2021, comme une envie de se faire plaisir et de tourner une page ! Ne nous leurrons pas, nous ne sommes pas sortis de la crise, mais la rentrée littéraire d’hiver réserve tant de belles promesses…
493 romans paraîtront en janvier et février 2021 dont 340 romans français. Autant dire que vous aurez une grande liberté de découverte. Une soixantaine de premiers romans font face aux habitués des rentrées littéraires dont Olivier Adam, Philippe Besson, Philippe Delerm, Raphaëlle Giordano, Yasmina Reza, Leïla Slimani, Mazarine Pingeot. Parmi les 153 romans traduits, vous aurez plaisir à retrouver Graham Swift, Milena Agus, Chris Kraus, Kate Moss ou Zoé Valdes.
Mais je commence par une auteure qui, de sa plume poétique et sensible, sait donner tant d’émotions à ces moments fragiles de l’existence. Gaëlle Josse part de Ce matin-là (Éditions Noir sur Blanc, 7 janvier 2021), où Clara, jeune femme compétente et investie, abandonne son travail. Elle s’isole de tous : ses amis, sa famille, ses collègues. Pour refaire surface, elle devra remonter le cours de sa vie, replonger dans l’enfance. Une histoire minuscule et universelle qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer.
Brèves de solitude (Albin Michel, 6 janvier 2021) est le nouveau roman de Sylvie Germain. En grande observatrice de ses contemporains, l’auteure explore les réactions d’inconnus, forcés à la réclusion. Brusquement, ils se trouvent confrontés à eux-mêmes, à leur vie intérieure et à la part d’inconnu, de vide ou de chaos qu’elle recèle. Le tragique se mêle à la tendresse, la douleur de l’isolement cède face à la force de l’amitié.
Judith Perrignon nous emmène à Detroit en 2013. Ira, flic d’élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s’est déroulée son enfance. Là où nous dansions (Rivages, 6 janvier 2021) est l’histoire d’une ville combative, fière et musicale que le racisme et la crise économique ont brisé. De sa plume puissante, l’auteure convoque l’histoire pour comprendre la détresse et la violence d’un lieu en perdition.
Louise Erdrich est une auteure incontournable de la littérature amérindienne. Avec L’enfant de la prochaine aurore (Albin Michel, 6 janvier 2021, traduit par Isabelle Reinharez), Louise Erdrich nous entraîne bien au-delà de la fiction, dans un futur effrayant où les notions de liberté et de procréation sont des armes politiques. Cedar Hawk Songmaker, une jeune Indienne adoptée à la naissance par un couple de Blancs de Minneapolis, apprend qu’elle attend un enfant. Mais dans ce nouveau monde semblable à la République de Gilead de Margaret Atwood dans La servante écarlate, Cedar choisit de fuir pour sauver son bébé. L’auteure compose ainsi une fable orwellienne où la puissance de l’imagination dépasse le réel.
Après un premier roman remarquable, Abby Geni poursuit son exploration du monde animal pour envoûter ses lecteurs avec des fables écologiques rythmées. Zoomania (Actes Sud, janvier 2021, traduit par Céline Leroy) campe une petite fille embarquée dans l’aventure de son grand-frère, militant de la cause animale. Entre l’Oklahoma et la Californie, l’auteur nous emmène dans une course-poursuite époustouflante de réalisme sensoriel et d’intelligence narrative.
Alors que l’Albanie bascule dans le chaos, Bujar, adolescent solitaire, décide de suivre l’audacieux Agim, son seul ami, sur la route de l’exil. Ensemble, ils quittent le pays pour rejoindre l’Italie. La traversée (Buchet-Chastel, 14 janvier 2021, traduit par Claire Saint-Germain), deuxième roman du prodige finnois Pajtim Statovci, puise dans le folklore albanais, le récit de voyage et les grands romans d’apprentissage pour nous livrer, dans une prose enivrante, une fiction juste et brûlante d’actualité.
Justice indienne (Gallmeister, 7 janvier 2021, traduit par Sophie Aslanides) est le premier roman de David Heska Wanbli Weiden. Nous sommes en terre indienne dans le Dakota du Sud, là où les pires crimes restent impunis face à l’abandon de la justice américaine et au manque de moyen de la police tribale. Virgil Wounded Horse y loue ses services en justicier aguerri. Défenseur des défavorisés, il prend ses missions à cœur. Lorsqu’une nouvelle drogue frappe la communauté et sa propre famille, Virgil en fait une affaire personnelle. Tiraillé entre traditions amérindiennes et modernité, il devra accepter la sagesse de ses ancêtres pour parvenir à ses fins.
Manger Bambi (Gallimard, 7 janvier 2021) annonce sa dualité dès le titre, mélange d’enfance et de violence. Bambi est une jeune adolescente, prête à tout pour sortir de la misère. Avec ses amies, elle découvre les sites de sugardating qui mettent en contact des jeunes filles pauvres avec des messieurs plus âgés désireux d’entretenir une protégée. Mais Bambi n’est pas du genre à se laisser faire. Dans un monde où on refuse aux femmes jusqu’à l’idée de la violence, Caroline de Mulder campe une adolescente qui n’hésite pas à rendre les coups, voire à les donner.
Roman incontournable du début 2020, Le consentement de Vanessa Springora paraît en version poche le 6 janvier aux Éditions Livre de Poche. Plus de trente ans après les faits, Vanessa Springora livre ce texte fulgurant, écrit dans une langue remarquable. Elle y dépeint un processus de manipulation psychique implacable et l’ambiguïté effrayante dans laquelle est placée la victime consentante. Sa propre histoire devient le reflet de notre époque, où certains usent de leur richesse ou leur célébrité pour profiter de la naïveté de la jeunesse.
En parallèle de la sortie du nouveau roman de Lyonel Trouillot (Antoine de Gommiers, Actes Sud, janvier 2021), retrouvez la poésie de l’auteur haïtien en version poche avec la parution de Ne m’appelle pas capitaine (Babel, 6 janvier 2021). Aude, apprentie journaliste d’un milieu aisé découvre un monde misérable, mais humain, grâce à un vieillard acariâtre surnommé Capitaine.
Je vous souhaite mes meilleurs vœux et de belles lectures pour cette année 2021.