De cette crise sanitaire, que l’on associe volontiers au pire, certains choisissent d’en extraire le meilleur. Face à la perte de son emploi, Rémi Clémenceau a entrepris de se lancer dans une reconversion professionnelle qui le démangeait depuis longtemps : devenir propriétaire d’un petit commerce de proximité. C’est donc pour affûter son projet que ce Français installé à Madrid va partir à la rencontre de gérants de bars, restaurants et épiceries entre l’Espagne et Camaret-sur-Mer sa commune d’origine.
Né en Normandie, Rémi Clémenceau a grandi à Camaret-sur-Mer, une petite ville portuaire trônant à la pointe de la presqu’île de Crozon. Après des études de commerce à Nantes, il s’installe à Madrid où il travaille notamment dans l’évènementiel ou dans les assurances, avant d’atterrir dans le secteur du tourisme. Malgré la carrière professionnelle fructueuse qu’il menait depuis bientôt dix ans en Espagne, pays dans lequel il a entretemps rencontré son épouse, Rémi a fini par réaliser qu’il était atteint d’un syndrome touchant de plus en plus de jeunes actifs : ne pas s’épanouir dans un métier qui correspond pourtant aux études menées.
En effet, le Camarétois Rémi Clémenceau n’éprouvait tout simplement aucune satisfaction dans la réalisation de son travail. Pire encore, il comprend qu’il fait partie de ceux qui ne font qu’attendre le week-end pour s’enfuir et se détache progressivement de ce monde de l’entreprise dont il ne saisit ni les tenants ni les aboutissants.
« Je pense faire partie de cette génération qui a fait des études pour faire des études… J’ai fini par réaliser que je ne m’épanouissaiS tout simplement pas dans mon secteur professionnel ».
Le premier confinement acheva de le convaincre. Entre le télétravail, l’isolement, l’austérité ambiante et le manque de perspectives, une envie de reconversion commença à germer dans la tête de Rémi qui finit par se décider à changer de cap. Touchée de plein fouet par la crise sanitaire, l’entreprise qui l’employait fut contrainte de mettre en place un plan de licenciements. La perte de son emploi fut une véritable libération pour Rémi qui a depuis trouvé le secteur vers lequel il souhaitait se réorienter.
Se remémorant ses petits boulots étudiant, il désire aujourd’hui devenir propriétaire et gérant d’un bar, d’un café, ou bien encore d’un restaurant ou d’une petite épicerie. Être patron d’un commerce de proximité viendrait selon lui assouvir ce manque de sens qui faisait tant défaut à ses anciens postes. Maîtriser de bout en bout sa chaîne de production, privilégier l’échange et le contact humain en fidélisant une clientèle locale… telles sont aujourd’hui les aspirations de l’ancien salarié en entreprise.
Ouvrir son propre commerce est un projet qui nécessite autant de maturité de que de préparation, et qui est d’autant plus audacieux en cette période délicate. Avant de se jeter à corps perdu dans une telle entreprise, l’expatrié a jugé nécessaire de partir à la rencontre de restaurateurs, barmans et épiciers pour se nourrir de leurs expériences et mûrir son projet. Mais plutôt que de glaner par téléphone ou par mail les bons conseils de quelques professionnels, et souhaitant vivre une aventure humaine qui viendrait mettre à l’épreuve son corps en même temps que ses ambitions, Rémi a finalement décidé que ces rencontres se feraient in situ !
Ce n’est pas seulement pour « mener une étude de marché en marchant » que le projet Un bar après l’autre a vu le jour. Le but de cette aventure est aussi de mettre en lumière le travail des patrons de bars, restaurants, cafés et autres petits établissements qui rythment la vie des villes, quartiers, villages et bourgs de France et d’Espagne, et qui sont aujourd’hui aux abois… Rémi ne se veut pas tant être le personnage principal que le narrateur du récit qu’il s’apprête à écrire. Au gré des kilomètres, il frappera aux portes des commerces de proximité qui se trouveront sur son chemin, et espère pouvoir s’entretenir avec leur propriétaire, relayer leur histoire et s’en inspirer pour construire son projet professionnel.
D’ici quelques semaines, Rémi arpentera les routes d’Espagne et de France en direction du village qui l’a vu grandir. Si Camaret-sur-Mer fut défini comme destination finale, c’est parce que cette quête de sens est aussi une quête introspective, et devait comme tout voyage spirituel s’accompagner d’un retour vers les origines. En outre, Rémi explique avoir tout simplement envie de rendre visite à sa famille et ses amis, et rappelle avec humour que de toute façon « après Camaret il n’y a rien, c’est le bout du monde ».
Le départ est prévu pour mi-avril. Si la question ne se pose pas en Espagne, pays où les bars et restaurants sont encore ouverts, reste le problème de la fermeture prolongée des établissements en France. De nature positive, Rémi Clémenceau espère que les bistrots, cafés et autres restaurants, qui font le charme des villes et villages de l’Hexagone, seront à nouveau autorisés à ouvrir d’ici son arrivée sur le sol français prévue pour mi-mai. S’il s’en tient à sa feuille de route, il débutera son périple depuis Camino de Madrid pour ensuite rejoindre Sahagun, Burgos, Bayonne, Dax, Saint-Jean d’Angely, Nantes, Landévennec et enfin Camaret-sur-Mer. Au total, quelque 1776 Kilomètres attendent notre pèlerin qui devrait boucler son itinérance en un peu plus de deux mois. Les rencontres faites en chemin seront narrées sur son compte Instagram ainsi que sur son blog où vous pouvez d’ores et déjà trouver un premier post dans lequel Rémi relate l’histoire de Pedro Reyes, propriétaire de l’emblématique bar madrilène La Redicha.
remi.clemenceau[@]gmail.com
www.unbarapreslautre.com (blog officiel)
@un_bar_apres_lautre (Instagram)