Le conseil du département d’Ille-et-Vilaine, dirigé jusqu’à présent par le sénateur socialiste Jean-Louis Tourenne, allait-il demeurer à gauche sous la nouvelle direction de Jean-Luc Chenut ou basculer à droite sous la présidence de Bertrand Plouvier ? C’était l’enjeu des élections départementales Ille-et-Vilaine de 2015.
Résultat : la gauche reste en place avec 16 cantons sur 27. Une certaine particularité régionale au regard de la vague droite-centre-droit qui a déferlé sur la France : la droite remporte 66 départements, la gauche 33.
Reste que moins d’un Français sur deux a voté en faveur des candidats au second tour (voir les chiffres du ministère de l’Intérieur) : sur 66,6 millions de Français, plus de 43 millions sont en âge de voter ; sur les 40,33 millions de votants réellement inscrits, seuls 18,48 millions de suffrages ont été exprimés (45,82%), soit un taux abstention-blanc-nul de 54,18% ; au final, plus de 58% des Français en âge de voter ne se sont retrouvé dans aucune des listes politiques présentes (sans compter ceux qui ont voté sans conviction ou par défaut : 20, 25, 30 % ?). De quelle démocratie ces élections sont-elles représentatives ?
En ce dimanche 29 mars 2015, l’issue du scrutin était loin d’être assurée en Ille-et-Vilaine quand bien même les élus socialistes locaux étaient plutôt confiants. Au premier tour, le PS a récolté une majorité bien relative des voix (19,72%), distançant d’un demi-point le Front national (18,4%) et de trois points et demi l’Union de la droite (15,19%). Toutefois, l’analyse de l’ensemble des votes révèle que la gauche (pris au sens large) a capté entre 40 et 44% des voix, contre 32 à 34% pour la droite et le centre-droit et 18,4% pour le rassemblement Bleu Marine. Avec un vote local en légère hausse, le Front national et le report des voix de ses électeurs auront quelque peu nourri le suspens. Mais les résultats sont là : la gauche reste en place en remportant 16 des 27 cantons (voir plus bas les résultats détaillés). Jean-Luc Chenut devrait prendre la direction du Conseil départemental.
Présentation des Conseils généraux rebaptisés Conseils départementaux et de leur utilité…
Sauf importantes mais peu probables nouveautés instaurées par la réforme territoriale qui est en cours de discussion au Parlement, les domaines de compétences des Conseils départementaux sont relativement réduits. Ils ont principalement trait à l’Action sociale (logement social, soutien aux familles et générations, RSA), l’Éducation à travers l’administration des collèges, le Transport interurbain par la gestion du réseau routier départemental et la modernisation des transports. En pratique, toutes ces compétences pourraient être administrées par d’autres entités locales et régionales. Ce qui explique les critiques régulières à l’encontre de cet échelon politico-administratif. (De fait, les Conseils régionaux gèrent déjà les lycées et les routes régionales, pourquoi ne géreraient-ils pas les collèges et les routes départementales ? Quant à l’action sociale, elle pourrait être gérée par les villes principales des départements.)
En pratique, les conseilles départementaux (désormais des binômes homme-femme afin d’assurer une représentation égale des genres) sont élus pour 6 ans et peuvent être réélus sans limites. Le montant des indemnités – cumulables avec d’autres charges électives – est calculé en fonction de la population : entre 1520 à 2661 euros bruts mensuels. À ces indemnités, s’ajoute une majoration de 10 % pour les membres d’une commission permanente et de 40 % pour les vice-présidents dépositaires d’une délégation. Les présidents peuvent percevoir, quant à eux, une indemnité majorée jusqu’à 40 %, soit 5512 euros bruts (4522 euros nets). Indemnités qui peuvent être cumulées aux indemnités d’autres mandats. Pourtant, comme Unidivers l’a déjà écrit maintes fois : un élu peut bien cumuler des mandats, il ne peut pas pour autant être en deux, trois ou quatre lieux à la fois et travailler 70h ou 105h par semaine ; il ne devrait donc percevoir qu’une seule rémunération globale.
Il n’y a pas eu en Ille-et-Vilaine, contrairement à la majorité des départements de France, une déferlante d’une grande marée de droite et centre-droit. En réalité, le vrai changement interviendra en 2017. Année qui verra l’entrée en vigueur de la loi contre le cumul des mandats. À moins que la majorité cumularde de la classe politique française trouve un nouveau moyen pour en reculer l’application.
