Culture Club est au Festival du TNB de Rennes ! L’émission Culture Club animée par Thibaut Boulais en compagnie de Ronan Le Mouhaër et Nicolas Roberti est tournée chaque mois dans un lieu emblématique de la Métropole de Rennes. TVR, Canal B et Unidivers – 3 regards culturels en 1 pour le même prix (gratuit). Culture Club, l’essayer c’est l’adopter ! Les invités : Arthur Nauzyciel, directeur du TNB, Vincent Macaigne, Mette Ingvarsten, Eric Vignier.
Eric Vigner
C’est quoi l’imagination ? La capacité de voir ce qui n’a pas de visibilité. Quand nous sommes au théâtre ou dans n’importe quelle situation, nous entendons seulement sourdement les échos de la vie intime des choses, la vie interne du monde, de la scène qu’on regarde ou de la personne avec qui on parle. Dans ce cadre, Eric Vigner est un passeur, un traducteur et un magicien. Non un magicien comme on l’entend communément qui sort des lapins de son chapeau ou qui fait apparaître des prodiges. Le vrai magicien ou sorcier : celui qui s’installe dans l’intimité de la matière, au creux de la pensée et de l’existence, pour tenter d’agir sur cet ensemble d’énergies qu’est la force brute de la vie. Son geste et son génie au théâtre est de travailler sur l’intermédiaire et l’interstice : le pivot entre la vie intérieure du spectateur et ce qui du domaine des choses de la vie lui est montré ou raconté (une histoire). Pour ce faire, Eric Vigner produit des cosmologies de l’intime ou des intimités cosmologiques qu’il voile et dévoile afin de produire des variations spirituelles qui affectent le spectateur et le transporte au coeur du sujet (spectacle, histoire) au lieu de le faire tourner autour. C’est ainsi qu’il produit dans la relation d’intimité du spectateur à une histoire donnée du nouveau ; une traduction qui vient réinventer le sens de l’ancien.
Mette Ingvartsen
Si pour Rimbaud, Je est un autre, pour Mette Ingvartsen, Je est multiple. Mette Ingvartsen est danseuse chorégraphe perforeuse danoise. Née en 1980 au Danemark, Elle à vécu 5 ans à Rennes. Un élément important de son existence : Mette Ingvartsen passe jusqu’à ses 14 ans pour un garçon. En 2014, elle a commencé un cycle de pièces The Red Pieces, qui retracent l’histoire de la sexualité dans la performance et dans la société avec : 69 positions, 7 pleasures, TO COME (EXTENDED).
Mette Ingvertsen se concentre et explore la nudité, la représentation du corps, le désir et la sexualité, l’individu et le collectif. Au centre de ce cycle, il y a l’individu compris comme être bio-psycho-social. Et il y a une interrogation qui fut centrale dans les années 60 (mais qui prolonge les thèses le théoricien de la sexualité Wilheim Reich), la pratique et l’identité du sexe peuvent-elles être subversives et, donc, libératrices ? En parallèle, comment le désir, dans sa traduction sexuelle collective, produit des codifications si ce n’est aliénantes au moins appauvrissantes.
Dans ce dessin, Mette Ingvartsen produit des performances comme expériences participatives et rituelles de groupe, un peu comme la célébration d’un mystère libératoire. Où la sexualité et le plaisir sont décodés et libérés afin de permettre à chaque participant de résister à la puissance de normalisation, de standardisation que la société, le collectif, exerce sur les individus et sur les regards et les pratiques sexuelles.
Ce qui est notable dans le travail de Mette Ingvartsen, c’est qu’il n’y a pas de production d’une théorie ou d’une conception du monde ; mais sa pratique performative entraîne un décodage des codes sexuels qui entraîne une révision des valeurs sexuelle ; laquelle révision des valeurs participe à une interrogation libératrice de la sexualité, autrement dit à un déconditionnement de l’Art de jouir.
Arthur Nauzyciel
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