H+ MUSIQUE TRANSHUMANISTE, J.B. DUNCKEL OU ECCE HOMO

Le sympathique et talentueux compositeur de musique électronique Jean Benoît Dunckel, pionnier de la French Touch au sein du duo Air, formation qui n’officie plus depuis 2014, revient dans les bacs cette fois-ci en solo avec un disque intitulé H+. Un titre assez cryptique, mais qui renvoie plus simplement à la principale thématique de cet opus à savoir le Transhumanisme ou l’homme augmenté (D’où le H+)…

J.B. Dunckel n’en est pas à sa première réalisation solo en dehors de Air, en effet déjà en 2006 il avait sorti un  disque personnel intitulé Darkel. Puis après diverses collaborations et des compositions de musiques de films, la dernière réalisation du musicien remonte à 2016 en compagnie de L’Islandais Bardi Jõhannsson pour un album d’électro pop intitulé Starwalker.

h+ dunckel

H+ est un disque qui se situe dans la continuité de la musique de Air, mais avec quelques nouveaux éléments concernant les mélodies et les ambiances ressortant des textes. En effet l’auditeur découvrira d’intéressantes compositions Electronica, mais plus solaires que la plupart  des titres réalisés en collaboration avec le guitariste bassiste Nicolas Godin à l’époque du célèbre duo. Les Synthés, instruments de prédilection de J.B., sont évidemment très présents, les accords sont recherchés et surprendront même les mélomanes les plus blasés. Les mélodies vocales sont agréables, mais minimalistes, Le compositeur est avant tout claviériste. Les textes écrits en anglais sont facilement compréhensibles grâce à un accent très éloigné de celui d’un Texan ou d’un Redneck du fin fond du Wyoming.  Contrairement à beaucoup de chanteurs français qui choisissent la langue de Shakespeare et s’acharnent pour acquérir un accent yankee de façon parfois grotesque et mimétique, J.B. s’exprime ici en anglais sans rechercher des effets qui sembleraient dénaturés. Le timbre du compositeur est aussi intéressant et singulier, une voix douce légèrement voilée que certains qualifient d’androgyne, peut-être…  Un peu comme La voix de Peter von Poehlmais moins haut perchée et plus orientée dans un genre parler-chanter.

Les textes se démarquent assez de l’univers de Air, ils sont ici moins mélancoliques, on est loin des titres du disque Pocket Symphony comme Mer du Japon ou de Somewhere between waking and sleeping. J. B. semble avoir tourné une page pour s’orienter vers une vision plus optimiste dans une époque qui, il faut bien l’admettre, est assez trouble. Comme on l’évoquait dans l’introduction, la thématique principale du disque est le transhumanisme, qui donne son nom au morceau accrocheur Transhumanity. J.B. y chante les vers suivant : Here comes the new men, their life has no end…. They’re getting smarter by studying longer… I wanna stay by your side, we will never die.

Effectivement, notre époque est confuse et paradoxale : d’un côté le péril climatique, la gestion des crises migratoires, la paupérisation, la pollution à différents niveaux puis d’un autre côté les formidables avancées de la science : la médecine, la robotique, la mécanique quantique, offrant peut-être un jour à l’homme des réponses aux questions qu’il se pose depuis la nuit des temps, et comme l’affirment certains chercheurs, une espérance de vie énormément prolongée voire une victoire sur la mortalité… D’autres morceaux développent un certain sentimentalisme que l’on pouvait déjà remarquer sur l’album Skywalker. Les sentiments et l’amour altruiste abordés en parallèle à une musique qui est loin d’être guimauve est un pari assez osé ; certains apprécient, d’autres sont loin d’y adhérer pour le prétexte que c’est une démarche commerciale et d’un point de vue rationnel, une illusion. Peut-être… encore une fois, chacun a son expérience de l’affectif et de son expressivité.

Quoi qu’il en soit, les 14 morceaux proposés sur ce disque sont rafraichissants, on a affaire à une musique électronique agréable, intelligemment optimiste, loin de la mélancolie développée par Moby dont on a également fait la chronique pour son très bon disque, mais orienté dans un tout autre esprit.

h+ dunckel

Tracklist : Hold on- Love machine- The garden- Transhumanity- Qwartz- Slow down- The wind up- Space age- In between- The two moons- Show your love- Ballad non sense- Carpet bombing- Kill for you.

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Nils Arrec
Guitariste chanteur, compositeur dans un registre Folk et Blues, je donne aussi des cours de guitare acoustique. La lecture est ma seconde passion avec un intérêt particulier pour les romans écrits en langue anglaise.

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