Des caméras-piétons pour les pompiers d’Ille-et-Vilaine : un nouvel outil contre les agressions

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pompier camera

En réponse à la recrudescence des violences envers les secours, le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS 35) généralise l’équipement en caméras-piétons de ses équipes de Rennes et Saint-Malo. Une décision fondée sur une expérimentation concluante menée au printemps 2024.

L’annonce était attendue. Après une phase d’essai lancée mi-mars 2024 dans plusieurs centres d’incendie et de secours rennais, les sapeurs-pompiers d’Ille-et-Vilaine seront officiellement dotés de caméras-piétons avant l’été 2025. Ce dispositif, désormais bien connu dans les rangs des forces de l’ordre, fait son entrée dans les services d’incendie et de secours avec un objectif clair : protéger les agents face aux agressions, incivilités et tensions de terrain.

Les résultats de l’expérimentation sont sans ambiguïté. Le port de caméras, bien visible, a eu un effet dissuasif manifeste, contribuant à apaiser des situations potentiellement conflictuelles. Le SDIS 35 évoque même une baisse de 80 % des actes d’agressivité lors des interventions testées. Une statistique qui rejoint les retours d’expérience d’autres départements déjà engagés dans cette voie, comme le Morbihan ou la Loire-Atlantique.

Un usage encadré par la loi

La décision s’inscrit dans un cadre législatif strict, défini notamment par le décret du 29 juin 2023 et la loi Matras sur la sécurité civile. Concrètement, les images captées ne pourront être visionnées que par des personnels spécifiquement habilités. Elles seront conservées pendant six mois et utilisées uniquement dans un cadre judiciaire ou pédagogique, après anonymisation si nécessaire.

Le port de la caméra reste non systématique : il est déclenché à la discrétion des intervenants, en fonction de l’évaluation des risques sur le terrain. Pour le SDIS 35, l’objectif est double : prévenir les violences grâce à l’enregistrement potentiel, et documenter les faits en cas de dépôt de plainte ou de poursuites judiciaires.

Une généralisation à l’échelle nationale et internationale

Déjà courantes chez les policiers et gendarmes, les caméras-piétons s’imposent peu à peu chez les pompiers. Plusieurs SDIS français, dont ceux du Morbihan ou de Loire-Atlantique, en sont déjà équipés. À l’échelle européenne, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou le Danemark ont franchi le pas. Le Canada et les États-Unis les utilisent également, y compris pour des services d’urgence médicale. Cette dynamique traduit un changement culturel profond dans la manière de concevoir la sécurité des agents publics.

En Ille-et-Vilaine, cette évolution s’ajoute à d’autres initiatives prises par les services publics pour mieux protéger leurs personnels. La SNCF, Keolis, ou encore les réseaux de transport urbain rennais utilisent déjà des dispositifs de surveillance similaires, au service de la prévention des violences et de la tranquillité publique.

Pour les sapeurs-pompiers, cette avancée technologique s’accompagne d’une nécessaire vigilance sur les questions de respect de la vie privée et de transparence de l’usage. Le SDIS 35 assure que l’ensemble du processus est conduit en concertation avec les partenaires sociaux et les autorités de contrôle, dans un esprit d’apaisement et de confiance. Un équilibre délicat, mais indispensable pour garantir à la fois la sécurité des agents et le respect des libertés publiques.