Les Tombées de la Nuit accueillent Combustion, création ambitieuse du duo PAL/SECAM, dont vous ne ressortirez pas indemne, samedi 5 juillet 2025. Sur l’Esplanade Charles-de-Gaulle, un feu d’artifice d’images sera projeté sur un écran d’une quinzaine de mètres façon cinéma plein air augmenté. Entre documentaire et performance artistique, le public sera happé par un torrent de lumières réflexives conçu par Amaury Vanderborght et Cathy Blisson.
« Mon rêve, c’est d’arriver un jour à une forme spectaculaire de spectacle vivant qui utilise la pyrotechnie comme médium », confiait Amaury Vanderborght à Cathy Blisson lors de leur première rencontre. De formation acrobate, le circassien s’est tourné vers la pyrotechnie en quête de renouveau artistique. « Les artifices sont une matière incroyable, mais on en fait toujours des propositions peu intéressantes. »
En 2023, Amaury Vanderborght crée la compagnie PAL/SECAM avec Cathy Blisson, ancienne journaliste et critique de spectacle pour Télérama. Le duo explore divers médiums (vidéo, documentaire, pyrotechnie, installation) et conçoit des formats performatifs hybrides. « Pour un de ses derniers papiers, elle s’était rendue dans la région de Tchernobyl en Ukraine, où des Bretons avaient monté une résidence artistique », raconte-t-il. « Là-bas, elle a rencontré Petro et Nadja, un couple vivant dans la zone d’exclusion. » De ce voyage naît la pièce Zvizdal, créée en 2011 avec le groupe Berlin : un premier pas vers la scène pour Blisson.
Leur rencontre, bien plus tardive, se fait à la lumière d’un feu d’artifice dans les rues de Bruxelles, à l’occasion des 30 ans du compagnon d’Amaury. « Les graines de Combustion ont peut-être été plantées ce soir-là, en lien avec les forces de l’ordre et la pyrotechnie », sourit-il. C’est aussi ce soir-là que le nom de la ville chinoise de Liuyang — capitale mondiale des feux d’artifice — est prononcé pour la première fois, éveillant la fibre documentaire de Cathy.
Le duo collabore une première fois pour Burn Baby Burn, commande pour la réouverture d’un théâtre autour de la notion de fête. « Le public a confirmé qu’il y avait une place à prendre dans ce type d’écriture. » Combustion en est la suite logique, avec une empreinte plus sociale et politique.
Combustion, divertissement massif et inflammable
Dans la région du Hunan, en Chine, la ville de Liuyang produit 85 % des produits pyrotechniques mondiaux. Le binôme s’empare de ce fait pour jouer sur le double sens du mot « artifice » : à la fois engin explosif et stratégie de dissimulation. Combustion navigue entre performance et documentaire, reprenant les codes du cinéma en plein air tout en les transgressant avec effets sonores et immersions hors champ.
Une fois la nuit tombée, l’Esplanade Charles-de-Gaulle de Rennes deviendra l’épicentre d’un spectacle singulier de 40 minutes. Défilés militaires ou de mode, concerts de pop-stars, cérémonies sportives ou commémoratives, vidéos TikTok… Le clip vidéo réalisé par Yoan Stehr (Super Tchip) propulse les spectateurs dans une transe hypnotique saturée d’images. Il met en lumière les gestes communs aux sphères du pouvoir et du divertissement. « Le public croit partir visiter des usines, mais est amené bien plus loin dans la réflexion », précisent les auteurs. La frénésie pop contraste avec la radicalité calme du documentaire dans les séquences tournées à Liuyang. « La mode des chorégraphies massives (Dua Lipa, Beyoncé, Angèle) coïncide étrangement avec la droitisation des gouvernements », analyse Blisson.
« La pyrotechnie relève de l’ordre du collectif, du politique, du vivre-ensemble. »
Avec Combustion, le duo détourne la puissance fédératrice de la pyrotechnie pour poser une question centrale : que dit notre rapport au spectaculaire de nos structures sociales ? « La pyrotechnie a une responsabilité politique forte. Elle est rarement dissociée du pouvoir. » Le spectacle s’ouvre d’ailleurs sur une interview de Leni Riefenstahl, cinéaste d’Hitler, incarnation des ambiguïtés de l’art au service de l’autorité. « Elle a toujours nié être nazie. Elle disait filmer la beauté… »
Portée par des voix politiques francophones, la vidéo révèle dans une danse psychédélique la domestication des corps et des gestes. « Notre but n’a jamais été de dénoncer, mais de rendre visible la conscience du monde dans lequel on vit. Comprendre que tout est lié, c’est peut-être cela, le véritable enjeu de notre création », conclut le duo.
« Mon rêve, c’est d’arriver un jour à une forme spectaculaire de spectacle vivant qui utilise la pyrotechnie comme médium », disait Amaury Vanderborght. Avec Combustion, ce rêve est en feu — et ce n’est qu’un début.
Infos pratiques :
Combustion de PAL/SECAM – Samedi 5 juillet 2025 à 23h
Esplanade Charles-de-Gaulle, Rennes
Tout public – Gratuit
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