Ce mois-ci, partons pour l’Espagne pour découvrir un photographe atypique, plus précisément en Galice. Iñaki Matilla nous a saisis par la force de ces images qui montrent l’abandon et la démence.
Après des années de pratique comme un hobby, Iñaki a eu un déclic en 2010 en visitant, par hasard, une maison abandonnée. L’idée d’explorer les lieux abandonnés l’incita à les conjoindre avec des lieux abandonnés de l’esprit humain. Le plus difficile fut de capturer cette rencontre d’un lieu et d’un état d’être avec un appareil photo. Dans une lecture stylistique ancrée dans l’Urbex (pour Exploration Urbaine), son leitmotiv consiste à ne pas laisser de traces dans les lieux visités et de ne pas prendre trop de clichés. Les lieux ne sont jamais vandalisés plus qu’ils ne l’étaient déjà ou trop détournés de leur esprit originel.
Iñaki nous a confessé qu’il éprouve une forte excitation à visiter ces lieux que beaucoup de personnes trouvent dérangeants. De son côté, il n’a pas terminé cette introspection photographique qui l’a conduit dans sa Galice natale, mais aussi dans le reste de l’Espagne, en Allemagne, Belgique, Luxembourg ou Portugal. Sa volonté de se consacrer qu’à la photo est contrariée par la situation économique de son pays.
Parmi ceux qui l’ont inspiré, Iñaki cite André Govia, un autre photographe qui parcourt les ruines et dont le travail (souvent plus lumineux) rappelle autant la peinture d’un Edward Hopper que des oeuvres picturales plus gothiques. Il apprécie aussi Sven Fennema, autre photographe de ces lieux abandonnés et des outrages du temps. Inãki y ajoute une mise en scène de personnages comme dans l’une de ses photos préférées, Tu eres mi refugio, (voir le premier visuel) . Une autre de ses photos majeures est Perdido en la memoria (voir le second visuel).
Les thèmes de l’abandon, de la démence et du souvenir sont sans fin. Un sujet toujours à explorer qui suscite fascination et dérangement. Les œuvres du photographe sont visibles sur plusieurs portfolio dont Flickr ou 500px.