FONETIQ FLOWERS, CONCERT INÉDIT POUR LES 20 ANS DU FESTIVAL DE JAZZ À MALGUÉNAC (MORBIHAN)

À l’occasion du Festival Arts des villes, Arts des champs, l’inclassable Denis Péan et ses musiciens ont offert un magnifique cadeau aux amoureux de cette rencontre intimiste concoctée chaque année à Malguénac par l’association Polyculture. Vingt ans déjà. Merci Lo’jo !

Dans la salle omnisport de la petite commune rurale proche de Pontivy, le public a répondu en masse à l’invitation. Beaucoup sont des fans du groupe et réclament leurs chansons favorites. Certains ne sont là que pour Lo’jo, même si le reste de la programmation mérite largement le déplacement.

FONETIQ FLOWERS
Yamina de Lo’Jo ©Françoise Ramel

Sur scène, les artistes semblent prendre un vrai plaisir à la rencontre, touchés sans doute par l’accueil que l’équipe bénévole prodigue à chacun de ses invités : une chaleur, une simplicité, unanimement saluées par les artistes venus du monde entier depuis la création de ce petit festival devenu grand, sinon par la taille, par sa notoriété. Personne ne s’en plaint. Ce qu’on aime à Malguénac, c’est justement ce qu’il est de plus en plus difficile de trouver ailleurs, à commencer par de très bons petits plats et des prix sympas. Pour Denis Péan qui dit aimer « être à la maison », c’est un festival sur mesure.

FONETIQ FLOWERS
©Françoise Ramel

Lo’Jo sort son nouvel album [Fonetiq flowers] le 1er septembre. C’est donc sur cette belle scène du Centre-Bretagne que le groupe joue publiquement et pour la première fois des morceaux encore inédits ce samedi 19 août. L’émotion est palpable. L’assistance ne peut rester longtemps scotchée sur les chaises, les rythmes invitent à se plonger corps et âme dans la musique. Transe collective et joie se partagent au pied de la scène. Les enfants ne laissent pas leur place aux grands, ils sont déchaînés eux aussi.

Parler de Lo’Jo, c’est comme faire référence à une légende ou à une planète à part dans un système à trois soleils. Écrire sur leur musique, c’est s’emparer d’une matière riche, colorée, indéniablement élégante et sensuelle.

FONETIQ FLOWERS
Denis Péan crée Lo’Jo en 1982. ©Françoise Ramel

« J’attrape les ingrédients semés par
la vie, puis nous tissons tous ensemble
des intrigues musicales inédites. »

DEnis Péan

La voix de Denis Péan glisse dans les graves. Elle distille, jamais pressée, toujours à l’heure, des textes imagés, que l’on devine écrits dans le parfum de ruelles un peu sordides, mais pleines de vie(s). Les voix de Nadia et Yamina s’accordent à merveille dans un contrepoint suave et féminin.

Leur présence sur scène et le plaisir non feint de Denis Péan à voir son équipe au turbin avec tant d’entrain s’ajoute au capital sympathie que suscitent des propositions musicales et un parcours artistique vraiment différents.
« Avec leur précédent disque “Cinéma El Mundo”, le groupe avait donné l’impression de boucler un cycle en sortant un disque très LO’JO canal historique, comme eux seuls savaient le faire. [FONETIQ FLOWERS] est donc le premier jour du reste de leur vie. Avec tous ses possibles. Tous ses pourquoi pas », peut-on lire dans leur dossier de presse.

FONETIQ FLOWERS
©Françoise Ramel

Nomades, enfants de la world music, tribu musicale, Angevins du monde, invitation au voyage : les journalistes rivalisent d’imagination pour tenter de qualifier le monde de Lo’Jo … définir la touche de cette formation cosmopolite reste aussi délicat que les créations du combo ! RFI Musique

Ce qui frappe à l’écoute de ce premier concert à Malguénac, c’est bien la fraîcheur inattendue de compositions qui pourraient s’alourdir du poids de l’expérience et des rencontres, qui pourraient aussi absorber et suinter toute la noirceur, toute l’anxiété d’une époque brouillonne assez peu glorieuse. Il n’en est rien. Lo’Jo puise ses sonorités dans une énergie lumineuse, à la limite de l’incandescence, sans qu’il ne soit jamais question de la triste histoire d’Icare.

