Vague de chaleur en librairie à partir du 13 août ! Selon la source Livre Hebdo, 484 nouveaux romans, soit 25 de plus que l’an dernier, sont attendus jusqu’au mois d’octobre. Et ce n’est pas toujours facile de se repérer dans cette jungle littéraire. Alors, voici quelques conseils pour dénicher quelques pépites.
En littérature française (344 romans), les projecteurs seront fixés sur les auteurs incontournables. Amélie Nothomb, Sorj Chalandon, Nathacha Appanah, Laurent Gaudé, Emmanuel Carrère et Laurent Mauvignier ne manqueront pas d’attirer l’attention.
Certains figurent déjà dans la première sélection pour le Prix du Roman Fnac 2025. Tout comme L’oreille absolue (Éditions de l’Olivier, 22 août 2025) d’Agnès Desarthe. Dans ce beau roman polyphonique, l’auteur jongle avec le destin de plusieurs personnages. Ils n’ont rien en commun, si ce n’est d’appartenir à la même harmonie municipale. Une fillette timide les observe, elle sait qu’un fil les relie. Qu’il vienne à rompre, et la musique s’arrêtera.
Dans le cadre de la collection Ma nuit au musée, Kaouther Adimi passe une nuit à l’Institut du monde arabe. Elle souhaite raconter le destin de Baya, une peintre algérienne célébrée par Matisse et Picasso ; mais dans le silence du musée, un autre récit s’impose. La joie ennemie (Stock, 20 août 2025, feuilleter) est un texte puissant dans lequel l’auteur tente une fois de plus de combler les silences qui hantent ses souvenirs.


Le silence autour d’un drame familial est aussi le point de départ du nouveau roman d’Antoine Wauters. Haute folie (Gallimard, 21 août 2025, feuilleter) raconte la vie de Josef. Le jour de sa naissance, sa famille vit une série de drames. Comment peut-on se construire sans rien savoir ce qui définit sa lignée ? Et sous la plume fulgurante de l’auteur, ce roman sombre met en lumière la folie et marginalité que le silence des malédictions impose.
Jakuta Alikavazovic signe aussi un très beau roman sur les non-dits. Au grand jamais (Gallimard, 21 août 2025, feuilleter) est la quête de souvenirs d’une fille qui vient de perdre sa mère, une poétesse reconnue en son pays. Et si vous souhaitez aller au-delà des photos choc des médias sur la situation à Gaza, suivez l’écrivain Richard Benzine. Avec son narrateur photographe, il va au-delà des regards pour
connaître la vie des gens. Comme celle de L’homme qui lisait des livres (Julliard, 21 août 2025). Un roman éclairant et poignant.
La rentrée littéraire est aussi l’occasion de découvrir des primo-romanciers. Parmi les 73 premiers romans annoncés, en voici quelques uns qui méritent attention. Gabrielle de Tournemire donne la parole à deux enfants handicapés. Des enfants uniques (Flammarion, 27 août 2025, feuilleter) qui ne manqueront pas de vous attendrir et de vous donner espoir. Car ils ne sont pas des handicapés mais des enfants « capables autrement ». Dans une société qui veut les exclure et grâce à l’empathie de quelques uns, Hector et Luz tentent de vivre une
formidable histoire d’amour. Une écriture précise et incarnée sert ce très touchant roman d’apprentissage.
Severine Cressan rend hommage aux nourrices, ces femmes auxquelles les familles aisées confiaient leurs enfants contre rémunération. Nourrices (Dalva, 29 août 2025) est l’histoire de Sylvaine, une jeune mère qui accueille une petite fille de la ville afin de l’allaiter. Mais une nuit, elle trouve dans la forêt un nourrisson abandonné. Elle tisse avec ce bébé un lien fusionnel. Un drame lui donne l’occasion de lui offrir un autre destin. Un roman sensuel et bouleversant.

