La Confluence à Betton, dans l’Ille-et-Vilaine, accueille l’exposition De Femmes à femmes de la photographe Françoise Huguier. Sont réunies 70 photographies intimes et touchantes de la Française qui a passé les 60 dernières années à explorer l’Asie et l’Afrique, avec un regard intime et sans filtre.
C’est en revisitant Secrètes, travail sur l’intimité des femmes au Burkina Faso et au Mali que Françoise Huguier a eu envie d’approfondir la recherche dans ses archives. Les femmes apparaissent dans tous ses reportages : à Saint-Pétersbourg dans les appartements communautaires pour le projet Kommunalki, à Deauville dans les logements sociaux, en Sibérie polaire et au Japon, dans les bains, à Durban, en Afrique du Sud, dans les foyers et dans les townships, au cœur des défilés de mode où la présence des femmes en tant que photographe est alors inexistante.
« La photographie a besoin de paroles. Moi, j’ai besoin de parler, ça fait partie de mon métier. Comme tous les photographes, je suis une manipulatrice, mais je ne me jette pas sur les gens, je cherche à les comprendre avant de shooter. Je ne triche pas, je ne fais pas de provocation, je ne déforme rien. (…)Il faut être rassurante et attentive. Etre à l’écoute. Et avoir des réserves d’humour. J’ai l’esprit de répartie, ça aide. La photographie est l’école de la patience. » Françoise Huguier
Qui est Françoise Huguier ?
Photographe française, membre de l’Agence VU’, Françoise Huguier travaille et vit principalement à Paris.
En parallèle des mondes de la politique, de la culture, et surtout de la mode qu’elle documente à partir de 1976, c’est le monde comme territoire de rencontres que Françoise Huguier commence à sillonner à la fin des années 1980. Que ce soit en Europe, en Afrique ou en Asie, elle y porte le même œil singulier et graphique qui ne manque jamais d’humour. De la photographie de mode au reportage, de l’instantané aux mises en scène, la photographie de Françoise Huguier documente et révèle la diversité du monde, de ses territoires et sociétés.
En 1989, elle parcourt le continent africain sur les pas de Michel Leiris. Un voyage inaugural qui lui inspire son premier ouvrage, « Sur les traces de l’Afrique fantôme », (éd. Actes Sud, 1990) – lauréat de la Villa Médicis hors les murs. Forte des liens tissés au cours de ce premier séjour, Françoise Huguier fonde en 1994 la première Biennale de la photographie de Bamako (Mali) qui vise à promouvoir la photographie africaine contemporaine à l’international. Elle initie également un travail photographique sur l’intimité des femmes au Burkina-Faso et au
Mali (« Secrètes », Actes Sud, 1996).
En 1993, c’est le territoire russe qu’elle arpente avec « En route pour Behring » (ed. Maeght), journal de bord de son voyage en solitaire en Sibérie, lauréate de la Villa Médicis hors les murs et d’un Word Press Photo. Poursuivant ses recherches sur l’intimité, la vie sociale et les traces de l’histoire, elle séjourne deux mois par an, entre 2000 et 2007, dans les appartements communautaires de Saint-Pétersbourg, révélant les survivances du monde soviétique tout autant que les méandres inhérents au vivre-ensemble (« Kommunalki », ed. Actes Sud, 2008 et « Kommunalka », long métrage documentaire, 2008).
L’Asie du Sud Est devient dans les années 2000 l’une de ses destinations de prédilection. En 2004, cinquante ans après avoir quitté le Cambodge, elle revient sur les traces de son enfance prisonnière des Viêt Minh (« J’avais huit ans », Actes Sud, 2005). En résidence d’artiste à Singapour en 2009, elle amorce un voyage au cœur des classes moyennes en Asie du Sud-Est ; un travail distingué en 2011 du Prix de photographie de l’Académie des Beaux-Arts.
Elle poursuit son étude de 2010 à 2012 avec « Vertical /Horizontal, Intérieur /Extérieur » (Singapour, Bangkok, Kuala Lumpur), avant de l’étendre aux sociétés postmodernes d’Asie du Sud Est avec, en 2014, les hijabistas en Indonésie et le mouvement KPOP en Malaisie, puis, dans le cadre des années croisées France-Corée (2014-2015), les bouleversements de la société séoulienne (« Virtual Séoul », Actes Sud, 2016). Une œuvre qui a été exposée au Musée de l’Histoire de la ville de Séoul (2016), au Pavillon Carré de Baudouin à Paris (2016), ainsi
qu’au Musée Olympique de Lausanne (2017).
En 2017, elle expose pour le Mois de la Photo, Grand Paris – L’approche intimiste de Françoise Huguier. Un travail réalisé en collaboration avec la Société du Grand Paris, pour lequel elle est allée pendant trois ans à la rencontre des familles habitant près des futures gares. Cette même année, elle poursuit un projet sur les logements sociaux à Deauville.
En 2020, Françoise Huguier est à l’honneur au Musée du Quai Branly à Paris avec « Les Curiosités du monde de Françoise Huguier ». Une exposition conçue comme un carnet de voyage qui présente une sélection d’objets insolites qu’elle a glanés dans le monde entier. Des
objets qui ont été autant une source d’inspiration pour ses images et qu’elle partage dans La Curieuse, un ouvrage publié aux éditions Filigranes (2020).
Lauréate de nombreux prix prestigieux, Françoise Huguier reçoit en 2012 les insignes d’Officier des Arts et des Lettres. Régulièrement exposée en France et dans le monde, son œuvre a notamment fait l’objet d’une rétrospective à la Maison européenne de la Photographie en
2014. En 2018, Reporters sans frontières lui consacre un album de la collection « 100 photos pour la liberté de la presse ». En janvier 2023, l’Académie des Beaux-Arts a élu Françoise Huguier au fauteuil V de la section de photographie. Parallèlement à son activité d’artiste photographe, elle est également régulièrement sollicitée pour assurer le commissariat d’expositions et de biennales (Photoquai, Mois de la photographie à Paris, Biennale de Luang Prabang…).
INFOS PRATIQUES
Horaires d’ouverture
DU MARDI au VENDREDI : 16H-18H30
SAMEDI : 14H-18H
DIMANCHE : 10H-14H & 15H-18H
Entrée libre et gratuite
La Confluence
Place Charles de Gaulle (derrière la mairie)
35830 Betton
Informations : 02 99 55 05 45