Jean, solo pour un monument aux morts, Patrice de Bénédetti rallume la flamme

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Jean, solo pour un monument aux morts ou quand la mémoire personnelle et collective, c’est-à-dire la mémoire universelle, est ravivée par la création. Une incarnation saisissante par le danseur Patrice de Bénédetti de près de cent ans d’histoire et de luttes sanglantes en quarante minutes…

jean solo pour monument aux morts

Samedi 29 octobre 2016 à Rennes, toutes les conditions étaient réunies pour faire de cette première représentation rennaise de Jean, solo pour un monument aux morts une paradoxale réussite. Nul mine grise, nul crachin automnal, nulle componction préméditée au pied du mémorial du square de la Motte. Une attente sereine et curieuse de la part du public attiré en ce lieu par le spectacle organisé par Les Tombées de la Nuit dans le cadre des dimanches à Rennes. Mais voilà, novembre n’est pas encore là, nous sommes un samedi. Et, en lieu et place d’un traditionnel shopping (qu’il soit culturel ou matériel), voire d’un café en terrasse afin de profiter de notre été indien, nous voici regroupés autour d’un monument habituellement négligé si ce n’est méprisé pour ce qu’il représente de conformisme passéiste.

jean solo pour monument aux morts

Ce qui nous attend ne l’est pas. Quand bien même la référence au passé, qu’il nous soit commun ou personnel, est la pierre angulaire du spectacle de Patrice de Bénédetti. Et quelle mémoire ! Active, réactive, incarnée.  Bien plus édifiant et émouvant que toutes les officielles cérémonies commémoratives Jean, solo pour un monument est aussi bien plus engagé. Le spectacle de Patrice de Bénédetti démontre qu’art et création ne sont jamais plus éclatants et pertinents que lorsqu’ils mêlent avec intelligence histoire collective et histoire personnelle.

jean solo pour monument aux morts

C’est de la conjonction de sa vie et de celle de son père avec la longue mémoire que le danseur tire sa mise en scène : l’histoire des souvenirs d’un ouvrier rescapé de la guerre de 14-18. La figure de Jaurès, pacifiste et socialiste, est le fil rouge de cette chorégraphie narrative. Le corps de Patrice de Bénédetti illustre, dans des tableaux émouvants et éloquents, le texte qu’il a écrit et enregistré. La mine, les révoltes prolétariennes, la Commune, les manipulations politiques et l’enfer du champ de bataille, l’Histoire qui broie les histoires, les corps…

allez Jean te bile pas
c’est juste l’histoire d’un mois
on se rouille un peu dans ton syndicat
un peu de sport, tu vois le mal partout
Jean ne voyait pas le mal, partout il voyait la mort
Jean se rappelait les yeux encore mouillés ce que Jaurès disait
en 1911 quelques années avant de se faire tuer…

Jean, solo pour un monument aux morts : ici, ce n’est pas l’artiste qui du haut de son statut délivre une leçon, impose une idée. C’est l’art qui, dans une écriture créatrice, joue son rôle d’anamnèse ; l’art qui, par l’intrigue du beau et du surprenant, remet au cœur des rouages sanglants de l’Histoire nos mémoires sensibles, personnelles et collectives.

Jean, solo pour un monument aux morts de et par Patrice de Bénédetti, prochaines représentations les 5 et 6 novembre 2016 à Rennes, Mémorial du cimetière de l’Est

Distribution
Auteur, chorégraphe, interprète : Patrice de Bénédetti
Regard extérieur : Yui Mitsuhashi

solo danse
durée : 40 min
à partir de 6 ans

Picnic Production

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