Rennes centre Alma. deux hommes interpellés pour agressions sexuelles remis en liberté

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rennes police

Vendredi 28 novembre 2025, en plein Black Friday, deux hommes ont été interpellés au centre commercial Alma de Rennes (Ille-et-Vilaine), après des attouchements de vendeuses dans un magasin de vêtements.

Placés en garde à vue, ils ont été remis en liberté le lendemain. L’un d’eux fait l’objet d’une assignation à résidence décidée par la préfecture. Aucune poursuite pénale n’est engagée à ce stade.

Vers 13 h, au cœur de l’affluence liée aux promotions du Black Friday, les forces de l’ordre sont alertées. Dans une boutique de prêt-à-porter du centre Alma, deux hommes profiteraient de la foule pour toucher les fesses de plusieurs vendeuses. Les faits sont qualifiés d’agressions sexuelles par attouchements, un délit pénalement réprimé.

Une équipe de police-secours se rend sur place. Les deux hommes sont interpellés dans le magasin, en situation de flagrance, puis conduits au commissariat de Rennes, où ils sont placés en garde à vue pour une durée de vingt-quatre heures.

Garde à vue, situation administrative et absence de poursuites immédiates

Au cours de la garde à vue, les enquêteurs auditionnent les mis en cause, recueillent les premières déclarations des victimes et vérifient l’identité et la situation administrative des deux hommes. Il apparaît qu’ils sont en situation irrégulière sur le territoire français.

À l’issue de ces vingt-quatre heures, les deux suspects sont remis en liberté. Selon les éléments rendus publics, ils ne font pas, pour l’heure, l’objet de poursuites pénales. Pour l’un des deux, âgé de 28 ans, la préfecture prononce toutefois une assignation à résidence, mesure administrative qui limite ses déplacements et impose un pointage régulier.

Cette séquence soulève logiquement des interrogations : comment expliquer qu’une affaire d’agressions sexuelles, avec interpellation en flagrant délit, ne débouche pas immédiatement sur une comparution devant la justice pénale, alors même qu’une mesure administrative est prononcée ?

En matière pénale, c’est le parquet (le procureur de la République) qui décide de la suite à donner à une affaire :

  • Classement sans suite (par exemple s’il estime que les faits sont insuffisamment caractérisés ou que les preuves sont trop faibles) ;
  • Poursuites sous différentes formes : convocation ultérieure devant le tribunal, comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, comparution immédiate, etc. ;
  • Ou encore poursuites différées, le temps de compléter l’enquête (nouveaux témoins, expertises, identification d’autres victimes…).

Dans cette affaire, les deux hommes ont été remis en liberté sans qu’une audience ne soit fixée à ce stade. Cela ne signifie pas nécessairement que l’affaire est close ; le parquet peut encore décider, à la lumière d’éléments complémentaires (nouvelles plaintes, témoignages, vidéosurveillance), d’ouvrir ou de rouvrir des poursuites.

La qualification d’agression sexuelle repose juridiquement sur des éléments précis (nature des gestes, contexte, consentement, répétition, etc.). Il n’est pas rare que, dans des situations de foule et de mouvement, les magistrats exigent un faisceau de preuves robuste avant d’engager une procédure, en particulier si aucune des parties ne reconnaît formellement les faits ou si les victimes hésitent à poursuivre.

Mesures administratives : assignation à résidence, OQTF…

Parallèlement à la justice pénale, la préfecture peut se saisir du dossier sur un autre terrain : celui du droit des étrangers. Dans ce cadre, l’outil principal reste l’obligation de quitter le territoire français (OQTF), parfois assortie d’une interdiction de retour. L’OQTF est une décision administrative, distincte d’une condamnation pénale, qui vise à organiser le départ d’une personne en situation irrégulière.

L’assignation à résidence prononcée à l’encontre de l’un des deux suspects s’inscrit dans ce registre :

  • elle est décidée par le préfet, non par un juge pénal ;
  • elle oblige la personne à résider à une adresse déterminée, avec parfois l’obligation de se présenter régulièrement aux services de police ou de gendarmerie ;
  • elle est souvent utilisée en attendant l’exécution d’une éventuelle mesure d’éloignement (comme une OQTF) ou dans l’attente d’un autre examen administratif.

Il est donc possible, comme ici, que des personnes mises en cause dans une affaire pénale soient :

  • libres pénalement (pas de contrôle judiciaire, pas de convocation immédiate) ;
  • mais en même temps soumises à des mesures administratives liées à leur statut au regard du séjour (assignation à résidence, préparation d’un éloignement, contrôle renforcé).

AU plan juridique, ces deux dimensions ne se confondent pas. La justice pénale jugera éventuellement les faits d’agression sexuelle tandis que l’administration examinera la situation de séjour, indépendamment même d’une condamnation.

Victimes, plainte et éventuelles suites

Les vendeuses visées par les attouchements ont pu saisir les enquêteurs et déposer plainte. Le nombre exact de victimes et la qualification précise retenue par le parquet n’ont pas été détaillés publiquement à ce stade.

Les services de police peuvent encore :

  • rechercher d’éventuels témoins supplémentaires au moment des faits ;
  • exploiter d’éventuelles images de vidéosurveillance du centre Alma ou du magasin ;
  • vérifier si d’autres personnes se déclarent victimes de gestes similaires.

Si de nouveaux éléments viennent conforter les premières constatations, le parquet pourra décider d’engager des poursuites pénales, y compris après un délai initial sans comparution immédiate. À l’inverse, en l’absence de preuves jugées suffisantes, le dossier pourrait rester cantonné au volet administratif.

Pour l’heure, l’affaire illustre surtout la coexistence, parfois mal comprise, entre droit pénal et droit des étrangers : l’absence de poursuites immédiates ne signifie pas que les faits sont considérés comme anodins, mais qu’ils s’inscrivent dans un temps judiciaire plus long, tandis que l’État agit dès maintenant sur le terrain du séjour.