives résistances. Quarante années plus tard, les Jeux Olympiques Paris 2024 gagnent la parité pour la toute première fois de l’Histoire. Unidivers a choisi de revenir sur le combat et le parcours d’Alice Milliat (1884-1957) qui s’est battue pour que les femmes de toutes les classes sociales puissent accéder à l’athlétisme de haut niveau, comme les hommes…
La Nantaise Alice Milliat a été la première dirigeante du sport féminin mondial, à une époque où le baron Pierre de Coubertin (1863-1937), le rénovateur des Jeux Olympiques modernes qu’il rétablit en 1894, pense que pour rendre le sport plus populaire il faut l’internationaliser, mais sans les femmes. Il prétend qu’une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Pour l’historien et pédagogue français, la femme est avant tout une reproductrice destinée à couronner les vainqueurs ! Regrettant que les femmes ne puissent participer aux compétitions sportives internationales, Alice Milliat luttera toute sa vie pour que les exploits sportifs des femmes soient reconnus au même titre que ceux des hommes. Elle va organiser les premiers Jeux Olympiques féminins, à Paris en 1922.
Portrait :
Alice Milliat, est née Alice Million à Nantes le 5 mai 1884 au sein d’une famille de commerçants. Ses parents Édouard et Joséphine Million sont propriétaires d’une épicerie rue Guépin, au centre ville de Nantes. Elle suit une formation de sténodactylo et à l’âge de vingt ans elle se marie à Londres avec Joseph Milliat dans le commerce également. Elle se retrouve veuve quatre ans plus tard ! La jeune femme choisit alors de se consacrer à l’aviron, qu’elle découvre en Angleterre. De retour en France, elle pratique cette discipline à Paris dans un club : le Fémina Sport fondé le 27 juillet 1912. Elle est la première femme à remporter le brevet Audax rameur 80 km.
Alice Milliat s’intéresse aussi au football, à la natation et au hockey sur gazon. Elle devient Présidente du club en 1915 et fait partie des fondatrices de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France en 1917 : d’abord trésorière, puis secrétaire, elle en devient la présidente le 10 mars 1919. Très sportive, elle pratique l’aviron à haut niveau. Organisatrice du premier championnat de France de football féminin, Alice Milliat est aussi à l’origine de la création de la première équipe de France de football, en 1920.
Devant l’immobilisme des fédérations sportives à inclure des femmes dans le monde du sport, Alice Milliat voit plus grand encore et fonde en 1921 la Fédération sportive féminine internationale. Les premiers Jeux mondiaux féminins s’ouvrent à Paris le 22 août 1922, en alternance avec les Jeux Olympiques. 20 000 personnes assistent aux onze compétitions sportives d’athlètes de cinq pays : face à ce succès, une commission chargée de la mise en place de compétitions athlétiques féminines aux niveaux national et olympique, est créée !
Alice Milliat devient la première femme juge lors des épreuves d’athlétisme des hommes en 1928, lors des J.O à Amsterdam aux pays-Bas. Elle parle couramment trois langues, et devient la principale ambassadrice de la défense du sport féminin en Europe.
Restée veuve et sans descendance, Alice Milliat meurt le 19 mai 1957, dans le 12e arrondissement de Paris, mais est inhumée dans sa ville natale : au cimetière Saint-Jacques, dans le quartier sud de Nantes
L’héritage d’Alice Milliat, resté trop longtemps dans l’oubli, est remis à l’honneur pour les JO Paris 2024. Avant gardiste et féministe, elle est une figure incontournable du mouvement sportif féminin.
Des livres retracent son engagement et des piscines et gymnases français portent aujourd’hui son nom…
