Festival Entrez dans l’Arène, Histoires d’autres

Notre partenaire, le Festival de théâtre étudiant Entrez dans l’Arène se déroule du 11 au 23 mars 2013  (voir la programmation). Présentation jour après jour, pièce après pièce, émotion après émotion…

Histoires d’autres, textes de Kevin Hetzel, mise en scène de Tiphaine Corre et Rebekah Bellamy, vendredi 15 mars 20h30

 Quand les autres nous parlent d’histoires, on ne les écoute plus. Quand c’est lui qui nous délivre une histoire, nous pouvons dire « et le silence fut ». Une histoire ? Histoires d’autres en cachent cinq. Cinq récits de personnages autres que lui a priori, cinq émotions qui ouvrent la porte d’une vie a posteriori.

Il remue un peu ses fesses, il s’amuse avec le public. Le conteur n’est-il que comique ? Bien sûr que non.

 « Maku aime Jebo, Jebo aime Ciphase ».

Une réécriture de Médée, qui nous entraîne dans un récit long et rapide. Spectateurs il faut suivre ! Mais le conteur est là pour interpeller les yeux qui le regardent dans la lumière sombre. Après quelques années de vie commune, Jebo quitte Maku et se marie avec Ciphase, donc Maku prépare une couronne empoisonnée pour Ciphase et tuera plus tard ses propres enfants qui tombent dans une fissure de la forêt à cause de sa colère.

 Pantomime

Des gestes, des cris. Dans ce mélange, un couple naît, un enfant se cache dans le ventre de sa mère. L’amour se tait et les cris deviennent meurtriers. Une porte, un couteau peut-être, en tout cas l’arme est fatale. Sans voix, des personnages s’animent dans des mimiques, des gestes, et des sons.

 « J’ai fait une heure et demi de voiture pour venir te voir et toi tu restes silencieuse »

Une rose et un yoyo à la main, ce tendre personnage vient voir sa belle et est déçue de son attitude. Silencieuse, elle est silencieuse. On compatit presque de son chagrin. Assis là, comme un amoureux perdu. Les minutes tournent et peu à peu le mot « coup » se fait entendre. Sa belle reçoit des coups, sa belle finit dans une boîte. Une petite boîte se plait-il à dire « parce qu’[elle le] mérite ».

 « Je me présente je m’appelle Henri »

Sous des reprises de chansons connues, les paroles se modifient pour laisser place à la personnalité d’un personnage qui se transforme petit à petit. L’homme rase sa barbe, porte un peu de fard à joue sur son visage, tire quelques traits de crayon sous ses yeux, recourbent ses cils noires, lisse ses lèvres de rouge, se vêtit d’une longue robe de la même couleur et apporte à ses cheveux courts une chevelure plus longue. Sur un podium, il chante, il s’est transformé en femme. Il est en haut de l’extérieur, en bas à l’intérieur de son cœur.

 Terre rouge et danse à la recherche de liberté

La poussière de terre rouge monte vers le plafond et arrive jusqu’aux petits regards dans la pénombre. Sous des gestes et des paroles, cette danse tourne et nous fait revivre chaque histoire tout en laissant place à sa propre histoire. Le danseur semble vouloir se libérer. Se libérer a priori d’un personnage.

Entre l’amour et la mort, entre la violence et la passion, ces cinq récits nous déstabilisent. Trompé, le spectateur est face à une situation qui va toujours s’inverser par rapport à sa pensée. Tel un sablier quand le temps est écoulé, les grains de sable se renversent et l’ordre est troublé.

Un homme seul sur scène, qui arrive à nous conter cinq histoires d’émotions différentes. Cinq personnages sous une seule et même personne : Kevin. Il espère que « [ vous trouverez ] dans ces traces un bout de [sa] vie, Une part de [lui] qui n’appartient pas aux autres ».

Une très belle performance théâtrale en solo. Des jeux de mots comme Kevin les aime. Un souffle de vie. Des petits morceaux d’un puzzle, dont on ne connaîtra jamais la fin. Mais ce que Kevin veut retenir c’est que derrière un personnage, il y a toujours un interprète. Le personnage a enfin osé enlever son masque.

Clémence Lepape

 

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