Boy George est de retour en 2014 pour un nouvel album. L’occasion de revenir sur sa carrière et de voir ce que 18 ans de silence ont pu apporter à cet artiste inclassable. Présentation du nouvel opus de Boy George This Is What I Do.
Pour ceux qui ont connu les années 80, Boy George est une figure de la musique anglaise – autant par son look que par la difficulté à le classer dans un genre. La New Wave n’était pas assez large pour lui alors qu’il emprunté déjà des sentiers de traverse. Icône gay, délaissant son groupe Culture Club pour investir les clubs, il influencera le mythique Ministry of Sound et l’Angleterre des années 90. Et puis la nuit l’a emporté…un peu trop loin de la musique, un peu trop près des flashs des paparazzis. Des albums sont sortis durant les années 2000, ils ne reprenaient que d’anciens travaux ou remixaient des titres. Grâce à ces titres, quelques duos et participations diverses, de quoi se maintenir dans la mémoire collective…
Boy George est donc de retour. Avec un notable changement… physique. Moins d’excentricité vestimentaire, moins de maquillage. Un côté dandy british, comme pour retrouver l’équilibre après la descente aux enfers qu’il a pu connaître. Reste que This Is What I Do surprend par son éclectisme. Alors qu’il est d’une pop classique bon teint, il n’hésite pas à emprunter ces registres reggae qu’affectionnait déjà Boy George à ses débuts. Point de surproduction ici. Tout est épuré ici. D’où une large place à la voix si particulière du chanteur – un peu plus grave que par le passé. Aucun hit racoleur, mais des textes bien composés.
Star est ainsi un bon titre reggae, bien chaloupé aux couplets aussi efficaces que le refrain, rappelant au passage que l’Angleterre est bien la deuxième patrie du reggae. Dans le même style, Live your Life ne déparerait pas un concert à Kingston avec Horace Andy. C’est bien d’ailleurs ce qui ressort de This Is What I Do avec quelques excursions electro-dub comme dans le très prenant Feel the Vibration. Les titres les plus pop s’oublient bien plus vite… Non pas que King of Everything soit un mauvais titre, mais il reste… banal. Les morceaux « hybrides » comme Bigger than War ne sont pas plus convaincants. Boy George aborde son rapport profond à la religion avec My God, titre assez accrocheur et à tendance pop-rock. Il parle de ses addictions passées, de sa descente aux enfers. On le retrouve tendance folk dans It’s Easy où sa voix reprend quelques vibratos du passé. La voix semble plus fragile, à la limite de la brisure comme dans Death of Samantha, titre très touchant de Yoko Ono.
Boy George surprend et rassure à la fois. Cette voix electro dub lui sied à merveille et semble bien faire la synthèse d’une carrière si riche. 18 ans de silence qui se révèlent profitables !
Boy George This Is What I Do chez EMI, 27 janvier 2014, 15€
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Boy George This Is What I Do : Derrière le maquillage…