Rennes Cleunay : le chantier de l’ancien gazomètre se transforme en source d’angoisse

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Situé entre la rue Monselet et le boulevard Voltaire, le terrain de Cleunay a accueilli pendant plusieurs décennies un gazomètre et des cuves d’hydrocarbures gérés par GRDF (filiale d’Engie). Ces installations, désaffectées depuis les années 2000, laissent derrière elles des sols potentiellement contaminés par des hydrocarbures lourds, reconnus comme « hautement cancérigènes » par le Collectif du boulevard Voltaire.

En 2024, Engie a lancé, via la SEMTCAR, un appel à projets pour revaloriser cette parcelle en bureaux et logements. Le groupement mené par les promoteurs Icade, Aire Nouvelle et Brownfields Gestion a été retenu pour piloter les opérations de dépollution puis de construction.

Composés toxiques et santé

Le « Collectif du boulevard Voltaire » craint que les terrassements libèrent des résidus d’hydrocarbures dans l’air et dans la nappe phréatique, à proximité immédiate d’habitations et d’écoles (Saint-Clément, Champion-de-Cicé). Les riverains demandent une expertise indépendante avant toute reprise des travaux et réclament leur suspension.

Risque de drainage et impact sur la Vilaine

En grignotant les enrobés et les sols imperméabilisants, les engins de chantier pourraient faciliter le « drainage des toxiques » vers les parcelles adjacentes et jusqu’à la Vilaine, distante de quelques dizaines de mètres.

Manque de transparence

De nombreux habitants regrettent de n’avoir reçu aucune information préalable et pointent un grave déficit de communication de la part des promoteurs. Yann Coffignier, porte-parole du collectif, insiste : « La pollution, c’est ce qui nous inquiète le plus ».

Échos d’autres opérations similaires

Les riverains citent l’exemple de La Rochelle, où, en 2024, le préfet a mis en pause le chantier d’une ancienne usine à gaz pour faire suite à un dépassement des seuils d’hydrocarbures et à l’apparition de symptômes chez des riverains et des élèves d’une école voisine. Brownfields Gestion, engagé sur une cinquantaine de sites pollués en France, y était également intervenu.

Réponse des pouvoirs publics et du promoteur

Le 7 juillet 2025, un atelier de concertation, animé par Marc Hervé (1er adjoint à l’Urbanisme), a rassemblé une trentaine de riverains. Reconnaissant que « les inquiétudes sont légitimes », il a souligné la différence entre l’ancien site de stockage de Cleunay et une usine à gaz (plus contaminante), tout en admettant la présence de « terres potentiellement polluées autour de la cuve » contrôlées par la DREAL.

Mesures de suivi annoncées

  • Contrôles DREAL sur les terres excavées, avant et après chantier, avec démonstration de la compatibilité des sols pour accueillir des logements.
  • Surveillance en continu de la qualité de l’air lors des terrassements et analyses ponctuelles des puits privés sur simple demande des riverains.
  • Possibilité de prélèvements d’eau dans les puits voisins pour des analyses complémentaires.
  • Numéro de contact dédié et renforcement de la communication (journal de bord, réunions publiques).

Calendrier prévisionnel

  • Automne 2025 : dépôt du permis de construire, incluant le volet dépollution par excavation et élimination en filière spécialisée.
  • Dès obtention du permis : démarrage des travaux de dépollution, suivis par les services environnementaux avant lancement du gros œuvre.

Vers un « risque zéro » participatif

En réponse aux inquiétudes, Brownfields Gestion assure que les opérations de désamiantage, menées « à l’intérieur du bâti », ont déjà respecté les normes en vigueur, et que la phase de dépollution sera réalisée « dans les règles de l’art ». Le promoteur s’engage également à tenir un suivi en direct de la qualité de l’air et des eaux, et à informer systématiquement les riverains de tout dépassement de seuil.

L’avenir

Le chantier de Cleunay illustre les tensions entre impératif de renouvellement urbain et exigences de santé publique : la réussite de cette opération reposera autant sur la rigueur technique des dépollutions que sur la transparence et la concertation avec les habitants. Pour s’informer et participer, vous pouvez :

  • Vous inscrire aux prochaines réunions organisées par la Ville.
  • Contacter le numéro dédié dès sa mise en service pour toute demande d’analyse ou question.
  • Consulter régulièrement le site de Rennes Métropole pour le bulletin de suivi environnemental.