Saint-Jean-sur-Couesnon : un couple d’éleveurs victime du vol de 57 brebis en un mois

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vol brebis

À Saint-Jean-sur-Couesnon, en Ille-et-Vilaine, Élise Gentihomme et Laurent Le Chevert vivent une période difficile. En l’espace d’un mois, ils se sont fait dérober 57 brebis, lors de deux larcins distincts. Au-delà du préjudice financier, c’est une véritable épreuve psychologique pour ce couple d’éleveurs installés en brebis laitières bio depuis 2019. « C’est dur émotionnellement. On élève nos bêtes avec respect. Ce sont des vies », confie Élise, profondément affectée.

Pourtant, rien ne semblait devoir venir enrayer la dynamique patiemment construite à la ferme. Depuis trois ans, Laurent affine méthodiquement ses techniques de pâturage afin d’optimiser la valorisation du parcellaire en herbe tout au long de l’année pour leurs 280 brebis Lacaunes. Le travail sur le terrain est constant : la mise en place d’un pâturage tournant rigoureux, calé sur les saisons et les cycles de reproduction, permet une production laitière en bio à la fois durable et efficiente.

La ferme, l’EARL Pérouzel, s’appuie aujourd’hui sur 30 hectares accessibles depuis les bâtiments, avec des mises bas en février pour les brebis adultes et fin avril à début mai pour les agnelles. Le pâturage est organisé en quatre grands blocs. Le premier de 34 ha, divisé en deux zones pour le printemps, couvre le pic de lactation. Un deuxième bloc de 17 ha est exploité en monotraite durant l’été, jusqu’à 4 km de distance. Enfin, un dernier ensemble de 5 ha, à 6 km, est réservé aux périodes de tarissement, en fin d’été et à l’automne. « On rend le maximum de terres accessibles. Parfois il y a jusqu’à 4 km de distance à parcourir. Cela demande du temps mais assure une meilleure gestion du parasitisme », explique Élise, qui participe activement à la gestion des troupeaux depuis son installation avec Laurent.

Cette gestion fine du pâturage passe aussi par une vigilance accrue sur l’état sanitaire des prairies. « La première année, je fauchais chaque parcelle entre deux passages. Mais l’été humide ne nous a pas épargnés côté parasitisme… Maintenant, je veille à remettre les animaux sur des parcelles fraîches », souligne Laurent. Lors d’un après-midi d’échange sur le pâturage, organisé par Agrobio 35 le 25 avril dernier, le jeune éleveur a partagé son expérience et les ajustements réalisés sur l’exploitation.

Les sorties des brebis débutent dès janvier, avec un travail au fil avant pour les guider sur les paddocks. Le troupeau effectue plusieurs rotations : deux passages sur le premier bloc hivernal, puis, au printemps, intègre le deuxième bloc fauché fin avril. Chaque ensemble de paddocks est pâturé durant deux à quatre mois et fauché deux fois dans la saison pour maintenir la qualité de l’herbe.

Cette rigueur, ce lien au vivant et cette quête de cohérence écologique et économique sont aujourd’hui violemment heurtés par un vol d’animaux, à la fois brutal et incompréhensible. À ce jour, les auteurs n’ont pas été identifiés. Le couple a porté plainte, mais au-delà des démarches judiciaires, c’est un appel à la solidarité du monde agricole et de la société civile qu’ils lancent. « Ce n’est pas seulement notre outil de travail. C’est notre engagement, nos choix de vie, et une certaine idée du soin porté au vivant », concluent-ils avec dignité.