Résultats du 2nd tour des départementales en Ille-et-Vilaine :
1 Canton d’Antrain : Mme MEIGNAN Laetita et M. de GOUVION SAINT-CYR Aymar Union de la Droite 50,09%
2 Canton de Bain-de-Bretagne : Mme DRÉAN Nadine et M. MELLET Yvon Union de la Droite 6 801 voix 68,81%
3 Canton de Betton : Mme DAVID Claudine et M. GAUTIER Michel Parti Socialiste 9 328 voix 51,46%
4 Canton de Bruz : M. BONNIN Philippe et Mme ROL Sandrine Parti Socialiste 7 406 54,64
5 Canton de Châteaugiron : Mme DE LA VERGNE Aude et M. HUBERT Louis Divers droite 7 048 voix 58,23%
6 Canton de Combourg : Mme DUGUÉPÉROUX-HONORÉ Béatrice et M. LEFEUVRE André Divers gauche 6 182 voix 55,61%
7 Canton de Dol-de-Bretagne : M. BOURGEAUX Jean-Luc et Mme TOUTANT Agnès Divers droite 10 350 voix 72,50%
8 Canton de Fougères 1 : Mme MIRAMONT Frédérique et M. THIERRY Benoit Centre-droit 64,61%
9 Canton de Fougères 2 : Mme BIARD Isabelle et M. PAUTREL Louis Droite 66,53%
10 Canton de La Guerche-de-Bretagne : M. MASSIET DU BIEST Aymeric et Mme SOCKATH Monique UMP 8 596 voix 70,73%
11 Canton de Guichen : M. MORAZIN Roger et Mme MOTEL Michèle Union de la Gauche 7 515 voix 68,08%
12 Canton de Janzé : M. DAVIAU Jacques et Mme SOURDRILLE Françoise Parti Socialiste 6 118 voix 50,35%
13 Canton de Liffré : Mme COURTIGNÉ Isabelle et M. MARQUET Bernard Parti Socialiste 6 698 voix 58,86 %
14 Canton de Melesse : M. COULOMBEL Ludovic et Mme MESTRIES Gaëlle Parti Socialiste 6 001 voix 56,51%
15 Canton de Montauban-de-Bretagne : Mme DAUGAN Marie et M. GUITTON Pierre Divers droite 6 512 voix 58,46%
16 Canton de Montfort-sur-Meu : Mme COURTEILLE Anne-Françoise et M. MARTINS Christophe Union de la Gauche 9 344 voix 73,21%
17 Canton de Redon : Mme MICHENOT Solène et M. PICHOT Franck PS 5 994 voix 52,84%
18 Canton de Rennes -1 : M. HERVE Marc et Mme ROUSSET Emmanuelle Parti Socialiste 5 657 voix 55,74%
19 Canton de Rennes -2 : M. BONGART Damien et Mme DEBROISE Catherine Parti Socialiste 4 847 58,77
20 Canton de Rennes -3 : Mme DANSAY Jocelyne et M. PELLE Yves Divers droite 4 340 voix 38,23 %
21 Canton de Rennes -4 : Mme CONDOLF-FEREC Muriel et M. LE BOUGEANT Didier Parti Socialiste 5 223 voix 56,37%
22 Canton de Rennes -5 : Mme ANDRO Gaëlle et M. ROGEMONT Marcel Parti Socialiste 5 989 voix 62,78%
23 Canton de Rennes -6 : M. ANDRE François et Mme BRIAND Vera Parti Socialiste 5 489 voix 54,71%
24 Canton du Rheu : Mme BILLARD Armelle et M. CHENUT Jean-Luc Parti Socialiste 8 006 voix 61,67%
25 Canton de Saint-Malo -1 : Mme LE GAGNE Anne et M. MAHIEU Pierre-Yves Union de la Droite 8 559 voix 53,74%
26 Canton de Saint-Malo -2 : M. BELLOIR Nicolas et Mme GUYON Sophie Union de la Droite 9 024 voix 52,93%
27 Canton de Vitré : Isabelle Le Callennec et Thierry Travers, Union de la droite et du centre, élus au 1er tour avec 58%
Dessins : Michel Heffe