Sur la dalle Kennedy de Rennes, au cœur de Villejean, plusieurs commerçants ont reçu ces derniers jours une lettre qui propose une « protection » contre de l’argent. Le texte, au ton faussement commercial, promet « sécurité et sérénité » en échange d’une contribution hebdomadaire collectée « en toute discrétion » chaque dimanche. L’émetteur du racket se signe « Cartel V ». Deux mineurs ont été interpellés puis remis en liberté le temps de l’enquête. Les services de police poursuivent les vérifications pour identifier les initiateurs et l’ampleur des sollicitations.
Dans les boutiques, on baisse la voix. « On a trouvé l’enveloppe le matin, glissée sous la porte », souffle un gérant. D’autres disent ne pas avoir reçu de courrier mais connaître un voisin qui en a eu un. À l’heure de l’ouverture et des fermetures, on observe les allées et venues, on se refile les infos par messages : qui a vu quoi, à quelle heure, près de quelle entrée de la dalle. Les regards convergent vers les escaliers, les porches, les angles morts. La peur de « faire une vague » se mêle au réflexe de s’entraider.
- Où : Dalle Kennedy, quartier Villejean (Rennes, Ille-et-Vilaine)
- Quoi : Distribution d’une lettre proposant « protection » contre contribution hebdomadaire
- Quand : signalements les 21–22 octobre 2025
- Statut : enquête en cours ; deux mineurs interpellés puis remis en liberté
- Qualification envisagée : tentative de racket/extorsion (appréciation judiciaire à venir)
Ce que contient la lettre
La rédaction a pu consulter le texte, qui adopte un vocabulaire lisse et « professionnel ». Extraits et éléments clefs :
- Promesse : « sécurité », « sérénité », « tranquillité pour votre commerce » sur le périmètre de la dalle.
- Contrepartie : une rémunération hebdomadaire, montant non précisé dans la version circulant.
- Modalités : un passage annoncé chaque dimanche pour la collecte, « en toute discrétion ».
- Signature : « Cartel V ».
« A nos chers commerçants de
VILLEJEAN
LE CARTEL V VIENT VERS POUR TROUVER UN ARRANGEMENT AVEC TOUT CES COMMERCANTS, NOUS NOUS ENGAGEONS A VEILLÉ SUR VOUS ET VOS COMMERCES NOUS VOUS ASSURONS SÉCURITÉ, TRANQUILLITÉ ET SÉRÉNITÉS EN ÉCHANGE DE NOS SERVICES UNE RÉMUNÉRATION HEBDOMADAIRE SERA RAMASSER PAR NOS ÉQUIPES CHAQUE DIMANCHE EN TOUTE DISCRÉTION
CETTE OFFRE SÉCURITÉ N’EST PAS
UNE OPTION .
TOUT COMMERCES QUI DÉCLINE CETTE SÉCURITÉ SE VERRA
SÉVÈREMENT SANCTIONNER!
NOS SALUTATIONS DISTINGUÉS »
Le courrier ne contient ni coordonnées officielles ni mentions légales. La typographie et la mise en page rappellent un tract imprimé sommairement. Rien ne permet à ce stade d’attester l’existence d’une structure organisée derrière cette appellation.
Une dalle sous tension
Les riverains de Villejean dénoncent depuis des années l’emprise du trafic de stupéfiants autour de certains points de deal. Les commerçants, eux, doivent composer avec des abords parfois chahutés et des fermetures sous pression. La lettre « Cartel V » s’inscrit dans ce climat : une tentative d’intimidation mafieuse cherchant à capter un tribut régulier en jouant la carte de la « protection ».
Réactions et enquête
La police a procédé à l’interpellation de deux mineurs. Ils ont été remis en liberté sous contrôle, le temps de l’enquête, qui doit établir qui a rédigé, qui a diffusé, et combien de commerçants ont été ciblés. Côté politique, l’opposition municipale parle d’un « signal d’alarme » et demande un rétablissement rapide de l’ordre sur la dalle. Du côté des professionnels, la consigne est simple : conserver les documents, signaler, déposer plainte, ne pas céder.
- Ne pas payer. Conserver l’enveloppe et la lettre (pas de manipulation inutile) : empreintes/ADN possibles.
- Porter plainte rapidement au commissariat de Rennes (garder un double/scans du courrier).
- Signaler toute nouvelle sollicitation (date, heure, description, images si disponibles).
- Sécuriser les abords : éclairage, vérification du cadre légal pour vidéosurveillance, procédures d’ouverture/fermeture à deux.
- Réseau local : partager l’information avec les voisins commerçants, l’association de quartier, la mairie d’arrondissement.
Ces recommandations complètent – sans s’y substituer – l’action de la police et de la justice.
Plusieurs inconnues demeurent : le nombre exact de destinataires, le montant exigé, la réalité d’un groupe derrière « Cartel V ». Les prochains jours diront si l’épisode relève d’une manœuvre opportuniste de quelques individus ou d’une tentative d’emprise plus structurée. En attendant, l’enjeu est clair : faire rempart par le droit, la vigilance et la solidarité de quartier.
