Ellis et Neckbone, 14 ans, découvrent lors d’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississippi. C’est Mud : un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyance à laquelle Ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions quotidiennes entre ses parents. Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau qui lui permettra de quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. A-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de primes ? Et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’Arkansas ?
Jeff Nichols, génie du cinéma âgé de 34 ans, offre à son public une nouvelle un film qui confine au merveilleux. C’est au fin fond du Missisipi que ce récit d’aventures se déroule. Deux jeunes enfants de 14 ans, Ellis et Neckbone (Tye Sheridan et Jacob Lofland) rencontrent sur une île du Mississippi un type cabossé au plus profond de son intérieur. Ce Mud (Matthew McConaughey) est en cavale pour différentes raisons. Avant tout en raison de l’amour qu’il portait à la jolie Juniper (Reese Witherspoon)…
Pour se planquer en toute tranquillité il s’est caché sur une île désertée afin d’établir un plan qui va lui permettre de récupérer sa belle. C’est l’esprit de Mark Twain qui a été convoqué pour donner à l’atmosphère de ce film un supplément d’âme qui donne à l’ensemble une dose rare d’euphorie et une grâce absolue.
L’essence de l’enfance retranscrite est saisissante. Les sentiments éprouvés par les héros sont subtilement partagés. Le processus est une mécanique si brillante que le spectateur pourra s’identifier à l’enfant qui se traverse l’écran. Éloge réussi à la quintessence de l’enfance.
La scène nocturne où Mud raconte pourquoi il est là et pourquoi il a buté un type est remarquable et justifie tout le film. La caméra est en prise sur son visage qui est pénétré du monde de l’enfance.
Si l’histoire est passionnante, elle est réalisée à l’avenant. La dimension psychologique est subtilement dosée grâce à un art du montage achevé. Le résultat fait figure de mosaïque d’histoires pour enfants et de récits d’aventures parfaitement assemblés. Quant à la mise en scène, elle est magique. Elle ne s’encombre absolument jamais d’un effet de trop. Champs-contrechamps et clairs-obscurs relèvent de l’art pictural. Les paysages et les ciels sont aussi incroyables rendant la lumière totalement hypnotique. Les acteurs ne sont pas en reste avec un Matthew McConaughey extraordinaire.
Une œuvre magique et onirique qui parle au plus beau chez tout un chacun : cette part d’enfance qu’il ne faut jamais perdre sous peine de ne plus exister. Un film sur l’amour dans ce qu’il a de plus beau, de plus véloce, de plus innocent et surtout de plus grave.
David Norgeot
1 mai 2013 (2h 10min)
Réalisé par
Jeff Nichols
Avec
Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Jacob Lofland