Rennes. Avec le bateau Y d’Ille, profitez d’une sortie idyllique sur la Vilaine

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23 octobre 2024

Envie d’une sortie originale entre potes ou en famille ? Sur la Vilaine navigue une drôle d’embarcation qui pourrait vous séduire : c’est Y d’Ille, une réplique d’une yole de Bantry du XVIIIe siècle.

En 1796 durant la guerre qui confronte les Anglais aux Irlandais, une flotte française commandée par le Capitaine Nielly tente de rejoindre les Irlandais dans la baie de Bantry. Le Capitaine regagne la côte grâce à son annexe, appelée yole, mais se retrouve face aux Irlandais pro-britannique. Nielly fut prisonnier, et sa yole récupérée comme trésor de guerre par l’ennemi. Aujourd’hui conservée au musée de Dublin, le yole de Bantry a continué de faire rêver les charpentiers de marine dans le monde.

En 2000, la revue Chasse-Marée lance un défi pour les jeunes marins de reproduire ce canot en bois du XVIIIème siècle, alors sans plans exacts. Parmi les seules caractéristiques connues, la yole mesure près de douze mètres de long, deux mètres de largeur et possède dix avirons et trois mâts. Depuis, le bateau a le vent en poupe : en France existe une trentaine de répliques contre une trentaine à l’étranger (dans ces eaux-là).

En Ille et Vilaine, c’est la réplique Y d’Ille qui fête ses 25 ans. Sur le pont, on compte un chef de bord, un brigadier au besoin et une dizaine de rameurs (dits nageurs) car par sécurité, les voiles sont hissées seulement en mer et il est donc nécessaire d’avoir assez de bras quand Y d’Ille navigue en eau douce. Kellye est une des trois chefs de bord de l’équipage : « C’est apaisant d’être sur ce bateau, on navigue sur la Vilaine au rythme harmonieux des avirons ».

La yole sort une fois par semaine de son port d’attache aux Étangs d’Apigné et invite qui veut à venir tenter l’expérience. Le circuit le plus fréquent commence de la base nautique d’Apigné le samedi matin jusqu’au centre-ville de Rennes : en passant par le MeM, le Roazhon Park, l’écluse du Moulin du Comte, le Mabilais, puis St Cyr. (Parfois les rameurs vont jusqu’à traverser le pont de République “pour frimer”). Une fois le bateau amarré, une pause au marché des Lices s’impose ! L’équipage fait ses emplettes, casse la croûte et reprend le canal dans le sens inverse. « En plus de se faire les bras, ces sorties sont l’occasion de redécouvrir Rennes sous un autre angle », ajoute Kellye.

Y d’Ille propose aussi une sortie en direction du Rheu – voyage tout autant bucolique – ou pour un air plus iodé, prend le cap sur la mer. La yole prend alors l’apparence de bateau pirate avec ses voiles hissées, et les rameurs peuvent ainsi reposer leurs bras fatigués. En famille ou entre potes, cette escapade est le moyen idéal d’échapper au barouf de la ville. Sur la yole, chacun peut prendre le temps d’observer la faune et la flore et se reconnecter aux éléments, comme un poisson dans l’eau.

Au prix idyllique de 5 euros pour les non-adhérents, la sortie rentabilise seulement l’entretien du bateau qui demande des soins particuliers. L’hiver, l’association refait la peinture et le vernis pour protéger le bois, raccommode le calfatage ou ponce les avirons. Les travaux les plus fastidieux consistent à trouver un équilibre entre séchage et mouillage de la yole, car pour flotter, le bois doit se gorger en eau et gonfler afin que les joints se resserrent. Trop mouillé comme trop sec, le bois se fragilise et le bateau n’est plus navigable. Ces gestes techniques, c’est toute l’association qui s’en occupe à tour de bras, en fonction des disponibilités de chacun.

Même l’hiver, quand le bateau est à l’arrêt, le travail continue afin de permettre à Y d’Ille de retourner à l’eau la saison suivante. À côté des sorties, l’association forme des futurs chefs de bord pour pérenniser l’activité. Elle réalise aussi des entraînements au montage d’un mât et organise des apéros nœuds, où les gestes de matelotage enseignés sont accompagnés d’un verre.