Affaire Merah > Une minute de silence qui traumatise nos enfants

En hommage aux enfants ignominieusement assassinés par Mohamed Merah, le président de la République a décrété sur un coup de tête une minute de silence dans toutes les écoles de France. Le lendemain vers 11 heures, pour ce faire, il a fallu aux enseignants en expliquer la raison aux élèves. Et c’est bien là que le bât a blessé.

A Rennes ce matin, devant le porche des écoles, de nombreux parents d’élèves confiaient leur désarroi. Depuis mardi, chacun est confronté à des réactions de peur de leurs enfants, plus ou moins traumatisés selon l’âge. Il en va ainsi de Malo, élève de petite section, que sa mère n’arrive pas à rassurer.

Il n’a compris qu’à moitié les explications de sa maîtresse : « le monsieur n’aimait pas les enfants parce qu’ils étaient pas de la même culture qui lui » et qu’« il s’est bagarré avec des policiers qui l’ont tué » (un élève de grande section a trouvé malin de lui dire à la récré que « les balles lui avaient cassé la tête en morceaux »). En revanche, il ne voit pas pourquoi « un autre monsieur ferait pas encore à nouveau la même chose dans mon école ».

Que répondent les parents ? Cela n’arrivera plus, cela a très peu de chances d’arriver… Faut-il mentir à ses enfants en leur affirmant que cela n’arrivera plus jamais ? Chaque cas est différent. Parmi ces milliers de cas, Malo, quant à lui, a refusé jusqu’à aujourd’hui de retourner à l’école où il se sent en danger.

« Lors de mes dernières séances, plusieurs enfants sont arrivés dans un état agité et j’ai dû recentrer le travail sur la gestion de cette indigestion psychique », nous a confié Emmanuelle, pédopsychologue.

Encore une fois, Nicolas Sarkozy a suivi son puissant instinct d’animal politique et décrété à chaud une minute de silence, il n’a ni réfléchi aux conditions de mise en pratique ni aux conséquences à moyen et long termes. Ce qui renvoie aux limites d’une gestion des événements pilotée par l’intuition et l’émotion. En attendant, ce sont les enfants qui en paient les pots cassés. Et les parents d’en recoller les morceaux.

Nicolas Roberti

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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