Rennes TDN 2025. La Diagonale de JOUBe à vélo et en musique

romain joubert
Romain Joubert, alias JOUBe

Chez Romain Joubert, alias JOUBe, la musique rime avec rencontre et vélo. Étrange association, me direz-vous, mais si le musicien n’est pas le seul à proposer des tournées à vélo, il est certainement le seul à jouer de la musique avec son moyen de transport. Dans le cadre du festival Les Tombées de la Nuit, les jeudi 3 et vendredi 4 juillet 2025, il proposera sur la scène du Grand Huit un concert cyclo-électronique, un condensé d’humanité qu’il a pris le temps de rencontrer.

De ses quelques années passées à la campagne alors qu’il était jeune, Romain Joubert se souvient de ses petites virées à vélo, fidèle compagnon qui l’accompagnait au quotidien. S’il l’a laissé de côté lorsqu’il est parti en ville et est devenu musicien, il a repris le guidon en main après une prise de conscience écologique face à l’urgence climatique. « Ma pratique avait un réel impact sur l’environnement. C’est encore le cas aujourd’hui, mais j’ai cherché à quel endroit je pouvais m’améliorer et améliorer ma pratique pour être plus vertueux », raconte JOUBe.

Romain Joubert, alias JOUBe © Emmanuelle Rosso

Conscient que les transports en commun sont en grande partie responsables de l’empreinte carbone d’une personne, JOUBe s’est interrogé sur sa propre mobilité. Pourquoi ne pas opter pour le train ou le vélo ? Il a poussé la recherche à son paroxysme en intégrant le cyclisme à sa vie de musicien, jusqu’à transformer son vélo en un instrument. « Reprendre le vélo fait du bien à la tête et au moral, et à la musique autant que faire se peut », sourit-il. Mais comment faire de la musique avec un vélo ?

Les rouages de son cerveau se sont mis en marche, et il a fallu un an d’expérimentation et de tâtonnements, notamment avec un luthier et un fabricant d’objets, pour obtenir un bolide musical d’environ 40 kg. Il a d’abord équipé son engin à deux roues de micros, dans le but d’exploiter ses capacités naturelles. « J’ai essayé d’ajouter le moins de choses possible dessus et d’utiliser les textures sonores que le vélo offre : des micros sur les rayons, les pneus, le cadre, la roue, etc. J’ai aussi ajouté des éléments qui puissent capter et réutiliser les sons du pédalier. » S’il a incrusté une corde de basse dans le cadre, sa musique reste résolument électronique, cyclo-électronique même. « Au lieu d’utiliser des instruments du commerce, j’ai cherché à les construire moi-même et à fondre les boutons dans le vélo. »

« C’est l’idée de manipuler le vélo pour manipuler la musique. »

Romain Joubert JOUBe
Romain Joubert, alias JOUBe © Emmanuelle Rosso

Depuis le Groenland, où il a enregistré le son de l’eau glacée pendant trois semaines, JOUBe se sert de ses voyages pour provoquer des rencontres et composer une musique empreinte de la vie qui peuple notre Terre, de ses échanges et de son environnement. Sur sa route, dans des contrées plus locales, il a rencontré un sculpteur sur bois, un producteur laitier ou encore un maraîcher. En 2024, il décide de prolonger cette affection particulière en enfourchant son instrument sur roues pour une tournée à vélo de 31 jours, soit 800 km.

Depuis le 10 juin 2025, le musicien a choisi de traverser notre territoire, la nuit comme guide, des Nuits de Fourvière à Lyon aux Tombées de la Nuit à Rennes. Son chemin sera jalonné de rencontres, essence de sa musique : Damien Bardonnet, facteur de cornet à bouquin (flûte ancienne) à Cluny ; Swanee Ravonisson, cadreuse vélo ; Boris Jolivet, spécialisé dans la prise de son animalier ; Selim, propriétaire d’une champignonnière à Saumur — pour ne citer que quelques-uns de ceux qui croiseront le musicien à vélo. « J’adore l’idée de jouer des sons et une musique qui portent en eux une histoire. »

L’originalité de l’instrument sert un propos qui dépasse les frontières de la musique. Romain transforme ses voyages et ses histoires en un son touchant qui raconte, quelque part, une humanité. Dans un aller-retour entre l’ailleurs et l’ici, il crée aussi du lien avec le lieu qui l’accueille. « J’ai l’habitude de prendre le temps d’enregistrer des sons sur place que je rediffuse pendant mes concerts pour faire des clins d’œil au lieu. »

Les concerts de JOUBe se savourent comme un laboratoire musical, une symphonie mécanique bricolée que l’on apprécie pour son originalité et son humour. Rennes sera son dernier arrêt et, le temps d’une rencontre au Grand Huit, il nous révélera en partie ce que son voyage lui a fait vivre.

Infos pratiques :

La Diagonale de JOUBe, les 3 et 4 juillet 2025, Le Grand Huit, 20 rue Pierre Martin, Rennes.
Durée : 1h

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