Rennes. Piscine privée et vis-à-vis, le tribunal suspend un permis de Bati-Armor

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bluenat piscine rennes

Dans le quartier Bréquigny de Rennes, un couple obtient la suspension du permis relatif à un projet de Bati-Armor sis au 311 rue de Nantes. En question un vis-à-vis jugé excessif.

Le tribunal administratif de Rennes a ordonné la suspension du permis de construire délivré par la Ville de Rennes à un projet immobilier porté par le promoteur Bati-Armor au 311 rue de Nantes. En cause, un immeuble de huit étages susceptible de créer un vis-à-vis important sur une piscine privée située à proximité immédiate, au 5 boulevard Albert Ier, dans le quartier de Bréquigny. Selon les éléments rapportés, la juge a retenu des doutes sur la légalité du projet et un vis-à-vis jugé excessif, justifiant l’arrêt provisoire de l’exécution du permis.

311 rue de Nantes Rennes

À l’origine du recours, Nolwenn et Olivier Saget, qui ont créé fin 2016 un bassin de natation dans leur jardin, au 5 boulevard Albert Ier. Le couple a fondé la société commerciale BlueNat qui propose des cours à de petits groupes (apprentissage, perfectionnement, aquagym) dans un cadre présenté comme particulièrement préservé. L’implantation du futur immeuble, ses hauteurs, et la présence de balcons donnant sur l’axe du jardin/piscine ont cristallisé l’inquiétude ; pour les requérants, le projet transformerait une pratique intime (et une activité) en espace surexposé. Le préjudice allégué est donc à la fois esthétique qu’économique – atteinte à la tranquillité, conditions d’exploitation, perte de clientèle.

piscine rennes bréquigny

La décision du tribunal administratif ne signifie pas encore l’annulation définitive du permis. Elle correspond à une logique classique. Lorsque le juge estime, au vu des arguments, qu’il existe un doute sérieux sur la légalité de l’autorisation et qu’un préjudice suffisamment caractérisé justifie d’interrompre provisoirement ses effets, il peut ordonner la suspension. Autrement dit, le projet est gelé dans l’attente de la suite de la procédure (jugement au fond, modifications, nouvelle instruction, etc.).

Le « vis-à-vis » n’est pas, en soi, un concept moral, c’est souvent un sujet de proportion et de configuration urbaine. Ici, il devient décisif parce qu’il est présenté comme excessif, ce qui laisse entendre que la hauteur, la distance, l’orientation des façades et l’effet de surplomb pourraient produire une atteinte particulièrement marquée aux conditions de jouissance. Le cas est emblématique des tensions contemporaines : densifier la ville, oui mais jusqu’où, et à quel prix au plan humain et reltionnel ?

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