Rennes. Tirs en rafale à Maurepas : un quartier sous tension

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La nuit du 29 au 30 septembre 2025 a été marquée par une nouvelle flambée de violence dans le quartier de Maurepas, à Rennes. Vers 22 h 30, une première salve de tirs a retenti. D’autres coups de feu ont suivi plus tard dans la soirée, plongeant les habitants dans l’effroi.

Une dizaine d’impacts et plusieurs interpellations

Trois personnes ont été interpellées après les tirs et une dizaine d’impacts ont été relevés. Aucun blessé n’a été signalé. L’enquête est confiée à la police judiciaire. Les autorités n’ont pas encore publié de communiqué officiel.

Maurepas, entre mémoire ouvrière et stigmates quotidiens

Né dans les années 1960, le quartier de Maurepas a longtemps incarné un urbanisme fonctionnel et populaire, pensé pour accueillir une population jeune et laborieuse. Aujourd’hui, malgré les opérations de rénovation, le territoire demeure fragile : chômage élevé, précarité sociale, tensions intergénérationnelles et présence récente de bandes liées aux trafics. Pour autant, Maurepas reste un quartier vivant, riche d’associations, de structures culturelles et de solidarités locales qui témoignent d’une autre réalité, souvent occultée par les faits divers.

Les habitants décrivent une atmosphère paradoxale. D’un côté, la vie de quartier continue, rythmée par les commerces, les écoles, les associations. De l’autre, ces détonations en rafale rappellent brutalement que Maurepas reste traversé par des logiques de bandes. « Depuis deux ou trois ans, on a l’impression que tout peut basculer en quelques secondes », confie une habitante encore choquée. Ces épisodes successifs renforcent un sentiment d’insécurité chronique.

Lassitude, colère, inquiétude : les réactions se multiplient. Les habitants dénoncent le risque de stigmatisation : « Nous ne sommes pas qu’un décor de faits divers », rappellent les associations locales. Si certains réclament une présence policière renforcée, d’autres jugent que la réponse sécuritaire seule ne suffira pas. Un commerçant quinquagénaire considère que « la mairie comme la préfecture sont incapables, ils ne font rien malgré leurs belles paroles ». Un autre ajoute : « Tout le monde se radicalise, nous aussi, mais dans les urnes. » Pour beaucoup, le nœud se trouve ailleurs : insertion professionnelle, soutien éducatif, dialogue avec la jeunesse, lutte contre les trafics. Dialogue de sourds pour une situation au point mort.

Le paradoxe de Maurepas

Maurepas cristallise une tension que l’on retrouve dans de nombreux quartiers urbains français :

  • Une vie locale intense, faite de sport, d’événements culturels et d’entraide quotidienne.
  • Une visibilité médiatique marquée par des faits divers violents qui tend à réduire le quartier à ses seules violences.

Ce paradoxe nourrit une question essentielle : comment rétablir la confiance, éviter l’engrenage des confrontations et la radicalisation politique, et offrir aux habitants la sérénité qu’ils réclament mais que peinent à restaurer l’État et la municipalité ?