On écrit de moins en moins et on tape de plus en plus. Le stylo semble avoir définitivement perdu la bataille face au clavier. Qu’importe, du moment qu’on lise ! Tous les professeurs de français vous diront que la lecture influe sur l’écriture. Alors, Gutenberg ou numériques, romans ou bandes dessinées, stylo ou clavier, on s’en moque tant que la technologie permettra aux romanciers de confronter leur talent avec les goûts d’une jeunesse toujours plus curieuse.
Libraire à La Défense, Benoît Minville sait de quoi retourne l’intérêt des adolescents pour la lecture. Avec Je suis sa fille, son premier roman, il s’exprime davantage qu’il ne raconte, préférant se confier dans une langue souple et insinuante plutôt que de travailler l’emploi abusif d’un style déclamatoire qui rebuterait les plus jeunes. Je suis sa fille relève d’une observation attentive et d’une écoute tout aussi pointilleuse de la génération iBook. L’histoire d’une jeunesse confrontée aux multiples évolutions d’un monde chaotique qu’aucun adulte ne parvient à lui expliquer, faute de le comprendre. Pour une fois, tout ne se déroule pas à Paris, ni dans une grande ville ou autre banlieue difficile. Déjà fait. Déjà vu. Trop assommant pour Benoît Minville. Ses héros, Joan et Hugo, décident de traverser la France du Nord au Sud, façon road-trip américain mais en suivant la nationale 7. L’aventure. L’amour. Ils ne savent pas ce qui les attend parmi d’heureuses rencontres et d’autres moins satisfaisantes. Je suis sa fille respire la joie de vivre et l’envie de lire. Chaque page pousse la suivante vers une savoureuse truculence. En d’autres termes, si votre libraire ne l’expose pas à proximité des caisses… Demandez-le-lui.
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Je suis sa fille de Benoît Minville aux éditions Sarbacane – 253 pages – 14,90 €
À partir de 12/13 ans