Notre partenaire, le Festival de théâtre étudiant Entrez dans l’Arène se déroule du 11 au 23 mars 2013 (voir la programmation). Présentation jour après jour, pièce après pièce, émotion après émotion…
Un monde sans mystère. Jeudi 14 mars, 20h30
La gare, le départ
24 janvier 1943, un convoi de 230 résistantes, le début de la descente aux enfers. La pièce de théâtre « Un monde sans mystère » montée par Flore Augereau nous livre avec simplicité et intensité les textes
bouleversants de Charlotte Delbo, résistante française déportée à Auschwitz en 1943. C’est de ce récit terrifiant, dont les films et les livres nous ont tant parlé, que va traiter la pièce. Les wagons insalubres. L’arrivée au camp. Les cris des allemands. Les hurlements des chiens. Les barbelés. Ces femmes déshabillées, rasées, tatouées. Ces hommes humiliés, affamés, mutilés. Difficile, pourrait-on croire, de nous émouvoir encore avec ce sujet dont on a tant entendu parler. Et pourtant… ! Même si, au départ, on est parfois quelque peu submergé par la quantité de texte, ce dernier prend toute son ampleur dans la deuxième partie du spectacle. On y croit, et surtout on comprend. Des comédiens au talent certain nous livrent les conditions psychologiques et physiques de ces déportés, nous montrant l’humain dans ce monde déshumanisé, l’entraide entre les femmes de ce camp, la douleur, l’angoisse, et la vie pourtant. La simplicité de la scénographie et des costumes participent à une véritable résonance de ces textes. Ils guident notre esprit pour que l’essentiel nous soit rendu intelligible et nous permettent cependant de laisser libre cours à notre imagination.
L’appel au camp
Des collants noirs sont ainsi enroulés sur les têtes des comédiens, nous savons alors que les crânes des déportés sont rasés. Une scénographie qui reflète d’ailleurs bien l’idée de déshumanisation dont traite les textes de Charlotte Delbo. Notons également deux moments absolument poignants de cette pièce. Moments de danse où le corps entier des comédiens semble exprimer effroi, impuissance et aspiration à la liberté. Les porteurs de ces voix oubliées nous laissent finalement avec ce message radieux : ” Apprenez un pas, une danse, quelque chose qui vous justifie.”
Article : Marion Bichet / Photos Cheryne Amal