Les Actualités littéraires de juin 2024

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En juin, éditeurs et libraires ont déjà un oeil vers la rentrée littéraire. Les lecteurs, impatients de compléter leur valise d’été avec quelques best-sellers de l’année, auront ce mois-ci peu de romans en vitrine des librairies. Allez, je vous en ai tout de même déniché quelques-uns…

En littérature française, place à un premier roman. Une fille du sud (Gallimard, 6 juin 2024) de Juliette Granier est une saga familiale qui prend sa source dans un domaine vinicole de la Catalogne française. Catalina, née en 1980, est élevée dans une famille de femmes où la grand-mère impose sa loi. Jeune fille solitaire et farouche, Catalina doit assimiler l’apprentissage du pouvoir et des relations amoureuses. Une affaire de mœurs familiale vient bouleverser tout cela. Il est alors question pour Catalina d’œuvrer à sa propre délivrance.

Une fille du sud

Avec un roman autobiographique inédit, écrit en 1946, Edgar Morin, l’un des plus grands penseurs de notre temps, aujourd’hui centenaire, revient en librairie avec L’année a perdu son printemps (Denoël, 5 juin 2024). Albert Mercier, fils unique, perd sa mère à l’âge de dix ans. Son père, pour le préserver, lui cache cette mort, et Albert s’enferme dans la douleur. Ce livre raconte son adolescence solitaire, nourrie de romans et de films, ses années de lycée, où il trouve ses premiers amis. Vient ensuite l’entrée en politique puis dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale. Ce roman éclaire la construction intellectuelle et politique de l’auteur.

Edgar Morin L’année a perdu son printemps

En littérature étrangère, l’écrivaine néerlandaise, Sarah Meuleman nous laisse une agréable injonction, Aimez-moi (Gallimard, 13 juin 2024, traduit par Isabelle Rosselin). En empruntant les codes du roman noir, l’auteur explore les liens familiaux qui nous unissent et nous détruisent. Quinze ans après un accident de voiture, Aimée et Margot replongent dans ce souvenir quand leur père, chauffeur de la voiture, est impliqué dans une affaire de disparition. Aimée, devenue influenceuse, va mener l’enquête, en y impliquant ses nombreux followers. Grâce à un habile jeu de miroirs, Sarah Meuleman nous plonge dans une vertigineuse réflexion autour de la puissance de la narration et de la mise en scène de soi.

Sarah Meuleman Aimez-moi Gallimard

Après le succès d’Une saison à Longbourn, Jo Baker propose une nouvelle saga historique qui mêle danger, amour et complot sur fond de Blitz dans le Londres de 1940. La saison des ombres (Robert Laffont, 6 juin 2024, traduit par Christel Gaillard-Paris) met en scène une jeune femme de vingt ans, dactylo au ministère de l’information, en deuil de son frère sur les champs de bataille français. Après une autre mort énigmatique, la jeune femme se sent suivie par un inconnu. Rongée par le chagrin et la méfiance, elle perd toute confiance. Peut-elle même avoir confiance en elle ?

Une saison à Longbourn Jo Baker

Vous aurez une fois de plus davantage de choix en littérature noire. Camilla Läckberg (Le nid du coucou, Actes Sud, traduit par Andreas Saint Bonnet), Jonathan Kellerman (Le musée des désirs, Seuil, traduit par Eric Betsch), James Patterson (Criss cross, JC Lattès, traduit par Béatrice Roudet-Marçu) ou Mo Hayder (Tokyo, Presses de la cité, traduit par Hubert Tézenas) sont de retour dans les librairies françaises en juin.

Se perdre ou disparaître

Mais attardons-nous sur un huis-clos dans les grandes forêts de l’Idaho avec Se perdre ou disparaître (Buchet-Chastel, 6 juin 2024, traduit par Alice Delarbre). Guide forestière, Emlyn a trouvé, au milieu d’une nature généreuse, un refuge pour oublier son passé. Pourtant, sa nouvelle vie vole en éclats quand elle apprend la disparition d’une campeuse dans les environs. Emlyn connaissait cette jeune femme. Kimi Cunningham Grant signe un thriller grisant dans lequel une jeune femme rattrapée par son passé est confrontée aux doutes et aux dangers d’un lieu qu’elle pensait connaître.

Benjamin Stevenson Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un

Envie de vous amuser à résoudre une enquête à la Agatha Christie, rejoignez le train de Benjamin Stevenson. Après le désopilant Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un qui paraît d’ailleurs ce mois-ci en version poche, l’auteur joue avec nos nerfs dans ce roman à énigme. Invité à un festival consacré au roman policier, Ernest Cunningham a pris place à bord d’un train avec d’autres écrivains. À l’arrivée, il y a quelques morts et sur le trajet, une formidable enquête. Tout le monde dans ce train est suspect (Sonatine, 6 juin 2024, traduit par Cindy Colin- Kapen) est un vrai bonheur de lecture.

Le nageur Pierre Assouline

Un petit tour au rayon Poche. Avec Le nageur (Folio, 6 juin 2024), Pierre Assouline retrace le destin exceptionnel d’Alfred Nakache (voir notre article). Ce sportif de haut niveau fut sélectionné pour représenter la France aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 puis à ceux de Londres en 1948. Dans une époque tourmentée, c’est le récit d’une vie tournée vers l’excellence et le dépassement de soi.

Marilynne Robinson Jack

En littérature étrangère, ne ratez pas la talentueuse Marilynne Robinson avec Jack (Babel, juin 2024, traduit par Simon Baril). Une histoire d’amour autant que de survie, qui met en jeu deux pensées, deux postures morales et l’un des personnages masculins les plus bouleversants et facétieux de la littérature, à la frontière entre l’ombre et la lumière.

Troubles Louise Kennedy

Autre histoire d’amour entre deux personnes que tout oppose. Troubles (Folio, 6 juin 2024, traduit par Cécile Leclerc) de l’irlandaise Louise Kennedy se passe en 1975 dans la banlieue de Belfast. Cusha, jeune enseignante dans une école catholique rencontre Michael, avocat défenseur de membres de l’IRA, protestant marié plus âgé. Leur histoire d’amour vacille lorsqu’un parent d’élève est laissé pour mort.

La bestia Carmen Mola

Pour les amateurs de romans noirs, La bestia (Babel, juin 2024, traduit par Anne Proenza) de Carmen Mola est un thriller d’une grande puissance narrative. Au printemps 1834, dans Madrid assaillie par les guerres carlistes et le choléra, le cadavre d’une pré-adolescente est retrouvé sauvagement démembré. Le crime est attribué à une bête chimérique. Mais une journaliste n’y croit pas et elle mène l’enquête avec un policier borgne et désabusé. L’enfer n’est pas là où on pense.

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Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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