Frédéric Paulin La Grande peur du petit blanc, l’après-guerre à Rennes

 Tenir un livre entre ses mains, c’est tenir un objet inanimé, mais aussi des âmes : celles des personnages qui prennent vie dans le roman ainsi qu’une part de l’âme de l’auteur.

Dans La Grande peur du petit blanc de l’auteur rennais Frédéric Paulin, vous trouverez celles d’Achraf Laïfaoui, Louis Gascogne, Kader et Rochdi Mekchiche durant la guerre d’Algérie, mais aussi une dizaine d’années après la fin du conflit

La GP du PB couv'Frédéric Paulin nous raconte l’absurdité de la guerre. Vous me direz qu’il est convenu de dénoncer la guerre, soit. Mais ce livre est bien plus que cela. Tout d’abord, l’auteur décrit une guerre que la France a trop longtemps seulement qualifiée d’événement.

Mais l’Histoire était déjà en train de s’écrire, approximative et mensongère, les historiens et les gouvernements s’accordaient entre eux.

Il est temps d’écrire l’Histoire de ce conflit et de regarder en face la torture, les harkis, l’OAS, les différents courants du soulèvement du peuple algérien, l’arrivée des pieds-noirs et des immigrés algériens en France, l’accueil qu’ils ont reçu…

L’inspecteur se gratta la tête en envisageant la bêtise du bon citoyen qui lui faisait face. Il trouvait déjà que son travail était bien dégueulasse parfois, s’il fallait en plus se fader l’inculture crasse de ces Français qui confondaient harkis et fellagas, alliés des Français et terroristes, il y avait de quoi devenir dingue.

C’est une dénonciation de l’obscurantisme, quel que soit son camp.

Le récit n’est pas chronologique, le lecteur se promène entre l’Algérie en guerre, Paris et Rennes au début des années soixante-dix. Les chapitres consacrés à la guerre sont plus historiques tandis que les autres plus polars. Que ce roman soit historique ou polar n’a guère d’importance, ce qu’il faut retenir c’est qu’une guerre n’est jamais terminée ; tel un séisme ses répliques continuent à être meurtrières.

Tu as fait ton devoir, rien que ton devoir […]. Ces exécutions nous marqueront à jamais, mais elles sont nécessaires à la cause. Nous ne sommes plus capables de refuser de faire le mal.

Véronique Laroche 

Frédéric Paulin La Grande peur du petit blanc, Goater éditons, 359 pages

 

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Frédéric Paulin La Grande peur du petit blanc : l’après-guerre à Rennes

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