RENNES. RED WATERS, UN OPÉRA BRILLANT ET SINGULIER DE KEREN ANN ET BARDI JÓHANNSSON

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Depuis le 28 janvier, Red Waters est revenu sur la scène de l’Opéra de Rennes pour une réécriture. Originellement écrit par le duo Lady & Bird (Keren Ann et Barði Jóhannsson) et mis en scène par Arthur Nauzyciel, en 2011, cet opéra est visible jusqu’au 4 février 2022 à l’Opéra de Rennes.

L’histoire se déroule dans un village étrange, Red Waters, où l’eau de la rivière abreuvent les habitants d’un vin rouge sang. Un jeune homme Brother est invité dans ce village où il est né et d’où il a été arraché à la naissance. Là il tombe amoureux de Daughter (Fille) sans savoir qu’il s’agit de sa sœur jumelle dont il a été séparé à la naissance. Dans ce village isolé où le vin coule dans les rivières se déroulent d’étranges rituels. Là où règnent secrets et non-dits. La passion interdite qui nait entre les deux jumeaux perturbe les équilibres de Red Waters.

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© Philippe Chancel, 2022 – TNB, Opéra de Rennes, ONB

Originellement créé en 2011 par Keren Ann Zeidel, Barði Jóhannsson et le poète islandais Sjón à la demande du metteur en scène Arthur Nauzyciel, c’est une nouvelle version de Red Waters qui verra le jour à l’Opéra de Rennes du 28 janvier au 4 février 2022. Cet opéra pop et gothique au lyrisme mélancolique réunit une équipe artistique internationale. Après une première version créée en 2011, recréer Red Waters de nouveau 10 ans après est un vrai défi : l’Opéra de Rennes, le Théâtre National de Bretagne et l’Orchestre National de Bretagne font renaître ce spectacle dans une nouvelle distribution vocale, musicale et chorégraphique.

Red Waters est un opéra aussi singulier que brillant où la beauté est omniprésente. Il y a d’abord les trois nymphes qui viennent danser en liant et déliant les intrigues. Sorcières ou déesses, le doute perdure. Leur présence presque maléfique sublime l’opéra d’une danse fluide et souple, presque organique, une chorégraphie signée Damien Jalet. Leurs cheveux trempent dans l’eau sanguine de Red Waters dont elles baptisent les amants incestueux. Et puis il y a les chants qui s’élèvent telle la complainte des chœurs d’une tragédie grecque. Une place importante volontairement laissée au chœur de chambre Mélisme(s) qui vient rythmer l’opéra, comme une répétition à l’image des rituelles qui se déroulent à Red Waters. La musique se répète presque comme un gémissement qui favorise le climat anxiogène où se trame la tragédie. Enfin le décor réalisé par Riccardo Hernández, très sobre, qui souligne la profondeur du propos tenu dans la pièce d’une grande délicatesse. Une esthétique renforcé par une lumière ( Scott Zielinski) venant jouer avec la narration et qui créé un résultat à la fois envoûtant et poétique. Jusqu’à l’ultime fin, le spectateur est tenu en haleine, sans savoir si le dénouement basculera complètement dans le tragique.

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© Philippe Chancel, 2022 – TNB, Opéra de Rennes, ONB

« Dans l’écriture et la composition d’un opéra on peut être très libres. » KEREN ANN

Keren Ann Zeidel, connue sous le nom de Keren Ann est une chanteuse-auteure-compositrice révélée par son premier album La Biographie de Luka Philipsen, écrit en collaboration avec Benjamin Biolay. En 2003 elle forme avec Barði Jóhannsson, musicien islandais, le duo Lady & Bird qui est à l’origine de l’écriture et de la composition de Red Waters. Entretien :

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Keren Ann, © Amit Israeli

UnidiversRed Waters est un opéra que vous avez écrit avec Barði Jóhannsson. Auriez-vous pensé un jour écrire un opéra et comment est née cette idée de composer Red Waters ?

Keren AnnBarði Jóhannsson et moi avions déjà un univers bien à nous avec notre projet Lady & Bird. En 2009 Arthur Nauzyciel, nous a proposé d’écrire un synopsis d’un opéra. On l’a fait à trois avec Sjón, un poète islandais, et puis on a soumis cette histoire qui parlait de ce village reclus dans lequel il y avait des rituels. Arthur Nauzyciel a beaucoup aimé l’idée et nous a proposé de continuer. Alors Barði et moi nous nous sommes assis pour écrire l’opéra en 6 scènes. On s’est enfermés pendant un long moment pour pouvoir le finir. À l’époque ça a été produit à l’Opéra de Rouen. Depuis, plein de choses ont changé pour cette recréation avec l’Orchestre National de Bretagne afin que Red Waters puisse correspondre à l’esprit d’aujourd’hui.

