Kaïken, Jean-Christophe Grangé > L’accoucheur du Japon…

« Il ferma les yeux. Il était la Loi. Il était la Justice. Il était le Glaive et la Sentence… »

Le dernier samouraï est un flic français, Olivier Passan. Il a deux obsessions : la traque de « l’Accoucheur », un monstre insaisissable, et du Japon, ses rites, ses codes, sa culture. Il croyait tout savoir de l’âme nippone. Erreur.

Grangé. Le maître du polar français. Depuis Le vol des cigognes, sorti en 1994, que de chemin parcouru pour cet auteur qui se fait très discret à l’heure des réseaux sociaux. Là où beaucoup d’écrivains utilisent la toile pour promouvoir leur nom et rencontrer leurs lecteurs, Jean-Christophe Grangé n’est pas ou très peu présent. Quelques interviews à l’occasion de ses parutions, mais guère plus. Et c’est peut-être là que réside une partie de l’attachement des lecteurs pour son œuvre. La discrétion. Le mystère presque.

Avec Kaïken, Jean-Christophe Grangé retrouve ses lecteurs avec un thriller dont la trame reste similaire aux précédents : la confrontation immédiate avec le premier cadavre découvert, un tueur en série somme toute très banal dans sa construction psychologique et un enquêteur borderline comme les aime l’auteur. Au regard du titre à résonance résolument asiatique et d’une très belle couverture dans les tons verts représentant le portrait d’une jeune femme, le ton est donné : le Japon sera au centre de l’intrigue. Grangé est lui-même en couple avec une ancienne mannequin japonaise et il affectionne tout particulièrement la culture nippone. Ainsi, comme l’écrit Blaise de Chabalier, du Figaro, “Jamais Jean-Christophe Grangé n’avait mis autant de lui-même dans un de ses romans”.

Intéressons-nous à l’intrigue. Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans l’horreur : une femme enceinte est retrouvée éventrée, son bébé brûlant à ses pieds. Et, étrangement, le lecteur connaît d’emblée le nom du coupable, surnommé l’Accoucheur. Mais cet aspect du roman n’est qu’un prétexte à la véritable intrigue, celle qui va mettre en scène un couple, Naoko et Olivier Passan, et leurs deux enfants. En instance de divorce, ils ne se supportent plus, ne partagent plus rien. Lui, passionné par son métier de flic et fasciné par la culture ancestrale japonaise. Elle, mystérieuse et froide, qui rejette les histoires de samouraïs et autres jardins zen. Jusqu’au jour où Naoko découvre un petit cadavre dans son frigo. Un message de l’Accoucheur à son flic de mari ? Quoi qu’il en soit, lorsque ses enfants sont visés par ce psychopathe en cavale, Olivier Passan sort de son personnage de flic pour se transformer en véritable traqueur.

480 pages de plaisir. 480 pages qui sauront vous surprendre. Jean-Christophe Grangé sait une nouvelle fois emmener son lecteur dans une histoire originale, où la psychologie des personnages est une dominante. Les adeptes de l’auteur retrouveront avec plaisir leur auteur, avec son style et son univers.


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