Bruno Edan fut un peintre de l’urgence. Né à Saint-Malo en 1957, il profita de chaque instant pour exprimer son art. Décédé très jeune, à 24 ans, il laisse une œuvre poétique et picturale foisonnante que l’association Dol Pays d’Initiatives met en lumière du 20 mai au 11 juin 2017.
L’association Dol Pays d’Initiatives – organisatrice depuis 13 ans du festival de photos « Bretagne, Terre de photographes » – consacre une exposition à Bruno Edan sous forme de rétrospective. Décédé à l’âge de 24 ans (1957-1981), cet artiste au foisonnant travail à la fois pictural et poétique fut arrêté brutalement dans l’apprentissage de son métier et dans l’exploration intuitive et talentueuse de son art. L’œuvre de Bruno Edan se caractérise par l’abondance d’une production exécutée dans l’urgence avec une ardeur au travail motivée par la soif de vivre et l’angoisse de mourir.
Souffrant dʼasthme depuis son enfance, la mort le surprendra dans la réalisation d’un dernier Christ en croix, rouge et blanc, dans un style épuré à la limite de lʼabstraction. L’ʼinfluence d’Olivier Debré, son professeur de l’École Nationale Supérieure de Paris, n’ʼest pas étrangère à l’évolution de son style. Ce dernier dira de son élève : « Bien que brisée, son œuvre paraît entière, elle suffit à laisser une image profonde de son âme ardente et tourmentée et à être un exemple pour les jeunes peintres comme pour les plus anciens, pour ses amis comme pour ceux qui viennent maintenant à la peinture.
Bruno Edan a dans son court et tragique destin, vraiment incarné le génie même d’un artiste. »
Bruno Edan, comme tous les artistes, se posait beaucoup de questions sur son art. C’ʼest avec acharnement et parfois violence qu’ʼil cherche sur la surface peinte l’espace de liberté et de réconfort dont il a besoin. Il affirme par des mots, parfois écrits au cœur même de sa peinture, ce qui le préoccupe tant. « Mon espoir est utopie ». Le parcours dans les 3 salles d’exposition invite à découvrir une sélection de plus de 150 œuvres issues de la collection privée de la famille de l’artiste ainsi qu’une cinquantaine de poèmes.
J’ai regardé de nombreux peintres sans pour autant m’imprégner de leur vision des choses, juste pour tenir compte des problèmes plastiques qu’ils posent. J’aime la peinture, je peux même ajouter que j’en suis fanatique. Non seulement mon enthousiasme est tel que je passerais des journées entières à peindre, mais ma curiosité est si grande que j’éprouve du plaisir à regarder les chefs-d’œuvre des grands maîtres de l’art contemporain. (extrait des Mémoires de Bruno Edan)
Exposition Bruno Edan, l’Urgence de peindre du 20 mai au 11 juin 2017, Salle Nominoë, Place de la Cathédrale, 35120 Dol de Bretagne
Vernissage : Le samedi 20 mai à 17 h 30
Horaires : Du lundi au vendredi de 14 h à 18 h 30
le samedi, dimanche et les jours fériés de 10 h 30 à 18 h 30
entrée libre et gratuite
Biographie de Bruno Edan (1957-1981) :
Bruno Edan est né à Paramé-Saint-Malo le 12 avril 1957. Sa famille est de souche bretonne, gallo des environs de Rennes par son père médecin à Dol-de-Bretagne, bretonnante par sa mère originaire de Tréguier. Cette appartenance à la Bretagne profonde a beaucoup compté pour le jeune peintre qui consacra, dès 1974, des œuvres à une grand-mère de Coetlogon alors récemment décédée. C’est à elle qu’il dédia aussi des poèmes où son souvenir, ses apparitions, sont pour lui un refuge.Pour ses camarades de Paris, il sera « le peintre des calvaires ».
Souffrant d’asthme, Bruno Edan passe une enfance plutôt solitaire, très marquée par son éducation religieuse. Il devra faire un long séjour à la montagne, de janvier 70 à juillet 72. C’est alors qu’il découvre la musique de jazz, le negro spiritual, et qu’il consacre une grande partie de son temps au dessin et à la peinture. Le blues restera une de ses passions, qu’il associera volontiers à son activité de peintre. Il laisse, dans son abondant journal, de nombreuses réflexions sur le « rythme », la « frénésie », où il met en évidence le rapport entre dessin, couleur, et musique. Bruno Edan est entré à l’École des Beaux-Arts de Rennes en 1974. Il suit le cycle complet des études d’art et passe son diplôme en 1979, dans l’atelier de Pierre Antoniucci. Très lié avec plusieurs étudiants noirs de Rennes, les peintures et dessins qu’il réalise à cette époque sont marqués par sa vision des couleurs, des formes et des mythes africains. Il fait un séjour en Côte d’lvoire (août 1977).
Après ses études à Rennes, son oncle Kasten, peintre abstrait enseignant l’art à l’Université de Berkeley l’accueille en Californie pour plusieurs mois (d’octobre 79 à février 80). Il perfectionne alors sa technique de la peinture à l’huile et à l’acrylique. Il réalise en Amérique des œuvres singulières, plus sereines, des paysages, où l’influence africaine semble avoir disparu. De retour en Bretagne, Bruno Edan se retrouve seul et sa foi s’affirme de façon déterminante dans son œuvre. Des visages de Christ et des Passions deviennent les thèmes de sa recherche. C’est en octobre 1980 qu’il entre à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier d’0livier Debré. Bruno Edan continue la rédaction de son journal jusqu’au 5 janvier 1981. Il meurt des suites d’une crise d’asthme, le 11 février 1981.