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© Philippe Chancel

Unidivers – Le défi aujourd’hui c’est de travailler avec un nouveau chœur et de nouveaux chanteurs : est-ce que cela a eu un impact direct sur la composition et le rendu final de cette œuvre ?

Keren Ann Non, on n’a rien changé par rapport aux voix. Des choses ont changé parce qu’Arthur Nauzyciel en tant que metteur en scène met en valeur ce qu’apporte les artistes. En ce qui nous concerne, avec Barði Jóhannsson on n’a pas changé mais évolué. On a un orchestre plus grand et plus de musiciens sur scène, donc ça nous a permis d’élargir la partition mais on n’a pas changé la composition ni l’écriture.

Unidivers – L’opéra enferme-t-il la voix dans son genre ou vous êtes-vous sentie libre en composant Red Waters ?

Keren Ann À partir du moment où Barði Jóhannsson et moi-même on s’est détachés de cette idée que l’opéra devait être écrit que pour des voix vibrato, lyriques, très expressives et qu’on s’est intéressés à des opéras avec des voix un peu plus sobres, à partir du moment où on s’est permis d’être libres d’écrire un chant presque anglo-saxon dans l’aspect opératique en y mélangeant un côté européen et latin, on s’est sentis très libres. Il y a des choses à respecter d’un point de vue histoire, d’un point de vue déroulement, d’un point de vue caractères et personnages mais après dans la composition et l’écriture on peut être très libres.

Unidivers – Le regard que vous portez à l’opéra a-t-il changé en 10 ans ?

Keren Ann Pas forcément, les opéras que je connais je les apprécie pour ce qu’ils sont. Je n’ai pas essayé de me mettre à un certain niveau ou style d’opéra qui n’est pas dans mon intuition d’écriture. L’idée d’un opéra c’est qu’on rentre dans une pièce, dans une histoire. On rentre dans une tragédie, on écoute, on vit avec les personnages et on vit une expérience. Il n’y a pas de différence entre un opéra lyrique classique ou un opéra contemporain moderne répétitif ou avec des chants gothiques. C’est l’expérience de l’opéra qui doit être mise en avant et pour moi c’est ça qui compte.

Unidivers – Le 11 février sortira un album que vous avez réalisé avec Le Quatuor Debussy ? Est-ce une manière aussi de faire le pont avec la musique classique et d’emmener le chant lyrique dans un registre différent ?

Keren AnnC’est un pont qui a toujours existé chez moi. Même quand je faisais des choses plus rock ou plus électroniques j’ai toujours intégré des instruments classiques. Ça a toujours été important pour moi de chercher le son organique et l’humain dans l’instrument. Je ne me suis jamais contentée des sons qui le remplaçaient même si ça m’intéressait de le mélanger avec des sons synthétiques. Avec les cordes, surtout avec Le Quatuor Debussy s’est créé une vraie forme ronde, un vrai ensemble qu’on a cherché au niveau du son, entre les guitares électriques, le violon, l’alto, le cello, ou le piano. C’est une proposition de matières qui me ressemble beaucoup et dans laquelle je retrouve une vraie zone de confort et de proposition.

Nouvel album de Keren Ann avec Le Quatuor Debussy, sortie le 11 février 2022, précommande disponible en ligne.

Infos pratiques

Red Waters

Vendredi 28 janvier – 20h
Samedi 29 janvier – 18h
Lundi 31 janvier – 20h
Mardi 1er février – 20h
Jeudi 03 février – 20h
Vendredi 04 février – 20h

Bord de scène : samedi 29 janvier à 18h

Opéra de Rennes, place de la Mairie, 35000 Rennes

Réservations à la billetterie de l’Opéra de Rennes

Contact : 02 23 62 28 28

Production en partenariat avec l’Opéra de Rennes et l’Orchestre National de Bretagne. Dans le cadre du festival Waterproof, plongez dans la danse !

Durée 1h20

Opéra chanté en anglais et surtitré

À partir de 12 ans

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