Le ciné TNB, suite au départ de son programmateur Jacques Frétel, tourne une page de son histoire. Changement de plan ? Dans la continuité d’une ligne éditoriale axée sur l’art et essai, le ciné TNB entend explorer de nouvelles frontières. Rencontre avec Timothée Zagula.
27 ans de salles obscures et de blanches toiles pour le ciné TNB. Son directeur historique, Jacques Frétel, a laissé la place. Le Théâtre National de Bretagne poursuit sa mue. Le départ de François Le Pillouër et l’arrivée d’Arthur Nauzyciel bouleversent également la donne. Que va devenir le ciné TNB dans ce contexte ? Il convient du reste de replacer ce changement dans le bouleversement global du paysage cinématographique rennais : l’Arvor s’installera bientôt dans le quartier de la gare et disposera désormais de 5 salles (au lieu de 2 actuellement). Rôle du ciné TNB, relation à Arthur Nauzyciel, importance de l’art et essai à Rennes, histoire du cinéma et des cinéastes : Timothée Zagula passe en revue les transformations de la structure rennaise. Coup de projecteur !
Unidivers : Quand avez-vous pris les manettes du du Ciné TNB ?
Timothée Zagula : Depuis le départ de Jacques Frétel, l’ancien programmateur, il y a deux mois. Depuis mars, et ce jusqu’à la fin août, sur une première période de fin de saison. Le nouveau directeur du TNB, Arthur Nauzyciel, m’a fait confiance sur ces quelques mois. Puis on va faire un bilan en juillet et voir ensuite comment on repart sur la ligne éditoriale du cinéma et du théâtre, comment on va travailler ensemble à partir du mois d’octobre, jusqu’à la fin de saison 2018.
Unidivers : La ligne programmatrice va-t-elle changer ?
Timothée Zagula : Arthur Nauzyciel veut faire les choses en deux temps. On va rediscuter de la ligne éditoriale et programmatrice globale. Dans son projet artistique, proposé à la ville et à l’état, il a inclus le cinéma. Il a vraiment ancré le cinéma dans son premier mandat, pendant 4 ans. Le cinéma fera partie intégrante de la programmation théâtrale et danse.
Unidivers : Jusqu’à maintenant, les deux sphères étaient-elles séparées ?
Timothée Zagula : Oui, même si c’était quand même le ciné TNB. Disons qu’à la rentrée, ce sera plutôt le cinéma du TNB. On était indépendant, alors qu’on est dans la même structure. Ce sont des activités différentes, notamment sur la logistique et la temporalité. Le projet du cinéma TNB dans le cadre du projet artistique d’Arthur Nauzyciel donnera par exemple des cartes blanches à des metteurs en scène, des comédiens, des invités. Il y aura aussi des cartes à blanches à des rétrospectives de la Cinémathèque Française qui tourneront en région. Plus le travail, disons classique d’une salle d’art et d’essai, avec deux écrans : sorties nationales, avant-premières, des rencontres thématiques, avec associations et professionnels. On continue les partenariats avec Court Métrange, Travelling, Cinéma et Psychanalyse, Zanzan Films. Et des nouveaux projets à confirmer, avec le festival d’animation de Bruz. Et un projet avec le département Arts du Spectacle de Rennes 2, sur un cycle d’analyse filmique, sûrement le premier lundi du mois.
Unidivers : Pour le moment, on peut parler d’une phase de test…
Timothée Zagula : Oui, jusqu’à la fin de la saison. Le Ciné TNB affiche 700 films par an. Il s’agit de continuer notre travail auprès du jeune public et autour de l’éducation à l’image. Une ligne artistique et éditoriale va se dessiner sur la saison 2017/2018. Une saison test pour voir comment le public réagit, comment redonner la part belle aux classiques et à l’histoire du cinéma. On ne voudrait pas être seulement un lieu de diffusion, mais donner du temps aux films pour exister. Et rester dans la diversité : cinéma européen, asiatique, mondial, des cinématographies peu diffusées.
Unidivers : Dans la nouvelle ligne artistique, les rétrospectives seront-elles nombreuses ?
Timothée Zagula : Jusqu’au début des années 2000, on pouvait tout voir au ciné TNB et refaire sa culture cinématographique. Les choses ont évolué différemment par la suite, peut-être à cause des DVD ou des chaînes de télévision. Beaucoup moins de rétrospectives étaient programmées. Désormais, le Ciné TNB va y revenir : Buñuel, Tarkovski, Jean Eustache, Jacques Becker, Clouzot, Cassavettes… Il y aura quasiment une rétrospective toutes les six semaines.
Unidivers : Comment voyez-vous le paysage du cinéma d’art et d’essai à Rennes ?
Timothée Zagula : Nous sommes beaucoup sollicités par les distributeurs. Rennes est sous-équipé en art et essai. Seulement 4 écrans avec le cinéma Arvor. Il y a un partage intelligent qui se fait entre nous et l’Arvor. Mais c’est peu en art et essai : il manque encore 4 écrans. Si on veut absorber toute la diversité du cinéma, et donner de meilleures séances au film, il en faudrait 8 et la ville serait bien dotée. Le projet de 5 salles de l’Arvor est le bienvenu.
Unidivers : En tant que cinéma subventionné, devez-vous respecter un cahier des charges ?
Timothée Zagula : Les salles art et essai comme les nôtres bénéficient de subventions par le CNC ou Europa Cinema. Pour Europa Cinema, nous avons un quota de films européens à respecter : 50 % de films européens dont 30 % non nationaux. Chaque année, on remplit un dossier de demandes de subventions, au plan régional puis national ; il est apprécié en fonction du travail fourni l’année précédente : le nombre de films en exclusivité nationale, combien d’animations, combien de jeunes publics, combien de séances ? Cela nous permet de proposer des choses que d’autres cinémas ne font pas. Et ça, c’est essentiel.
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