CROQUE-MONSIEUR CROQUE-MADAME, LA GASTRONOMIE GENREE CONDAMNÉE

Le Croque-monsieur, ce petit sandwich typiquement français, fait de pain, de jambon et de fromage (et d’un œuf, dans sa variante féminine dénommée croque-madame), ne plaît guère à tout le monde… Il est né au début du XXe siècle, mais pourrait bientôt disparaître des dictionnaires et, dès le 1er juin, des menus. Jugeant les termes « discriminatoires » et « genrées », un groupe d’associations a demandé la suppression de ces deux termes au Tribunal de Grande Instance de Paris. Ils ont obtenu gain de cause le vendredi 31 mars.

CROQUE-MONSIEURLe consommateur ne se sent pas toujours bien dans son assiette. C’est trop lourd, trop carné, trop désincarné. Humain, trop humain ? L’époque exige de manger intelligent. Fast-good, street-food, local et saisonnier : les plats du jour ont un arrière-goût de politique. C’est au tour d’une réunion d’associations, féministes, transgenres et antisexistes, de prolonger le combat. En cause ? Le croque-monsieur et sa compagne le croque-madame.

Le 12 janvier 2016, une plainte a été déposée près du Tribunal de Grande Instance de Paris. Les juges ont rendu leur verdict le vendredi 31 mars 2017 en des termes sans équivoque :

 « considérant le caractère intentatoire à la promotion de la neutralité des genres, L’usage des syntagmes, termes, noms et appellations ‘croque-monsieur’ et ‘croque-madame’ est interdit dans les restaurants de type A de la république française à partir du 1er juin 2017 sous peine d’une amende forfaitaire de 450 euros et d’une fermeture administrative de 72h en cas de rédicive. »

« Nous avons remarqué que le croque-monsieur était plus souvent à la carte que le croque-madame : c’est inadmissible pour la parité homme-femme » souligne une bénévole de l’association Ni homme, ni femme : mode d’emploi. Et de renchérir : « Mais là n’est pas l’important : il faut éliminer, dans le vocabulaire et dans la pratique, ces automatismes genrés ». Plusieurs associations végétariennes et véganes se sont jointes à la plainte. Le problème ? Bien sûr, la présence de la viande mais, avant tout, pour le croque-madame, d’un œuf sur le pain de mie. « Pourquoi le croque-madame possède-t-il un œuf ? » s’insurge un militant. « Il est clair que l’on renvoie la femme à son statut de poule pondeuse », conclut-il.

CROQUE-MONSIEURPlusieurs cuisiniers ont été dépêchés par les associations pour élaborer un « croque » positif et non discriminatoire. « Nous voudrions supprimer cette appellation de croque, trop agressive, trop carnivore », souligne l’un des candidats au « croque du futur ». Pain sans gluten, tranche de soja : ce que les militants préfèrent appeler le « sans cornichons, sans genre » inondera bientôt les sandwicheries intelligentes de France. « Nous voulons donner l’exemple et pousser le combat plus loin », précise un bénévole avant de conclure : « Comment élever nos enfants dans un monde moins discriminatoire si l’on sert encore des têtes de nègres, des parisiens, des religieuses ou des bœufs bourguignons » ?

Un jugement et une interdiction qui devraient voir surgir dans les prochains mois d’autres plaintes et corriger en profondeur le petit dictionnaire de la gastronomie française…

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