Camille Bordas signe un roman choral sur l’art et la difficulté d’être soi. Des inconnus à qui parler (Denoël, 20 août 2025, feuilleter) se passe sur une journée dans une université de Chicago. Une nouvelle professeure, star du stand-up, confronte ses étudiants à leurs ambitions et leurs démons. Un roman remarquable, intelligent et teinté d’humour.
Parmi les 140 romans traduits annoncés en cette rentrée littéraire, on retrouve là aussi quelques ténors attendus. Javier Cercas, Elif Shafak, Audur Ava Olafsdottir, Jim Fergus, William Boyd et Tommy Orange qui s’est fait connaître en France en 2019 avec la traduction de son Prix
Pulitzer, Ici n’est plus. Adam Rapp nous convie À la table des loups (Seuil, 22 août, traduit de l’américain par Sabine Porte, feuilleter). Les quatre enfants Larkin ont quitté la maison familiale pour vivre leur vie professionnelle et familiale. Leurs existences sont radicalement différentes. Et pourtant, une certaine violence les effleure et les rapproche. En balayant soixante ans d’une histoire familiale, l’auteur explore les traumatismes qui influent sur les vies pendant plusieurs générations. Un roman profond servi par une langue vive et précise.
Carys Davies nous emmène sur une île perdue au large de l’Écosse en 1843. Là, Ivar, le dernier habitant trouve sur la plage un homme inconscient. John Ferguson, pasteur, est en fait mandaté pour chasser Ivar de ses terres. Dans l’ignorance, Ivar l’accueille chez lui. Éclaircie (La Table ronde, 28 août, traduit de l’anglais par David Fauquemberg, feuilleter) est un drame intime autour des aléas de l’histoire qui bousculent le destin des hommes.
John Boyne, dans une narration envoûtante, aborde régulièrement les difficultés rencontrées par les jeunes dans l’Irlande catholique. Les éléments (JC Lattès, 20 août, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, feuilleter) est une suite de quatre récits subtilement imbriqués. Quatre personnages sous le signe de la Terre, de l’Eau, du Feu et de l’Air. Avec lesquels on aborde la pédophilie, l’homosexualité, le viol, la reconstruction. Un très grand roman qui fait réfléchir sur les notions de culpabilité et d’innocence.


Si la majorité des nouveaux polars paraîtront en septembre, on distingue tout de même quelques titres en cette deuxième quinzaine d’août.
Baignades (Rivage noir, 20 août 2025) d’Andrée A. Michaud est un thriller implacable qui explore la destruction d’une famille. Max, Laurence sa femme et leur fille Charlie viennent d’arriver au camping de Lac aux Oies pour passer de merveilleuses vacances. Mais certains incidents vont ternir le séjour. Même point de départ pour le thriller psychologique de Vera Buck. Henrik et Nora partent pour des vacances idyllique avec Fynn, leur fils de cinq ans. Ils s’installent dans une petite maison isolée au coeur du Västernorrland suédois. Simultanément à la disparition de Flynn, une botaniste découvre le squelette d’un enfant dans les bois. La cabane dans les arbres (Gallmeister, 20 août 2025, traduit de l’allemand par Brice Germain) propose une intrigue forte et inquiétante dans un cadre sauvage.
Huis-clos magistral dans un TGV entre Paris et Marseille. Franzo Pizarro laisse disparaître un à un quelques passagers embarqués dans The train, Le voyage maudit (Le héron d’argent, 28 août 2025). Qu’y aura-t-il à la sortie du tunnel ?

L’été est aussi l’occasion d’emmener un livre en format poche dans toutes les excursions. Alors voici quelques nouveautés dans ce rayon.
Rousse de Denis Infante (Points, 22 août) est une fable écologique qui saura vous émerveiller. Une jeune renarde s’apprête à quitter son territoire en proie à la sécheresse. Un roman poétique et lumineux dans la peau d’une jeune renarde qui affronte un monde en détresse. Le banquet des empouses (Livre de Poche, 20 août) d’Olga Tokarczuk. Au cœur de la région des Sudètes, un groupe d’hommes atteints de la tuberculose sont confrontés à d’étranges phénomènes.
Si Andrew O’Hagan est au programme de la rentrée littéraire avec son nouveau roman Caledonian road (Metailié, 22 août, traduit par Céline Schwaller), vous retrouverez en format poche son premier roman, Les éphémères (Points, 22 août, traduit par Céline Schwaller). Un roman brillant sur l’amitié et la fin de vie sous la musique des années 80.
Parmi les romans noirs, Les guerriers de l’hiver (Pocket, 14 août) d’Olivier Norek, lauréat du Prix Renaudot des Lycéens, est une fresque historique haletante parfaitement documentée. Une leçon de courage en résonance avec notre monde actuel.
Lisez, « La réalité est la même, rien ne renverse l’oppression, mais l’esprit, lui, s’envole. » Richard Benzine, L’homme qui lisait des livres