C’est peut-être ce qui donne toute sa force libératrice au propos, comme si cette musique voulait nous rappeler que le vrai drame, ce n’est pas de se brûler les ailes à force d’espoir et de naïveté, mais de s’oublier à petit feu, d’aliéner nos forces, nos désirs, au nom d’un pragmatisme désabusé.

Comment va le monde, Madame l’éphémère, fumeuse au narguilé, pensive… Paroles extraites de Fonetiq flowers

FONETIQ FLOWERS

On écoute parfois d’une oreille distraite un ami de toujours, croyant deviner à l’avance ses paroles à venir. On achète parfois sans le lire le dernier livre d’un auteur installé qui avait pourtant durablement secoué notre adolescence. On oublie que les gens évoluent, progressent, changent, se rebiffent, vivent. On oublie que l’existence n’est souvent qu’une
succession de renaissances. Ce [FONETIQ FLOWERS] nous rafraîchit soudainement la mémoire, car le groupe LO’JO y donne l’impression d’éclore à nouveau.
Après plus d’une quinzaine d’albums enregistrés depuis le début des années 80, des centaines de concerts sur tous les continents, des collaborations prestigieuses (Robert Plant, Tinariwen, Robert Wyatt, Archie Shepp…) et une aura que plus grand monde ne songerait à contester, le groupe angevin réécrit l’histoire. Ou presque. On retrouve bien entendu ici ou là les grands marqueurs de l’esthétique de l’orchestre emmené par Denis Péan, mais un souffle inédit traverse bel et bien ces treize titres enregistrés aux quatre coins du monde (Austin, Lafayette, Séoul, Tbilissi, Cotonou, Paris et Bamako). Paradoxalement, c’est pourtant probablement leur disque le moins « ethnique » malgré la présence d’un kayagum coréen, d’un panduri géorgien, d’un daf iranien, d’un rik ou d’un oud, et certainement le plus électro-acoustique de leur discographie. Peut-être parce que le groupe a invité le touche-à-tout Albin de La Simone à venir ajouter des couleurs avec ses claviers hétéroclites ? Ou peut-être parce que LO’JO y a simplement osé de nouvelles envies qui le taraudaient depuis longtemps ? Qui aurait par exemple imaginé un jour entendre un duo avec le rappeur du groupe suisse Puts Marie (« Noisy Flower ») ?

Dansons donc sur une valse brinquebalante rythmée par un choeur d’enfants (« Chabalaï »), retrouvons nos amours de jeunesse avec « Fonetiq », retenons notre souffle sur le magistral « J’Allais », hurlons à pleins poumons « I will give you a wish » avec les sœurs Nid El Mourid (« Tu Neiges »), explorons les tréfonds de nos âmes en nous accrochant à la trompette d’Erik Truffaz (« Stranjer Than Stranjer »), éteignons la lumière sur le bouleversant instrumental final, « Figurine », que n’aurait sans doute pas renié Fred Frith ou Brian Eno. À l’image de Tom Waits ou de Nick Cave, LO’JO refuse la course contre le temps qui passe et décide d’emprunter des chemins de traverse, qui lui permettent apparemment de passer d’une vie à l’autre, sans jamais flétrir.

LO’JO sera le 17 novembre 2017 au café de la danse à Paris. Sortie officielle de l’album [Fonetiq Flowers] le 1er septembre.

Oct 01 Cedar Cultural Center Minneapolis
Oct 07 La Cave à Musique MÂcon
Oct 13 L’ACCORDEUR Saint-Denis-De-Pile
Oct 19 Paul B Massy
Oct 27 Salle FUZZ’YON La Roche-Sur-Yon
Nov 08 Cedar Cultural Center Minneapolis
Nov 17 CAFE DE LA DANSE Paris
Dec 03 RUN AR PUNS Châteaulin, France

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Francoise Ramel
La vie est un voyage, je la vois comme telle avec ses escales, ses ports d’attache, ses caps, jusqu’à cet horizon où réel et imaginaire s’embrassent entre les lignes : l’écriture. Françoise Ramel vit en Bretagne au cœur de l’Argoat.

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